Abstention aux Européennes de juin 2024

Elections : un sujet qui mérite la plus grande abstention

Les élections sont un domaine de la vie sociale auquel les anarchistes ont toujours accordé la plus grande…abstention.

Et ils ne sont pas les seuls. Les abstentionnistes sont désormais devenus le plus grand parti de France. Un parti qui au fur et à mesure des joutes électorales dépasse les 50%, non pas de l’ensemble des citoyens mais des seuls électeurs inscrits sur les listes électorales, ce qui laisse une belle marge de progression.

Mais peut-on honorer du nom de citoyen ceux qui s’abstiennent de se choisir des représentants. C’est ce que se demandent les adeptes convaincus du suffrage universel. L’individu serait-il à ce point évolué qu’il puisse prétendre à se passer de représentants éclairés ? Allons donc ! D’autant qu’il faudrait être bougrement présomptueux pour faire la fine bouche devant le choix qu’on lui propose, au citoyen. Des représentants de premier choix, on vous l’assure. Tous les électeurs des pays « démocratiques » n’ont pas la chance, comme le peuple français, d’être représentés par une telle élite.

La veille des élections, les médias lancent des appels pathétiques à la conscience civique du citoyen : «  C’est le choix critique de l’électeur qui produit le personnel capable de faire résulter l’avenir plus de la volonté que du hasard. Ne pas faire usage de sa voix, c’est faire peu de cas de sa propre personne. Accepter, en somme, d’être compté pour rien. »

N’est-ce pas beau comme argument et si peu éculé.

Parler de choix critique de l’électeur alors qu’en réalité on lui impose une galerie de personnages désignés par des partis et dont il n’a pas eu à discuter la sélection préalable est déjà assez plaisant, non ? Le seul choix vraiment libre qui reste au citoyen est celui de participer ou non à la supercherie du suffrage universel. Et quand bien même le choix serait réellement libre, cela ne changerait rien au principe même de la délégation de pouvoir. Comme le dit Herbert Marcuse : «  Le fait de pouvoir élire librement des maîtres ne supprime ni les maîtres ni les esclaves. » L’homme qui vote, loin de manifester son libre arbitre, l’aliène au contraire. La délégation de pouvoir est la reconnaissance implicite de la supériorité du mandataire sur le mandant. Sinon quelle serait l’utilité de se faire représenter ? Or, je vous le demande, quel homme pourrait-il avoir assez de dignité pour s’abaisser à s’estimer inférieur à la plupart des pantins qui nous gouvernent ?

Voyons…Un individu peut-il manger, dormir, s’instruire, se développer, aimer par délégation ? (Encore que, dans ce dernier cas, son consentement ne soit pas toujours requis !)

Et l’on voudrait que le citoyen se décharge sur autrui du soin de décider de toute question intéressant non seulement sa propre personne mais la collectivité tout entière !

Ce serait bien là, précisément, « Faire peu de cas de sa propre personne » et accepter « d’être compté pour rien. »

« Avec le système électoral », affirmait Louis Bertoni, « la grande masse des électeurs s’en rapporte uniquement pour cela à quelques élus. Il en résulte que celui qui vote le fait surtout avec l’idée plus ou moins consciente de s’abstenir ensuite de s’occuper de la chose publique. Il s’en décharge sur son élu. Le vote, plus qu’une participation à la vie publique, ne représente qu’un renoncement à s’y mêler. Chaque électeur pense qu’il vaut mieux qu’un autre le fasse pour lui. »

Au lieu de se désintéresser de la question sociale, les libertaires veulent au contraire s’y impliquer directement et totalement en participant eux-mêmes, librement, à la réalisation d’une société plus juste, plus harmonieuse et plus humaine.

Le véritable abstentionniste est donc bien l’électeur puisque, en s’en remettant à autrui du soin de régler l’organisation sociale, il s’abstient volontairement d’y participer activement.

A.P. (le libertaire)

PS : Tant qu’à la rengaine de dire que les abstentionnistes font le jeu du FN/R.N., cela fait 20 ans que les gens n’y croient plus. Ceux qui font le jeu de l’extrême-droite, ce sont ceux et celles qui soutiennent et participent à la politique antisociale de Macron.