Smicardisation des travailleurs=montée du RN

En 1996, la plupart des militants du Groupe libertaire n’avaient pas signé l’appel de Charlie Hebdo pour demander l’interdiction du Front national. Loin de l’anonymat des sondages ou de la sempiternelle discussion sur la montée du FN, 173 000 personnes avaient quand même signé cette demande d’interdiction. Quel était donc l’argumentaire des compagnons à l’époque pour ne pas joindre leur signature à celles de ces dizaines de milliers de personnes.

Tout d’abord, les anarchistes se méfient toujours des interdictions qui peuvent se retourner du jour au lendemain contre leurs auteurs. Et puis, on commence par interdire telle ou telle organisation d’extrême-droite et c’est au tour des organisations anarchistes d’être visées. Si le F.N. avait été interdit, il aurait pu se reconstituer du jour au lendemain sous une autre appellation en obtenant en prime la palme des martyrs. Bref, une interdiction, c’est comme pisser dans un violon. La preuve en est donnée aujourd’hui. Tous les groupuscules dissous par Darmanin refleurissent un peu partout en France, de manière décentralisée et sous une autre dénomination. Et les faschos sont toujours présents.

Et puis, défendre les Droits de l’Homme, en interdisant le FN ? Allons donc, il y a belle lurette qu’ils sont foulés aux pieds au travers du sort fait aux SDF, de la précarité et du chômage, de l’inégalité devant le logement, la santé et l’éducation… La lutte contre Le Pen c’est là qu’elle est ! C’est là, contre la misère et la désespérance qu’est le combat contre l’extrême-droite…et les curés. Voilà en substance les arguments déployés à l’époque.

Un quart de siècle plus tard, les profiteurs de la misère et de l’obscurantisme sont toujours là. Les anarchistes rabâchent sans relâche qu’il ne faut compter que sur nous-même pour conquérir notre dû, et qu’il ne sert à rien d’attendre des politiciens et du ciel désespérément vide, une aide quelconque.

Le Rassemblement National, dans la continuité du F.N., continue son ascension et surfe comme toujours sur les peurs des gens et surtout leur misère et leur déclassement.

Les mécanismes économiques en cours en France aujourd’hui favorisent la smicardisation des travailleurs pour le plus grand bonheur du patronat qui n’y voit que des avantages. La smicardisation touche de même les retraités. En France, la pension de retraite moyenne, tous régimes confondus, s’élève à 1.509 euros bruts mensuels. Un montant qui correspond à 1.400 euros nets par mois, soit le niveau du salaire minimum actuel (1398,69 € net). Dans les années qui viennent, s’il n’y a pas de revalorisation des retraites, de nombreux retraités bénéficieront d’une retraite inférieure au Smic avec les conséquences économiques et morales que cela aura.

Tant qu’aux travailleurs, de plus en plus nombreux à être smicardisés de par l’inflation qui induit une revalorisation du Smic mais pas des bas salaires, ils se sentent déclassés et délaissés. Le patronat bénéficie, lui, des exonérations de charge sur le Smic et plus il y a de Smicards plus il est exonéré de charges. C’est tout bénef pour lui. Que les travailleurs qui avaient des bas salaires passent au niveau du Smic, c’est donc une aubaine pour les patrons.

La smicardisation induit de même une baisse de la consommation des ménages au vu des augmentations des coûts tous azimuts (énergie, carburants, denrées alimentaires, mutuelles…). Pendant ce temps, le R.N. engrange les mécontentements. En ajoutant deux boucs émissaires, les immigrés et les chômeurs, le R.N. n’a même plus besoin de se focaliser sur un véritable programme économique. Le gouvernement leur mâche le travail.

Si on ajoute, les casseroles d’Amélie Oudéa Castéra, on obtient un mélange explosif de populisme. AOC se fait brocarder à l’Education Nationale mais aussi à propos de son précédent poste à la FFT. Et savoir que quand elle travaillait chez Carrefour, elle émargeait à 1,4 million d’euros annuellement puis à 500 000 à la FFT…ça laisse pantois tous ceux qui végètent à hauteur du Smic. Savoir de même qu’elle jugeait son salaire à la FFT trop bas, ce qui lui donnait le droit de se faire rémunérer en plus pour des réunions de la direction du groupe lyonnais Plastic Omnium, dont elle était administratrice depuis 2014, ça fait désordre. Une commission d’enquête parlementaire sur les fédérations sportives dénonce « l’entre-soi » et les « défaillances systémiques » du sport français. Les rémunérations « très élevées, voire anormales » des dirigeants sportifs sont dorénavant visées, dont celles d’AOC…Parallèlement, cette dernière a choisi à Stanislas des classes non-mixtes pour ses enfants. Faites ce que je dis, pas ce que je fais.

Madame Oudéa-Castéra, un véritable pédagogue, c’est un enseignant qui a la justice sociale chevillée au corps, sinon ce n’est qu’un technicien, un simple exécutant d’Etat. Un enseignant digne de ce nom revendique des valeurs émancipatrices pour l’enfant. Vos valeurs sont toutes contraires aux nôtres.

Patoche (GLJD)

La véritable émancipation est celle qui en finira avec l’exploitation de l’homme par l’homme. Celle-là passera par la réappropriation des moyens de production et de distribution, par la gestion directe des entreprises par les travailleurs eux-mêmes. Le succès de cette émancipation ne peut être assuré que par la volonté d’obtenir satisfaction.