C’est qui les casseurs ?
Ils/elles ont brisé quelques vitrines de boutiques de marques, incendié le Fouquet’s, taggué des banques…bref que des symboles du fric. Ils/elles ont cramé quelques voitures comme en 68 rue Gay-Lussac, carbonisé des poubelles, ce qui n’est pas très malin…L’ensemble des médias dans une belle unanimité républicaine les ont traités de voyous et de Black Blocs, des casseurs organisés.
C’est curieux mais nous n’avons jamais entendu dire que les agriculteurs, les marins-pêcheurs…qui ont à plusieurs reprises dans le passé mis à sac des préfectures, casser tout ce qui leur tombait sous la main…Même le parlement de Bretagne fut une victime collatérale de ces débordements. Mais là, nous avions à faire à des gens en colère. Les Black Blocs et certains gilets jaunes ne seraient donc pas en colère mais de vulgaires voyous. Le traitement de l’information est à deux vitesses comme la justice d’ailleurs. Nous n’allons pas spéculer sur les Black-Blocs mais nous constatons une évolution sociologique de cette composante révolutionnaire du mouvement social. Auparavant issus des classes moyennes supérieures, est venue s’agréger depuis le mouvement des gilets jaunes et peut-être même un peu avant, une frange de jeunes travailleurs qui en ont le ras-le-bol et qui veulent faire péter le système. Il conviendra de suivre l’évolution en cours car le milieu militant risque de se trouver chambouler dans les années à venir. Nous ne passerons pas sur une éventuelle infiltration policière car sous tous les régimes, des agitateurs professionnels, déguisés en loubards, en Black-Bloc, selon l’actualité d’une manifestation, fichent la pagaille pour discréditer le mouvement en cours. Les provocations policières sont légions dans l’histoire : le Premier Mai de Fourmies, les martyrs de Chicago, Draveil, Villeneuve Saint Georges…pour remonter en des temps pas si lointains. Mais pour les manifestations de gilets jaunes, l’infiltration semble minime quant à la violence de rue organisée…
Parmi les nombreux gilets jaunes arrêtés, beaucoup de novices des manifestations, des travailleurs peu fortunés ; en clair des parias d’une société où seuls la réussite et le fric ont un sens. Ont-ils raison ces salariés et ces chômeurs de se rebeller ? Bien sûr que oui et que croyez-vous que les ouvriers firent au cours des époques lorsqu’ils crevaient la dalle, vivotaient avec des salaires de misère ou qu’ils se retrouvaient sans travail ? Ils s’insurgèrent et il n’y a pas de révolte sans saccages pas plus qu’il n’y a de guerre sans morts.
De nombreux gilets jaunes n’ont rien à perdre. Leur violence est le reflet de l’injustice économique, donc sociale, qu’ils subissent. L’alliance des Black-Blocs et de certains gilets est objective dans les faits. L’unique réponse à tant de colère ou de désespérance, c’est la répression encore et toujours. Le gouvernement peut bien changer, basculer de droite à gauche et inversement, voire mélanger les deux comme à LREM, girouette virevoltant aux vents électoraux, les C.R.S. que l’on pourrait baptiser de Compagnies de Répression Spécialisée, sont toujours lâchées contre les manifestants. Quelle que soit la couleur de la matraque, du LBD…ces armes blessent et mutilent et font couler un sang toujours rouge, là quelle que soit la couleur de peau du manifestant.
De nombreux centre-ville sont interdits aux manifestants : Caen, Rouen, Bordeaux, Toulouse…c’était une idée émise en son temps par Pasqua, l’honorable gaulliste du SAC et ses barbouzes. Bientôt il nous faudra manifester dans les champs, entourés de fils barbelés, des fois que…
Mais les casseurs sont-ils bien ceux qui sont tant décriés chaque samedi ? Ne sont point plutôt ceux qui cassent nos existences. Ils possèdent un pognon de dingue, donc le pouvoir ! Ce sont les riches exploiteurs (pléonasme), ceux qu’on voit rarement, planqués dans leurs paradis fiscaux. Ces maîtres de la finance, actionnaires, spéculateurs… ont à leur dévotion toute une hiérarchie de pantins dont ils tirent les ficelles à longueur de spectacles et qu’ils rétribuent pour bons et loyaux services. Et ces pantins, à leur tour, manipulent le peuple qui se croit souverain, grâce au suffrage universel.
Ceux qui ont le pognon, ce sont les marchands de canon d’hier, les fabricants et les vendeurs d’armes de toutes sortes d’aujourd’hui. Ces fauteurs de massacres sont eux à l’abri de tout danger et ils n’hésitent pas à délocaliser, jeter sur le pavé des millions de salariés…Ce sont les mêmes qui tentent par tous les moyens de déboussolée la jeunesse et de la rendre imperméable à tout idéal. Ce sont les mêmes qui font voter des lois liberticides ou des lois qui remettent en cause les services publics, les retraites, les acquis sociaux pourtant obtenus par de longues luttes sociales. Ils se servent de serviteurs zélés pour utiliser toutes les forces coercitives : armée, police, magistrature qui agissent « selon que vous soyez puissant ou misérable». Et ces irresponsables osent nommer la pauvreté, l’exclusion sociale, l’iniquité, les guerres…l’ordre !
En réalité leur ordre est basé sur la domination d’une minorité sur la majorité, sur l’injustice et l’oppression qui assujettissent le plus grand nombre. Les véritables casseurs sont ceux qui impunément, avec le consentement conscient ou inconscient de la multitude, détruisent la planète pour leurs profits mesquins : pollution, chômage, drogues, prostitution du travail, famines, guerres…et la vie de milliards d’individus qui peuplent tous les continents.
Mick (GLJD)