
La conférence des Nations Unies sur l’océan nous confirme ce que nous savions déjà : l’océan est mis à mal par l’homme et souffre du réchauffement climatique qui acidifie les mers. Les écosystèmes sont déstabilisés et les pollutions notamment plastiques dégradent la biodiversité. Les Russes et les Américains pour ne citer qu’eux font tout pour exploiter les fonds marins notamment sur les plans minier et des énergies fossiles. Les scientifiques sont unanimes pour sonner le signal d’alarme : tous les indicateurs se dégradent. Quand on sait le rôle joué par les océans dans la régulation du climat, on ne peut qu’être inquiet de cette dégradation multiforme des océans. Les participants à la conférence de Nice semblent d’accord pour prendre des décisions qui espérons-le ne soient pas que des effets d’annonce comme c’est bien souvent le cas lors des grandes messes de dirigeants du globe.
Mais peut-on faire confiance au gouvernement français, maître d’œuvre de cette conférence ?
Les libertaires que nous sommes sont dubitatifs car le gouvernement serait bien avisé de balayer devant sa porte quand il parle d’écologie et d’éviter de donner des leçons aux autres. Cela fait des dizaines d’années que l’on constate les dégâts des nitrates qui contaminent les nappes phréatiques et favorisent les algues vertes en Bretagne. De même pour l’épandage des lisiers, de l’utilisation des pesticides…qui dégradent les sols et nuisent à la santé des agriculteurs et des riverains exposés à ces nuisances. La droite, l’extrême-droite et le centre s’allient pour favoriser les élevages hors-sol, pour accroître le nombre de mégabassines, pour détruire des zones humides, pour ré-autoriser des substances interdites (cf loi Duplomb)… ? Nous savons d’ores et déjà que tout cela va bénéficier à ceux qui gagnent le plus d’argent dans le monde agricole, à ceux qui dégradent le plus l’environnement, à ceux qui détruisent le plus d’emplois dans le monde agricole. La ré-autorisation de certains pesticides tels que l’acétamipride (néonicotinoïde interdit), la suppression de l’obligation d’une séparation entre la vente et le conseil de produits phytosanitaires (en raison de conflits d’intérêts évidents), le relèvement des seuils en matière d’étude d’impact environnemental, la révision de la gouvernance de l’eau pour donner plus de pouvoirs aux agriculteurs, la réduction des pouvoirs de la police de l’environnement… vont profiter à l’agrobusiness. C’est-à-dire à une minorité qui pèse beaucoup dans les chambres d’agriculture et dans les ministères.
En Bretagne, on a vu le tribunal de Rennes condamner l’ARS à refaire ses calculs car ce n’était pas bon de rendre public l’état réel des plages bretonnes contaminées par les matières fécales des porcheries géantes de la région. On connaît la nocivité de l’agro-industrie, l’agriculture intensive et pourtant on continue à produire comme si de rien n’était.
De surcroît, l’affaire des eaux minérales Nestlé (Perrier, Vittel…) est là pour nous rappeler que le gouvernement était au courant dès 2021 de la contamination des sources exploitées par la multinationale et qu’il a non seulement laissé faire mais encore a permis à celle-ci de recourir à des moyens frauduleux de poursuivre ses activités. Nous avons assisté à un mélange des genres étonnant, la collusion entre Nestlé, l’ARS d’Occitanie, des cabinets ministériels et la préfecture du Gard. Comme quoi la multinationale avait ses entrées au plus haut niveau. Les affaires sont les affaires comme disait Octave Mirbeau et c’est ainsi que pour permettre à Nestlé Water de continuer à engranger des bénéfices, on a travesti les faits et les données, main dans la main avec les pouvoirs économiques et politiques. L’Etat s’est une nouvelle fois dévoyé.
La qualité de l’eau du robinet est aussi en question. Si on appliquait la réglementation européenne sur la présence de TFA par exemple, deux tiers des Français n’auraient plus accès à une eau du robinet conforme aux critères de qualité.
D’où des solutions simplistes, mensongères et condamnables qui consistent à tricher, abaisser les seuils d’acceptabilité, changer les normes pour continuer à distribuer l’eau.
La protection de la ressource en eau se fait au rabais et manque d’ambition pour obtenir ne serait-ce qu’une eau de qualité.
En clair, le gouvernement joue les vertueux pour la défense des océans mais sur le plan national les mesures politiques anti-écologiques se multiplient. Nous sommes dans la pire des hypocrisies. Tout le monde peut voir les effets du dérèglement climatique (méga feux au Canada, glacier effondré en Suisse… pour ne citer que l’actualité d’aujourd’hui), mais à part quelques groupes d’activistes, c’est la résignation qui domine avec l’apathie qui va avec. Mais les combats écologistes ne sont pas les seuls à pâtir de la résignation et de la difficulté à mobiliser. Les syndicats aussi sont à la peine…
Les écologistes libertaires ont tout intérêt à se rapprocher de l’antifascisme car l’extrême-droite ragaillardie par le trumpisme et le climato-scepticisme surfe sur l’anti-écologisme qui serait à leurs dires source de tous les maux. L’écologie serait punitive… Avec le thème identitaire et celui du grand remplacement, l’extrême-droite joue de même sur les ressentiments créés par la transition écologique qui est pourtant la dernière roue du carrosse du gouvernement Bayrou.
Les fascistes s’attaquent aujourd’hui physiquement aux communistes et aux libertaires ; demain ils s’attaqueront à tout le monde, tous ceux qui ne sont pas de leur monde.
Le fascisme, c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève.
N’ayons confiance qu’en nous-mêmes et méfions-nous des politiciens quels qu’ils soient. Cependant, la solidarité doit primer contre toute attaque fasciste de militants.
Patoche (GLJD)