La France a exporté pour « plus de 18 milliards d’euros » l’année dernière, faisant de 2024 « la deuxième meilleure année de notre histoire », dixit fièrement début janvier 2025 le ministre des Armées Sébastien Lecornu. Sur ce total, « près de 10 milliards concernent des plateformes-phares comme les Rafale et les sous-marins », a-t-il indiqué.
Dans un communiqué du 2 décembre 2024, le Sipri donne les informations suivantes :
Les plus grands producteurs d’armement voient leur chiffre d’affaires dopé par les guerres et les tensions régionales (Stockholm, 2 décembre 2024) – Les 100 plus grandes entreprises d’armement ont vendu pour environ 632 milliards de dollars d’armes et de services à caractère militaire en 2023, soit une augmentation en termes réels de 4,2 % par rapport à 2022, selon les nouvelles données publiées aujourd’hui par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) et disponibles sur www.sipri.org. L’augmentation du chiffre d’affaires a été observée dans toutes les régions, avec des hausses particulièrement marquées pour les entreprises basées en Russie et au Moyen-Orient. Par ailleurs, des entreprises ne figurant pas dans le haut du classement ont été plus prompts à répondre aux nouvelles demandes liées aux guerres à Gaza et en Ukraine, aux tensions grandissantes en Asie de l’Est et aux programmes de réarmement ailleurs dans le monde. Les 100 plus grandes entreprises d’armement augmentent leur production et renforcent leurs effectifs. En 2023, de nombreuses entreprises d’armement ont augmenté leur production en réponse à la forte demande. Le total du chiffre d’affaires des 100 plus grandes entreprises d’armement a rebondi après une baisse en 2022. Près des trois quarts des entreprises ont augmenté leur chiffre d’affaires d’une année sur l’autre. Il convient de noter que la plupart des entreprises ayant connu cette augmentation se situent dans la moitié inférieure du Top 100. « Les chiffres d’affaires ont connu une hausse marquée en 2023, et cette tendance devrait se poursuivre en 2024 », souligne Lorenzo Scarazzato, chercheur au programme Dépenses militaires et production d’armes du Sipri. « Les chiffres d’affaires des 100 plus grandes entreprises d’armement d’armes ne reflètent pas pleinement l’ampleur de la demande, et de nombreuses entreprises ont lancé des campagnes de recrutement, ce qui laisse penser qu’elles sont optimistes quant au volume des ventes à venir. »
Les guerres et tensions régionales dopent donc les ventes des grands fournisseurs d’armes, ce n’est pas une surprise pour nous. Pour que l’industrie de l’armement progresse et fasse de gros profits, il faut des guerres pour écouler sur les marchés guerriers les armes produites. Il faut parallèlement que les médias aux mains des marchands de canon entretiennent la peur dans les populations. On doit être capables de se défendre, voire attaquer si on juge que les intérêts vitaux de certains pays sont en jeu… Les ventes des principaux fournisseurs d’armes ont été stimulées en 2024 par les guerres en Ukraine et à Gaza et les tensions en Asie. La Chine veut récupérer Taïwan qu’elle considère comme faisant partie de son territoire, l’Australie et le Japon se réarment etc. On pourrait y ajouter la guerre au Soudan, les guerres en Afrique, en Syrie etc. Que de débouchés pour les producteurs d’armes. Et en plus, les équipementiers possèdent des terrains d’essais grandeur nature sur les champs de bataille. Les pauvres trouffions servent de cobaye pour les lobbies guerriers et surtout de chair à canon.
En ce qui concerne la France, ce sont les avions de combat Rafale qui dopent les ventes. De véritables bijoux qui génèrent moult profits. Vendus à 12 exemplaires fin août à la Serbie tandis que l’Indonésie a formalisé en janvier la dernière tranche de 18 appareils sur les 42 commandés deux ans plus tôt, les Rafales sont en haut de l’affiche des fleurons de l’armée française. Naval Group a de son côté officialisé le 30 septembre 2024 la vente aux Pays-Bas de quatre sous-marins Barracuda. Encore quelques milliards qui viennent s’ajouter aux ventes de Rafale. En 2022, la France avait vendu 80 avions Rafale aux Émirats arabes unis pour un peu plus de 16 milliards d’euros. C’est dire qu’année après année, les ventes d’armes se portent bien et la France est devenu le deuxième exportateur d’armes au monde après les Etats-Unis.
De gauche comme de droite, les politiciens nous affirment la main sur le cœur que la production d’armes, c’est bon pour l’emploi et que ça permet de diminuer le déficit de notre balance commerciale. Et que notre souveraineté nationale est préservée etc. Comme si on ne pouvait pas créer de l’emploi socialement utile en France. Et pourquoi ne pas produire en France ce que l’on est obligé d’acheter, parfois très cher, à des pays tiers d’où un déficit chronique de notre balance commerciale.
Le monde marche sur la tête et se prépare à la troisième guerre mondiale. Les dépenses militaires mondiales ont connu en 2023 leur plus forte augmentation en une décennie, atteignant 2.400 milliards de dollars en raison des conflits en cours, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
« L’année 2025 s’annonce comme une excellente année, qui débute de manière prometteuse avec la vente de 14 hélicoptères Caracal en Irak « , a également confirmé le ministre des armées français. Et il souhaite pour 2025 « une nouvelle année record », citant les principaux équipements de l’industrie française de défense, des frégates de défense et d’intervention aux systèmes anti-aériens SAMP/T de nouvelle génération. Un beau programme pour ceux qui vivent du commerce de la mort.
Mais qu’est-ce que c’est que ce modèle économique basé sur les guerres actuelles et celles à venir. On dit que les pacifistes font l’autruche car les autres s’arment et qu’il faut en faire autant, mais ce sont les partisans de la guerre qui nous font avancer la tête dans le mur. Les anarchistes ne s’inquiètent pas pour les futurs planqués de l’arrière mais pour les travailleurs qui une fois incorporés seront en première ligne. Sans compter les civils qui paient systématiquement un lourd tribut lors des guerres.
Tous les fonds employés pour leurs lois de programmation militaire sont autant d’argent non disponible pour les services publics, l’aide à l’agriculture biologique, la lutte contre le réchauffement climatique…Nous exigeons un modèle économique équitable pour le bonheur de tous et toutes. Car l’émancipation totale et le bonheur de l’individu sont les vrais buts de la révolution sociale et de la société nouvelle que nous voulons.
Patoche (GLJD)