
Balles ?
Les balles, nous les arrachons à l’ennemi,
celles qui font danser
sur la violence de sa haine.
Ce n’est pas nous qui te mettrons en poche
le guide des sentiers saints
ni celui qui mène aux bourses du capital.
Parmi nous, ne demande ni prêtre ni goumier
ài te mettre aux jarrets.
Toi, si tu appartiens à notre fraternité de douleur,
si après avoir partagé avec nous
la croûte de la galette d’orge
et l’écorce du furoncle,
tu dis vouloir connaître les vallées
et les montagnes de notre pays,
sache d’abord que notre terre
est toute la terre où grince
le coude de l’anarchie,
la terre où les hommes et les femmes
marchent en vrille
au-delà des envolées de leurs rêves.
Et ils meuglent, taureaux porteurs de la résistance,
Ils marchent, hommes et femmes taureaux,
Beuglant la résistance et marchant seulement
Pour précéder et relayer le regard cri-râle de
Leur lutte,
Même si dans le sillage de leurs pas et de leur vue,
Ils abandonnent leurs yeux.
Si tel est ton idéal,
Alors dresse-toi parmi nous,
Nous allons passer chez la vieille Torayet
Du fort de Taourirt,
Elle qui a osé allaiter Proudhon et Malatesta
Avec le lait de la mule
Où était concentrée la formule :
« ni Dieu ni esclave,
Mais l’homme
Comme unique éclair de son destin,
Devant le tonnerre de l’instant. »
[…]
Je n’ai d’autre parcours à conseiller
Que celui du fouet
De la voie lactée des rêves
Flagellant entre les sourcils
Tous ceux qui savent regarder
Au-delà de leur vue.
Hawad (Le coude grinçant de l’anarchie)