Le mouton à cinq pattes était un secret de Polichinelle, le nom de Barnier circulait déjà dès le début de l’été.
Alors, tout ça pour ça. Ainsi va le macronisme. Petit rappel.
Juste après les élections législatives, la gauche était en quête d’un premier ministre. A ce moment, le NFP nous a légué l’image d’une politique spectacle des plus sordides. Chaque parti de la coalition tirait la couverture à lui. Les socialistes avaient leurs prétendants à la fonction, les communistes avaient André Chassaigne, les Insoumis avaient aussi leurs champions, Mélenchon pensant même faire partie de la solution. Les écologistes faisaient figure d’un peu plus de dignité se gaussant des rivalités d’ego et avaient surtout bien compris l’image déplorable que donnaient les ambitions des uns et des autres vis-à-vis de leurs électeurs… Ils attendaient tous un coup de fil de Macron en tant que chefs de partis du NFP et comme sœur Anne, ils ne virent rien venir. Ce dernier voulait laisser passer les Jeux Olympiques et s’entretenir à compter du 23 août avec les chefs de partis. En réalité, le chef de l’Etat laissait pourrir la situation.
Entre temps, le NFP avait trouvé la perle rare : Lucie Castets. Exit Laurence Tubiana et Huguette Bello.
Jusqu’au dernier moment Macron essaya de trouver une coalition pour gouverner. Il était prêt à tous les rafistolages après s’être emmêlé les pieds dans le tapis de la dissolution. Il alla même jusqu’à dire que les élections n’étaient pas tout à fait une défaite pour le camp présidentiel. L’enfant-roi ne voulait simplement pas avoir tort. Il espérait toujours une coalition autour du bloc central en excluant le RN et LFI. Un grand démocrate, ce monsieur. Car il s’agit bien de leur démocratie en l’occurrence. Sortir de l’équation les 11 millions d’électeurs du RN allié à Ciotti, soit 143 députés et les 75 députés LFI, c’est un bel exercice de démocratie politique.
Sans compter que le « Front républicain » a permis d’élire 35 députés qui soutenaient le camp présidentiel. Pas très reconnaissants ces derniers. Et Barnier, ancien ministre de Chirac et Sarkozy est issu du camp LR.
La droite y allait aussi de son couplet : Xavier Bertrand était prêt pour assumer la fonction de Premier ministre. Mais Bertrand a des ambitions présidentielles, alors la place de premier ministre ne lui seyait guère. A gauche et à droite, ça se bousculait au portillon. Jusqu’à Ségolène Royal qui se disait prête à la fonction ainsi que Cazeneuve. On évoqua un temps Thierry Beaudet, l’ancien président de la MGEN et tant d’autres. Chaque jour avait un nouveau nom à proposer. La placarde doit être vraiment bonne et c’est fou le nombre de politiciens qui se disent prêts à gouverner. Que de talents !
Mais plus sérieusement, juste après les élections, ce fut tout pour les J.O. Même l’ancien secrétaire confédéral de la CGT, Bernard Thibault, a porté la flamme. Exit les grèves, les mobilisations sociales. Il fallait retrouver la concorde et l’unité nationale…Puis un gouvernement démissionnaire qui agissait comme si de rien n’était, en proposant le budget des ministres eux aussi démissionnaires. Et les travailleurs n’ont rien trouvé à redire sauf en maugréant. Alors vraiment, pour changer les choses, on leur a dit que la meilleure solution, c’était leur bulletin de vote. Pipeau que tout cela ; la réalité rattrape vite ceux qui bossent et qui ne voient rien changer dans leur quotidien après toute joute électorale. Surtout pas la révolution, encore moins la Révolution anarchiste. Les bons bourgeois, les gros actionnaires, le patronat… ont leurs médias, leurs éditorialistes, avec une police à leur botte et beaucoup d’argent. Les travailleurs n’ont pas grand-chose sauf le nombre, encore faudrait-il savoir s’en servir.
Barnier sera l’homme lige de Macron. Il continuera la politique présidentielle. Les coupes budgétaires, les coups de rabot dans le social et la santé, et tout ce qui concerne l’écologie… On n’a pas fini de se serrer la ceinture. Mais on est rassuré, Edouard Philippe qui veut porter la retraite à 67 ans vient de se déclarer pour la présidentielle de 2027 voire même avant si Macron démissionne.
Les directions syndicales vont essayer de se rattraper en mobilisant le premier octobre 2024, la France insoumise le 7 septembre, politique politicienne oblige. Les CéGéTistes ont cependant eu beaucoup d’énergie pour passer trois semaines à envoyer des militants sur les marchés et les gares pour appeler à voter et non à organiser la riposte par la grève. Au mégaphone, la CGT a appelé à voter NFP en toute indépendance syndicale. Les élections sont passées et tout le monde a déserté le terrain. Alors, les élections servent vraiment à changer la vie des gens ? Surtout que Macron reste persuadé que seule sa politique économique est la bonne. Ce qui en dit long sur sa volonté de changement, d’où la nomination de Barnier.
Quatre-vingt-cinq pour cent des Français ont un jugement négatif sur les responsables politiques. Les trois-quarts des Français n’ont aucune confiance dans les députés élus…Et les politiciens, dont Macron, le premier d’entre eux, font comme si cela n’existait pas. Ils ont organisé le chaos. Prenons le dernier espace qu’il nous reste pour faire entendre nos voix : la rue. Mais ne nous laissons pas berner par les politiciens de gauche et du RN qui n’aspirent qu’à 2027. Les travailleurs, au final, ne leur importe que très peu. Révolution anarchiste ! Voilà notre credo.
Ty Wi (GLJD)