Après le piteux débat entre les premiers de la classe de la macronie et du RN, il ne nous reste que l’abstention. A la suite de ce débat convenu, les partisans d’Attal concluront que ce dernier connaissait mieux ses dossiers et qu’il était plus à l’aise dans cet exercice de style. Les partisans de Bardella diront que leur poulain était au plus près des préoccupations des Français. Bref un léger avantage pour Attal qui a quand même fait le tour de force de légitimer le RN et de renvoyer la gauche dans les cordes. Résultat des courses, nous assistons à la nouvelle bipolarisation voulue par le pouvoir : la droite macroniste contre l’extrême-droite. Cette dernière changeant d’avis comme de chemise sur l’Europe.
Ainsi les commentateurs disent qu’Attal est plus compétent que Bardella. Certes, mais compétent pour quoi faire, ponctionner davantage les chômeurs, faire des économies sur le dos de l’écologie et des services publics, mettre le feu aux poudres en Nouvelle Calédonie? Bardella, au plus près des préoccupations du peuple ? Vraiment ? Alors quand Madame Le Pen côtoie le nouveau président argentin lors d’un meeting des droites extrêmes en Espagne à l’initiative de Vox, est-ce pour prendre exemple sur Javier Milei ? Si c’est le cas nous avons de quoi être inquiets. Cet ultra-libéral porte atteinte avec sa politique antisociale aux droits et aux libertés des individus. Son discours ultraconservateur sur le plan sociétal s’attaque aux femmes ainsi qu’aux minorités sexuelles et ethniques constituées par des peuples autochtones. Ses diatribes ont été très efficaces parce qu’elles alimentent des paniques morales, de même il prend des mesures contre la protection de l’environnement. Il a également ordonné la disparition des ministères de l’Éducation, du Développement social et du Travail, devenus des secrétariats au sein d’un méga ministère du Capital humain…C’est la casse de tous les acquis sociaux en Argentine et une attaque en règle contre les plus démunis. Aux yeux de ce personnage autoritaire, la notion de droit et de justice sociale est resignifiée comme n’étant le privilège que d’une petite fraction de la société. « La justice sociale est injuste », ne cesse d’asséner Javier Milei. Finie l’idée même de solidarité. Au prisme de cette vision conservatrice, les pauvres sont de nouveau, comme les chômeurs perçus comme des fainéants responsables de leur propre sort et qui, au lieu de travailler, auraient fait le choix de vivre aux crochets de l’État. C’est pour ce type de société que les travailleurs et les chômeurs français vont voter le 9 juin prochain et en 2027?
Et la gauche inaudible aujourd’hui ? Les anarchistes se posaient déjà la question suivante en 1983, deux ans après l’élection de Mitterrand : « Où va la gauche ? ». Et la réponse était déjà : « A droite, la seule direction qu’elle soit capable de prendre. »
Elue triomphalement le 10 mai 1981, moins par enthousiasme que par vomissement pour ceux qui l’avait précédée, les « socialistes » de l’époque ont réussi le tour de force de redorer le blason des sinistres pantins qui s’opposaient à elle. A l’époque, la gauche avait le choix ; elle pouvait opter pour ceux et celles qui l’avait élue ou se prostituer à ceux qui la méprisaient. C’est à cette seconde option qu’elle a recouru. Elle pouvait tenter d’améliorer la situation sociale ; elle s’est avachie devant le haut patronat. Elle pouvait rogner sur les budgets parasitaires et criminels ; ce sont les seuls auxquels elle n’a pas touché, ce qui l’a conduite à intervenir au Tchad comme au Liban, s’octroyant le rôle de gendarme international. Elle pouvait remettre en question les lois subventionnant le clergé en faveur d’un enseignement religieux, dans un pays où l’Eglise est – paraît-il – séparée de l’Etat ; elle n’a su que s’incliner devant les décrets d’un Guermeur et d’un Debré. Elle n’a trouvé au problème du chômage que la solution de création d’emplois inutiles et précaires. Et nous pourrions continuer ainsi sur ce que la gauche n’a pas fait contrairement à ses promesses de changer la vie.
Telles sont les causes du revirement de l’opinion publique à son égard. C’est ce que l’on appelle le girouettisme des électeurs qui votent comme ils jouent au tiercé ou au millionnaire.
La gauche alterna ainsi avec la droite et inversement jusqu’à l’arrivée de l’extrême-droite dans le jeu électoral, d’abord avec Jean-Marie Le Pen en 2002 puis avec sa fille qui truste les secondes places aux élections présidentielles jusqu’à aujourd’hui.
Les anarchistes, contrairement aux politiciens qui essaient de se racheter une virginité à chaque nouvelle élection, n’ont pas la mémoire courte. Nous le disons haut et fort, voter pour le PS, c’est voter pour les mêmes qu’hier, ceux qui par leur politique ont favorisé la montée de l’extrême-droite.
Les électeurs, dans l’ensemble, obéissent beaucoup moins à une analyse qu’à des réactions dont se contentent volontiers les prétendants aux suffrages, réactionnaires de droite et d’extrême-droite ou de gauche. La fluctuation politique ne change aucunement les choix effectués par les élus. Leur choix se fait en faveur du militarisme, du patronat, de la haute finance et des religions.
Soyons justes, comment un gouvernement, de quelque étiquette qu’il se pare, ne serait-il pas avec les militaires contre la population, avec ceux qui vivent du travail d’autrui contre ceux qui produisent, avec ceux qui possèdent contre ceux qui n’ont rien, avec ceux qui endorment contre ceux qui appellent à la réflexion, à l’esprit critique…et à vouloir mettre en place une alternative, libertaire par exemple.
Qu’ils le veuillent ou non, les exploiteurs politiques sont – et ne peuvent être – que les associés des exploiteurs économiques et des exploiteurs de la pensée. Nous n’avons rien à attendre des politiciens.
La trilogie Etat – capitalisme – religion est indissociable. Les politiciens sont des imposteurs. C’est pour cela que l’on ne vote pas, entre autres choses…
Patoche (GLJD)