Chaque jour, nous en apprenons toujours un peu plus sur A.O.C., ses mensonges, le contournement de Parcoursup de son fils selon Médiapart, la consanguinité des élites politiques, économiques et médiatiques (la ministre est la nièce d’Alain Duhamel (BFM), ainsi que de Nathalie Saint-Cricq (France 2), et la cousine de Benjamin Duhamel (BFM), entre autres. Et son mari qui avait eu bien des difficultés à gérer la situation des « Panama Papers » quand il officiait à la Société générale… Tout le contraire du panier de crabes, ce petit monde-là. Il se serre les coudes. Voilà ce que nous dit cette situation qui est assez habituelle finalement chez ceux et celles qui pratiquent le communautarisme social et le séparatisme scolaire. Nous avions déjà évoqué dans les colonnes de notre journal, ces 40% de lycéens scolarisés dans le privé à Paris. Il serait d’ailleurs très intéressant de voir quel politicien de gauche comme de droite a ses enfants scolarisés dans le public, dans cette école dite de la République, celle de l’égalité.
A.O.C. s’est dite frustrée d’avoir constaté « des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées » à l’école publique ; c’est l’argument phare qu’elle donné pour expliquer le basculement de son aîné vers le privé, à Stanislas (Stan pour les initiés).
Mais sérieusement, à qui incombe la responsabilité de toutes ces heures non remplacées, après sept années de macronisme? Comment cette ministre peut-elle être crédible maintenant pour remédier à cette situation de l’école publique?
Et on apprend dans Libération que cette explication, bricolée pour les besoins de la cause, était mensongère. Son fils n’est resté à l’école publique Littré que six mois en petite section de maternelle, avant d’être inscrit par ses parents à Stanislas. Son enseignante d’alors, ainsi que le journaliste Nicolas Poincaré, qui se trouve être parent dans la même école, démentent toute absence non remplacée, « sérieusement » ou « pas sérieusement », selon Arrêt sur image.
Et encore que ses enfants sont épanouis, en sécurité et entourés d’amis…parce que dans le public, la sécurité c’est pas top ? On ne se fait pas de copains ou de copines ? On n’y serait pas épanouis !
On peut se moquer du choix d’un établissement privé catholique, Stanislas, ouvertement conservateur et réactionnaire (« Français sans peur, chrétien sans reproche » est encore aujourd’hui la devise de Stanislas, voir les enquêtes de Mediapart et du Monde), où sont tolérés des comportements homophobes de l’encadrement. C’est son droit de l’entre-soi.
Ce n’est pas le premier personnage politique à avoir mis ses enfants dans le privé. De Bayrou à Pap Ndiaye qui avaient aussi scolarisé leurs enfants dans le privé, cherchons plutôt ceux et celles qui n’ont pas choisi le privé. Stanislas possède une homogénéité sociale : au lycée, 93% des élèves sont d’origine très favorisée contre 0,4% d’élèves défavorisés.
La mixité scolaire, c’est du pipeau. D’ailleurs, à Paris, les fermetures de classes concernent davantage le public que le privé d’où des effectifs moins chargés pour ce dernier. Dans dix ans, le public et le privé seront respectivement à 40-60%. Nous nous acheminons vers le renforcement d’une école pour les riches et une autre pour les plus démunis. Tout cela en proclamant la devise républicaine : liberté, égalité, fraternité. Les militants qui avaient dénoncé et mis en garde contre la marchandisation de l’école, il y a trente ans, avaient vu juste. Les libéraux mettent les établissements scolaires en concurrence. Et le réflexe de classe joue à plein. Du coup, des personnes comme Blanquer, Attal..qui ont suivi leur scolarité dans le privé ont été chargés de s’occuper du public dont ils n’étaient pas usagers.
Amélie Oudéa-Castera fait incontestablement partie de l’élite, politique, économique, médiatique. Mais ce n’est pas la plus maline pour désamorcer les polémiques. Cependant nous pouvons la remercier car il y a tout, dans cette histoire ministérielle. Surtout le sabordage de l’école publique depuis des années. Et finalement ce positionnement contre les enseignants de l’école publique qui ont subi tant de fermetures de classes et d’écoles ces dernières années. Ces enseignants du primaire dont le budget est municipal et qui varie de 1 à 10 selon les communes. Toujours au titre de l’Education Nationale.
A.O.C est discréditée à plus d’un titre : elle doit démissionner.
Mais laissons le mot de la fin au député LR du Pas-de-Calais, Henri Dumont : « Si on devait faire démissionner tous ceux qui ont menti, il n’y aurait plus beaucoup de monde qui ferait de la politique. »
La politique est donc consubstantielle du mensonge. Les anarchistes n’en ont jamais douté, voilà aussi pourquoi ils préfèrent agir eux-mêmes plutôt que de déléguer leur pouvoir à des menteurs compulsifs.
Patoche (GLJD)