Européennes de juin 2024

Les projections du résultat des élections européennes tournent à l’avantage net du Rassemblement National, près de 30%, et si on y ajoute les autres listes souverainistes de Zemmour et Dupont Aignan, on avoisine les 41%.

On voit quelques responsables de droite qui quittent leur navire pour rejoindre le RN ainsi que certains hauts fonctionnaires, et la tendance va s’accentuer au fur et à mesure du naufrage de la droite L.R. Quoi de plus normal pour un politicien que d’aller à la soupe ? Il faut bien garder places et privilèges. Le drame est que le RN est devenu un parti comme les autres aujourd’hui et pour lequel un certain nombre d’électeurs n’est plus du tout gêné de voter pour ce parti, pourtant, de filiation pétainiste. Certains objecteront que des électeurs continuent à voter pour le Parti Communiste, un parti de filiation stalinienne…

Le fait politique choquant est que, malgré l’histoire, un tel parti, le RN, puisse encore exister. Tout aussi historiquement, un tel parti ne prospère que dans les périodes de crise sociale profonde. De ce point de vue, la France est servie.

Si l’on y ajoute que les autres partis sont incapables d’innover et sont empêtrés parfois dans des scandales financiers (Sarkozy…), le R.N. avec sa démagogie et ses fausses solutions, ne peut que progresser tant est grande la détresse des plus défavorisés, sans compter ceux et celles qui jouent leur partition identitaire.

Mais comme les autres partis, les problèmes du peuple ne l’intéressent que dans la mesure où il récupère des voix, afin d’accéder, lui aussi, au pouvoir.

Bien entendu, les partis dits classiques ne peuvent rester indifférents car le RN leur mange la laine sur le dos. Droite, gauche et Macron, tout le monde y va de ses propositions pour rénover, moderniser, la vie politique. Voire, la réarmer.

Le problème, c’est que les politiciens de tout bord continuent à se moquer de leurs électeurs. En effet, et bizarrement, à les écouter aucun ne parle du pourquoi de l’origine d’un tel parti. A croire qu’il est apparu, comme ça, par miracle. Il leur est sans doute assez difficile à ces bons apôtres, de droite comme de gauche, d’admettre qu’ils ont été responsables de l’apparition du Front National mué en RN aujourd’hui. Ce sont leurs erreurs, leurs choix qui, en créant : l’exclusion, les ghettos et le séparatisme scolaire, la misère, le communautarisme social, la désindustrialisation, la smicardisation…, ont favorisé l’extrême-droite.

Les électeurs qui loin de voir leur situation s’améliorer, la voit au contraire se détériorer, remarquent que ceux qui étaient censés changer la vie et apporter des réponses à la dégradation de leurs conditions de vie, ont continué leur train-train et ont magouillé en toute tranquillité : combien de scandales financiers ont éclaboussé la classe politique depuis quelques décennies ?

Le R.N. met en avant les émigrés et les migrants, les magouilles politiques de leurs adversaires qu’ils entendent plumer, laissant penser qu’ils sont différents et qu’il faut leur laisser une chance…Il faut les essayer.

Mais ce parti est identique aux autres : jamais un mot contre les patrons (exploiteurs, parasites, demandeurs de main d’œuvre immigrée…), jamais un mot contre les spéculateurs et boursicoteurs, tous ceux qui sont responsables de la misère humaine. Par contre, ce qui est certain, c’est que le R.N. sera l’ennemi des syndicats, des manifestations de travailleurs, des écologistes et de tous ceux qui oseront braver leur pouvoir. Et les premiers à faire les frais d’une victoire du RN à la tête de l’Etat, seront les plus démunis, les plus faibles.

Les politiciens continuent leur baratin habituel et Macron, à la suite de Mitterrand, s’ingénie à casser davantage la droite en utilisant le R.N., trop content d’engranger les ralliements de politiciens en vue, comme Rachida Dati par exemple.

L’essentiel pour les politiciens, c’est de garder le pouvoir. Ils ne peuvent d’ailleurs pas faire autrement, sinon, il leur faudrait se remettre en cause. Il leur faudrait admettre qu’ils ne sont pas les représentants du peuple mais ne représentent que les intérêts des plus puissants, à savoir : la finance et le patronat.

A-t-on déjà vu l’Assemblée Nationale voter une loi contre le patronat ? Tout ce dont profitent les salariés, fut le résultat de grèves, de luttes contre le patronat auquel il a fallu arracher quelques avantages. Dans ces conditions, il est évident qu’il ne faut pas compter sur les députés pour se débarrasser du R.N. car il faudrait pour cela s’en prendre résolument à son fonds de commerce : le chômage et le déclassement social, et les députés en sont incapables. Il faudrait attaquer ces patrons qui, ayant des entreprises bénéficiaires, refusent d’augmenter les salaires des travailleurs, voire licencient pour maintenir et si possible augmenter leurs bénéfices. Il faudrait s’attaquer aux spéculateurs qui font leur fric avec la peau des gens. Ce serait effectivement partager le travail, et faire en sorte que le progrès technique libère l’homme et profite à tous, alors que la tendance actuelle est de faire travailler un maximum de temps dans certaines branches. Nous constatons par exemple que les ouvrières et ouvriers agricoles sont encore une fois les oubliés des revendications diffusées médiatiquement par « les agriculteurs en colère », ceux qui possèdent les gros tracteurs et peuvent bloquer les routes pendant que leurs salariés continuent à bosser. L’une des « victoires » de la FNSEA ne consiste- t-elle pas à avoir l’autorisation de faire travailler les salariés plus que les limites hebdomadaires du Code du Travail ? De plus, Attal vient de permettre la pérennisation du dispositif d’exonération de cotisations patronales pour les bas salaires ce qui condamne les ouvriers et ouvrières agricoles à ne pouvoir obtenir plus que le SMIC. Cela renforce les effets négatifs de la smicardisation que le gouvernement prétend combattre.

Ce serait également faire en sorte que les gens vivent mieux, d’une façon décente dans tous les quartiers, ce qui remet en cause les barres HLM et autres tours, véritables ghettos qu’il faudrait raser. Tout cela appelle un changement profond de société, mais il faut remettre en cause cette pensée unique qui consiste à faire croire qu’il n’existe qu’un système économique et qu’il n’est pas possible de faire autrement. Il faudrait remettre en cause le dogme du productivisme et que les énergies fossiles sont indispensables alors que l’investissement dans les énergies renouvelables représente la partie congrue.

Vouloir se débarrasser de l’extrême-droite, c’est faire la révolution dans la tête des gens afin qu’ils prennent leur destinée en main et cela ne passe pas par un bulletin de vote.

André et Ty Wi