« Le progrès et la catastrophe sont l’avers et le revers de la même pièce » H. Arendt
Une autre catastrophe ? Ou bien c’est le fonctionnement même de la société techno-industrielle qui est une catastrophe en soi. Sans aucun doute, depuis ses débuts, l’industrialisation a produit une société écocide et liberticide dont les conséquences sont un monde industriellement dévasté. La mer, la terre et l’air sont contaminés par des milliers de produits chimiques qui font du monde un endroit inhabitable et malade, au bord du gouffre. Du ciel noir causé par la pollution à Londres, plein de faim et de misère, de la première révolution industrielle à nos jours où la dévastation industrielle atteint tous les points de la planète.
Ce qui s’est passé récemment dans l’Est ibérique est une conséquence de la dévastation du territoire par le capitalisme et ses dégoûtants gestionnaires technocratiques. Nous le disons haut et fort : ce sont des meurtriers. Ils étendent leurs guerres militaires à la guerre contre tous les êtres vivants, avec les conséquences désastreuses de chaque catastrophe qui menace nos vies. Ils ont programmé un monde mécaniste et artificiel où, absolument, tout se réduit aux intérêts économiques, provoquant les conditions de vie désastreuses auxquelles nous sommes soumis. Les connaissances anciennes et modernes savaient comment arrêter les inondations, elles savaient qu’il ne fallait pas construire à côté des boulevards, elles savaient qu’il ne fallait pas déboiser de vastes étendues de territoire, elles savaient que dévaster la terre et l’enterrer dans le ciment n’arrêterait pas la nature. Au contraire, cela provoquerait de grands désastres. Mais l’idéologie désastreuse du progrès ne peut pas s’arrêter.
Combien de fois croirons-nous encore à l’histoire selon laquelle il s’agissait d’une catastrophe naturelle ? Combien de fois demanderons-nous encore des explications à ceux qui gèrent nos vies ?… Nous n’avons rien à demander aux institutions car évidemment nous ne croyons pas qu’elles n’étaient pas préparées au déluge, nous ne pensons pas qu’elles soient utiles, elles défendent simplement des intérêts, défendent le progrès et la vie réduite à l’économie. Ils défendent un monde qui provoque des guerres, de la misère et des catastrophes. Nous n’entrerons jamais dans leur jeu qui réduit tout à des intérêts politiques et économiques où la vie des gens et de tout ce qui vit ne les intéresse pas. Ou bien avons-nous déjà entendu à gauche ou à droite qu’il fallait arrêter le développement urbain dans l’Est ibérique, que la destruction des sols, des canaux d’irrigation et des forêts entraînerait des catastrophes ? Qui est utile pour la construction de méga complexes hôteliers, de grandes cultures intensives, de centres commerciaux exubérants, de grandes infrastructures permettant la mobilité des biens et des données… Uniquement pour la classe politique et économique et les technocrates qui conçoivent nos vies. Qui font continuellement muter le monde pour que rien ne change, pour ne pas perdre leurs privilèges. Ces jours-ci, les hommes politiques, les hommes d’affaires et les technocrates déclencheront le grand cirque médiatique, ils lanceront des bravades, des insultes, des menaces, des larmes de crocodile couleront, ils trouveront des « solutions » pour finir par jeter des boules de boue pour que rien ne change, ils utiliseront de jolies phrases de mots merdiques et sous couvert de novlangue un nouveau projet durable et inclusif calmera les eaux et le meilleur des mondes possibles continuera de fonctionner.
SOUS LE MANTRA DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Le terrorisme médiatique a trouvé un allié de taille : le changement climatique. Aujourd’hui, chaque catastrophe a une excuse. L’enfant n’a pas fait ses devoirs : changement climatique ; inondations : changement climatique ; inflation : changement climatique… et pour en finir avec le changement climatique, quoi de mieux que d’artificialiser toutes les dimensions de la vie, de tout numériser et informatiser pour qu’elle reste sous surveillance constante et que les ressources ou la gestion et l’administration des citoyens pauvres sont entre de moins en moins de mains. Quelque chose sent le pourri. Sous prétexte du changement climatique, une nouvelle forme de domination de plus en plus totalitaire est en train de se créer. Cependant, il s’est produit un phénomène météorologique typique de ces dates au Levant : un air maritime polaire avec un vent d’Est qui apporte des pluies torrentielles. C’est la « goutte froide » qui se produit depuis des décennies, que les médias d’endoctrinement de masse appellent désormais « Dana ».
TOUT SOUS CONTROLE
La machine médiatique et politique a déjà été mise en mouvement. Parler de tout sauf de la cause du problème est le mantra à suivre. La gauche, si la faute revient à la droite et parvient ainsi à ne pas parler d’un problème dont elle est responsable, si l’on ajoute à cela l’apparition médiatique d’un groupe de nazis, le travail est déjà excellemment accompli. Les inondations sont la faute des nazis et du changement climatique. Fin de l’histoire. Que dire de la droite, mais au contraire, la faute en revient à la gauche et à l’extrême gauche radicale. Alors que des milliers de personnes sont dans des conditions merdiques, politiciens, hommes d’affaires et technocrates préparent leur prochaine attaque contre la vie pour maximiser les profits.
Nous avons vu comment, lors de catastrophes répétées, ce sont l’armée et la police qui se chargent de rationaliser la vie quotidienne. Ils sont l’autorité aux commandes. Ainsi, à aucun moment, rien ne peut échapper à tout contrôle. Un contrôle absolu de l’espace et du temps se produit. Sous les ordres des technocrates, l’armée et la police ont nié les impulsions de soutien mutuel et de solidarité entre voisins et autres personnes de l’extérieur ; la répression se multiplie dans les situations de catastrophes et d’urgences, ainsi nous avons vu comment plusieurs personnes ont été emmenées en prison après plusieurs pillages. Des gens qui n’avaient rien à manger ni à boire. Pour ceux qui aiment la démocratie, il y a deux tasses pleines. Ils ont également refusé l’aide venant d’autres provinces, tant en termes de «volontaires» que de ressources matérielles et alimentaires ; tout doit être parfaitement contrôlé, tracé et surveillé, pour que rien ne soit laissé de côté dans leur gestion. D’un autre côté, accepter l’autogestion, l’entraide et la solidarité serait une évidence puisque beaucoup de gens, c’est possible, se rendraient compte qu’ils n’ont pas besoin de l’État, du capital ou de leur vie de merde médiatisée par l’économie et la technologie pour vivre. Nous devons nous préparer aux catastrophes à venir et connaître tous les mouvements de nos ennemis de manière à nous aider à réfléchir et à projeter nos idées et nos pratiques au-delà des limites et des canaux démocratiques.
Nous insistons, dans ce petit texte écrit à la hâte, sur le fait qu’il ne s’agit pas de « catastrophes naturelles » mais plutôt que c’est le capitalisme et la dévastation du territoire et des modes de vie précapitalistes qui provoquent ces catastrophes. Seule la destruction du capitalisme et du système techno-industriel mettra fin à ces catastrophes et à d’autres encore. Pour l’anarchie.
(1)Quand nous parlons du monde comme d’une catastrophe, notre objectif n’est pas d’effrayer celui qui nous lit, simplement d’analyser la réalité pour agir en conséquence, la gestion de la peur est ce qu’ils recherchent auprès des médias et de leurs propriétaires. Qui en temps réel, grâce aux nouvelles technologies de communication, sont capables de synchroniser les sentiments et les émotions de millions de personnes, créant une opinion sur la « preuve » de leur information, émotions qui deviennent un cri silencieux de la population contemplative stupéfaite par la catastrophe devant leurs écrans.
CHIMANCES DU FUTUR, MADRIP, NOVEMBRE 2024