Dénucléarisons les arsenaux mondiaux

Les spécialistes du Moyen-Orient s’accordent à dire que le véritable but d’Israël dans ses attaques meurtrières lancées le 13 juin 2025 contre l’Iran, et qui continuent aujourd’hui, est de faire tomber le régime de Téhéran. Pour nous autres, c’est aussi une manière  d’essayer de faire oublier les atrocités commises à Gaza. L’Etat hébreu affirme que cette guerre contre l’Iran est préventive, ce dernier pays étant proche d’obtenir l’arme nucléaire. C’est un argument que l’on entend depuis une quinzaine d’années et à force de crier au loup, Nétanyahou n’est plus guère crédible sur la question. Et depuis que l’image d’Israël s’est tellement détériorée à l’international, suite à l’autre guerre menée à Gaza, le premier ministre israélien qui n’a plus rien à perdre quant à sa réputation de « boucher de Gaza » se lance dans une course effrénée dans la guerre. C’est à la Maison blanche que se joue le sort de cette guerre Israël-Iran, Nétanyahou a donc l’aval de Trump pour attaquer. Et quand Trump demande à la population de Téhéran de quitter la ville, on ne peut qu’être inquiets pour la population civile iranienne. Nétanyahou joue au poker car personne ne sait exactement où se trouvent tous les sites d’uranium enrichi et toutes les centrifugeuses sous terre en Iran. Tant qu’aux autres pays qui demandent de la retenue aux belligérants, une désescalade, c’est le grand bal des hypocrites.

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) vient de publier le 16 juin 2025  son évaluation annuelle de l’état des armements, du désarmement et de la sécurité internationale. Les principales conclusions de  l’Annuaire 2025 du SIPRI sont qu’une nouvelle course dangereuse aux armements nucléaires est en train d’émerger à un moment où les régimes de contrôle des armements sont gravement affaiblis. D’où un constat inquiétant :

« Les arsenaux nucléaires mondiaux sont agrandis et modernisés.

La quasi-totalité des neuf États dotés de l’arme nucléaire – les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) et Israël – ont poursuivi en 2024 des programmes intensifs de modernisation nucléaire, en modernisant les armes existantes et en ajoutant de nouvelles versions.

Sur un inventaire mondial total estimé à 12 241 ogives en janvier 2025, environ 9 614 se trouvaient dans des stocks militaires en vue d’une utilisation potentielle. On estime que 3 912 de ces ogives étaient déployées avec des missiles et des avions, le reste étant stocké en central. Environ 2 100 des ogives déployées étaient maintenues en état d’alerte opérationnelle maximale sur des missiles balistiques. La quasi-totalité de ces ogives appartenaient à la Russie ou aux États-Unis, mais la Chine pourrait désormais en conserver certaines sur des missiles en temps de paix. » 

Depuis la fin de la guerre froide, le démantèlement progressif des ogives retirées du service par la Russie et les États-Unis a généralement dépassé le déploiement de nouvelles ogives, ce qui a entraîné une diminution annuelle globale du stock mondial d’armes nucléaires. Cette tendance devrait s’inverser dans les années à venir, le rythme du démantèlement ralentissant tandis que le déploiement de nouvelles armes nucléaires s’accélère. Voilà de quoi inquiéter tous les habitants de la planète. Quoique les riches qui font sécession se sont construit des abris antiatomiques.

« L’ère de la réduction du nombre d’armes nucléaires dans le monde, qui durait depuis la fin de la guerre froide, touche à sa fin », a déclaré Hans M. Kristensen, chercheur principal associé au programme Armes de destruction massive du SIPRI et directeur du Projet d’information nucléaire à la Fédération des scientifiques américains (FAS). « Au lieu de cela, nous observons une nette tendance à l’accroissement des arsenaux nucléaires, à l’exacerbation du discours nucléaire et à l’abandon des accords de maîtrise des armements. »

Israël, qui ne reconnaît pas publiquement posséder l’arme nucléaire, serait également en train de moderniser son arsenal nucléaire. En 2024, il a procédé à un essai d’un système de propulsion de missiles qui pourrait être apparenté à sa famille de missiles balistiques à capacité nucléaire Jericho.  Israël semble également moderniser son site de production de plutonium à Dimona.

« Il est essentiel de rappeler que les armes nucléaires ne garantissent pas la sécurité », a déclaré Korda. « Comme l’a amplement démontré la récente flambée des hostilités en Inde et au Pakistan, elles n’empêchent pas les conflits. Elles comportent également d’immenses risques d’escalade et d’erreurs de calcul catastrophiques, en particulier lorsque la désinformation est omniprésente, et peuvent finir par aggraver la situation de la population d’un pays, et non la renforcer. »

On s’achemine donc vers une nouvelle course aux armes nucléaires, plus puissantes donc plus destructrices. Le génie humain dans toute sa splendeur.

Le dernier rapport du Sipri souligne ainsi une nette tendance à l’amélioration et à la modernisation des armes nucléaires. Un mouvement qui laisse à penser que le processus de dénucléarisation des arsenaux à travers le monde pourrait toucher à sa fin suite au renforcement de l’arsenal nucléaire de la plupart des pays.

Le monde est de plus en plus instable et la probabilité ne cesse d’augmenter que des armes nucléaires soient un jour utilisées, en dépit des opinions publiques et des populations.

L’arsenal nucléaire de Pékin se composerait “a minima” de “600 têtes nucléaires, soit une centaine de plus par rapport à 2023”. La Chine renforce son arsenal nucléaire plus que toute autre nation du monde, le tout sous couvert d’auto-défense. Mais la Chine est bien loin des 90 % des stocks mondiaux qui sont toujours situés en Russie et aux États-Unis, “avec plus 1 700 ogives déployées par chacune de ces puissances et 4 521 en réserve pour ces deux pays.

Le Sipri s’inquiète en clair que le processus de dénucléarisation des arsenaux entamés depuis la fin de la guerre froide arrive à un plateau, voire s’inverse. Dans un autre rapport publié le 28 avril, le Sipri montrait que “les dépenses militaires mondiales avaient augmenté de 2 718 milliards de dollars en 2024, marquant dix ans de hausse consécutive ». La course aux armements conventionnels est en hausse constante aussi.

Nous gardons espoir que  l’horreur de la situation humanitaire à Gaza cesse et qu’aucune conflagration nucléaire ne vienne toucher un ou plusieurs pays, ce qui aurait des conséquences dramatiques pour l’humanité et la planète. Il ne faut pas baisser les bras et être des combattants de la paix, inlassablement. Les libertaires le savent et ne rechignent pas à la tâche.

Ty Wi (GLJD)