Synthèse anarchiste

Anarchisme l'avenir

Trois obstacles principaux s’élèvent sur le chemin de la recherche et de l’établissement de la vérité objective, n’importe dans quelle direction ou dans quelle région on veuille la trouver.

Le premier de ces obstacles est empreint d’un caractère purement théorique et philosophique. De fait, la vérité est le grand Tout existant : tout ce qui est en réalité. Connaître la vérité veut dire connaître ce qui est. Mais connaître ce qui est – connaître le véritable vrai, l’essence des choses (« les choses en elles-mêmes ») – paraît être, pour plusieurs raisons, impossible à l’heure qu’il est, et peut-être en sera-t-il toujours ainsi. La raison essentielle de cette impossibilité est la suivante : Le monde ne saurait jamais être pour nous que l’idée que nous nous en faisons. Il se présente à nous non tel qu’il est en réalité, mais tel qu’il nous est peint par nos pauvres et faux cinq sens (ou plus), et par nos méthodes incomplètes et grossières de connaître les choses. Les uns et les autres sont fort restreints, subjectifs et trompeurs. Voici un exemple tiré du domaine des sens : ainsi que l’on sait, il n’existe dans la nature, en réalité, ni lumière, ni couleurs, ni sons (il n’existe que ce que nous croyons être des mouvements, des oscillations) ; cependant, nous avons avant tout une impression du monde consistant en lumière et en couleurs (oscillations recueillies et transformées à l’aide de notre organe visuel) et en sons (mouvements recueillis et transformés par notre appareil auditif). Remarquons également que toute une série de phénomènes ayant indubitablement lieu dans la nature échappent aux organes de nos sens. Pour servir d’exemple dans le domaine de la connaissance, il suffira d’indiquer ce fait que constamment certaines théories sont rejetées pour être remplacées par d’autres. (Un exemple tout récent est celui de la fameuse théorie d’Einstein sur la relativité tendant à  » bouleverser  » tout notre système de connaissances). La seule chose que je sache immédiatement, c’est que j’existe (cogito, ergo sum, je pense, donc je suis) et qu’il existe une certaine réalité en dehors de moi. Sans la connaître exactement, je sais néanmoins qu’elle existe : premièrement parce que si j’existe, il doit exister une certaine réalité qui m’a créé ; deuxièmement, parce qu’une certaine entité qui se trouve en dehors de moi me communique certaines impressions. C’est cette réalité, dont j’ignore l’essence, que j’appelle monde et vie ; et c’est elle que je cherche à connaître tant qu’elle s’y prête.

Évidemment, si nous voulions toujours tenir compte de cet obstacle, il ne nous resterait qu’à nous dire une fois pour toutes : tout ce que nous croyons connaître n’est que mensonge, tromperie, illusion ; nous ne saurions connaître l’essence des choses, car les moyens de notre connaissance sont par trop imparfaits… Et nous basant là-dessus, nous n’aurions qu’à renoncer à toute espèce de travail scientifique – à tout travail de recherche de la vérité et de connaissance du monde, considérant toute tentative de ce genre comme parfaitement inutile et vouée à ne jamais réussir….

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