Douarnenez je t’aime

Douarnenez, je t’aime

Pour la grève victorieuse des sardinières début janvier 1925, pour la sublime foule chantante sous la houlette de Manon, cent ans plus tard, pour ne pas oublier la misère des ouvrières et des ouvriers mais aussi leur besoin de chanter. Et depuis le port du Rosmeur, une foule qui remonte les rues en scandant « Pemp real a vo », jusqu’à la place des Halles, grand drapeau rouge, grand drapeau noir en tête. Place des Halles, des centaines de choristes coiffées de bonnets rouges ou noirs, portant de nombreux drapeaux de la même couleur. Moment irréel et sublime. Des manifestants d’aujourd’hui qui tiennent des pancartes dans les mains avec les slogans d’hier qui résonnent encore de nos jours. Et cette force chorale qui s’est mise à chanter la chanson des Penn Sardin.

Quarante minutes de chansons pour une dizaine de chants dont le célèbre chant anarchiste espagnol : A la Huelga ! C’était beau ; peut-être le temps d’une illusion, mais c’était beau. Et un chant traditionnel breton : « Ul Labousig Er C’Hoad », car le Breton renaît de ses cendres. Le rouleau compresseur de l’Etat a tenté d’éradiquer la langue bretonne mais celle-ci resurgit comme l’eau d’une fontaine que l’on croyait tarie. Et encore une chanson anarchiste « Saluez Riches heureux », interdite dans les conserveries douarnenistes sous peine de renvoi. C’était aussi cela le bagne patronal.

Quelle émotion ! Quelle communion ! Ces centaines de choristes plus ou moins amateurs, s’entraînant depuis des mois, ont chanté en hommage à la grève victorieuse des Sardinières de l’hiver 1924. Le samedi 23 novembre 2024 restera gravé dans les mémoires. Des enfants ont aussi chanté pour commémorer l’événement; ils étaient fiers. Toutes les générations se côtoyaient. Loin de tous ces politiciens qui tentent de diviser pour mieux régner.

Les sardinières de 1924 chantaient pour se donner du courage, pour ne pas s’endormir, bref pour tenir car si maigre était leur paie, elles en avaient besoin pour (sur)vivre. Et des gamines de moins de douze ans trimaient déjà à l’usine.

Aujourd’hui, chanter c’est célébrer, et dire « merci ». C’est aussi se souvenir des combats de nos anciens/anciennes. Rendre hommage aux travailleuses qui se sont battues et montrer que l’exploitation capitaliste existe encore aujourd’hui, toutes choses égales par ailleurs. Et si le management d’aujourd’hui est différent dans les usines, il n’en demeure pas moins que l’exploitation existe toujours.

Dimanche 12 janvier 2025, Douarnenez remet ça, pour finir en apothéose.     

Conférences, spectacles, projections, marches, quiz… Depuis le 21 novembre 2024, les initiatives sont nombreuses pour célébrer le centenaire de la grève des sardinières.

L’anniversaire de cette victoire féminine historique sera joyeusement fêté au cours d’un grand final, ce dimanche 12 janvier 2025.

Les partageux commenceront dès 12 h 30 avec un « banquet partageur » gratuit, dans trois quartiers de la ville : au centre nautique, à Tréboul, au centre Gradlon, à Pouldavid, et à la Maison solidaire de Kermarron. On prend les repas en commun pour faire sens malgré nos divergences et points de vue différents. A la « bonne franquette », chacun se rendra où il le souhaite et apportera quelque chose à partager : un plat ou une boisson. Ce sera l’auberge espagnole et il faudra prévoir ses couverts. À Pouldavid et Kermarron, une soupe préparée par les habitants sera offerte aux convives.

Puis la foule chantante sera de retour. Un parfum libertaire flottera à nouveau sur Douarnenez. A partir de 15 h, une marche débutera au départ des trois quartiers jusqu’à la place Gabriel-Péri, au pied du Bolomig, où vin et jus de pomme chauds seront offerts. Suivra une manifestation jusqu’à la place des Halles. C’est là que se produira à nouveau, à 17 h, la « foule chantante ». Et il y aura foule !

Puis un Karaoké « Social Club » préparé spécialement pour le centenaire avec un répertoire de chansons sur le thème des luttes.

Alors Douarnenez, je t’aime pour cet esprit libertaire qui rassemble, qui fait entonner des chants de combat. Pour cet esprit de contestation qui perdure. On sent alors l’esprit de Jules Le Gall (mort en déportation), d’Emile Masson et de Glenmor…qui couve de leur regard bienveillant les festivités en cours. Merci à toi Douarnenez !

Gwenn (56) pour le libertaire