Sinistres trafics

Les prétendus historiens qui farfouillent dans les dossiers de la deuxième guerre mondiale se gardent bien d’ouvrir les yeux sur certains faits peu glorieux qui seraient pourtant propres à éclairer les individus ignorants des monstrueux traquenards préparés à leur intention. Ce ne sont pas les minables compilateurs introduits dans nos cacochymes académies qui ébranleront la loi du silence.

C’est ainsi que restent ignorés certains « encouragements » apportés à l’équipée cannibalesque du fameux chancelier du Gross Reich, Adolph Hitler.

H.C. Engelbrecht, l’auteur de « Trafic in the Death », signalait pourtant dans son ouvrage, écrit peu après l’ascension du prestigieux mannequin, l’expansion concomitante de l’industrie des armements. Cette expansion, signalée déjà par le « Manchester Guardian », devait se poursuivre sans provoquer d’inquiétudes sérieuses dans un monde plus ou moins corrompu par les affairistes qui tenaient en main les principaux organes d’information.

Voici comment les faits se présentaient, d’après les informations britanniques que nous citons : Dès son accession au pouvoir, Hitler se mit à réarmer l’Allemagne et à la doter d’une armée à peine camouflée. Son premier budget comportait 800 millions de marks, sans assignation. On pouvait facilement prévoir que cette somme serait affectée aux dépenses d’armement. C’est ce que devait confirmer l’accroissement des importations de fer, de même que celles de cuivre et de ferrailles diverses. Du minerai espagnol et suédois arrivait en quantités croissantes à Emden et à Lübeck. « Que fait-on de ces importations ? écrivait Engelbrecht. « On fabrique des tanks à l’usine de chemin de fer Linke Hofmann de Breslau et à l’usine d’automobiles Daimler-Benz d’Offenbach ; des armes de petit calibre à l’usine de chemins de fer à l’usine Maüser d’Oberndorf, aux fonderies de fer Polte de Magdebourg, à la Deutche Waffen Und Munitions-fabrik de Berlin et de Karlsruhe et aux usines d’automobiles bavaroises d’Eisenach et aux usines d’acier de la Dortmunder Union et de la Deutche Werke de Spandau. Krupp produit de nouveau des canons. Le terrain d’essais de Meppen a été remis en état et l’on y essaie les canons à longue portée. On fabrique un nouvel acier blindé spécial…Les avions commerciaux, rapidement transformables en avions militaires, sont prêts en grand nombre. Des filiales ou des usines alliées en Hollande, Suisse, Suède, Italie et Turquie sont également à même de fournir des armes sans le moindre délai.

« L’arrivée au pouvoir d’Hitler et des nazis, poursuit Engelbrecht, a été le signal qui a déclenché les offres de service et de « marchandises » des fabricants d’armes des autres pays… Au Congrès radical de 14 octobre 1933, M. Sennac accusa Schneider d’avoir récemment fourni 400 tanks dernier modèle à l’Allemagne, les expédiant par la Hollande, afin d’égarer les soupçons. La France fournit également à l’Allemagne des matières premières pour la fabrication des explosifs. L’usine Dura, près de Bordeaux, expédie des centaines de wagons de cellulose en Allemagne. Cette usine, dont les actionnaires sont en majorité britanniques, a établi un contrat avec l’Allemagne stipulant que la cellulose ne doit être utilisée qu’à la fabrication de produits pacifiques, mais tout le monde sait qu’elle sert à la fabrication des explosifs. La  I.G. Farben Industrie, qui fabrique des explosifs, est en partie (75%) entre les mains d’actionnaires français. Ces faits sont connus en France, mais rien n’est fait pour arrêter de telles pratiques…

« D’autres pays ont également saisi l’occasion que la venue d’Hitler constituait pour eux. La guerre mondiale a démontré le rôle primordial que joue le nickel dans les armements. Or, l’Allemagne ne possède pas de ressources en nickel. D’où l’importance du fait que le Canada a expédié en Hollande six fois plus de nickel dans les six premiers mois de 1933 que dans la même période de 1932. La seule explication de ce phénomène est que le nickel était destiné à l’Allemagne… »

Engelbretch prétendait, en 1934, que la coopération entre les gouvernements et l’industrie des armements, évoquait désagréablement la situation qui précéda 1914. On sait, hélas, aujourd’hui, qu’il ne se trompait pas. Engelbretch a examiné sérieusement l’argument des partisans de la socialisation de l’industrie des armements. Ces derniers prétendaient que, si l’industrie était nationalisée, la vente internationale disparaîtrait virtuellement et le monde pourrait vivre en paix. Engelbretch répond : « Un monde qui admet la guerre et s’attend à la voir éclater ne peut pas se passer d’une industrie des armes entreprenante et moderne. Toutes les tentatives de s’attaquer au seul problème des fabricants d’armes, par la nationalisation ou par le contrôle international, sont presque infailliblement vouées à la faillite… »

« Si les guerres continuent, écrivait Engelbretch, il n’est pas audacieux de prédire que les marchands d’armes verront encore leur importance s’amplifier. Déjà la guerre apparaît comme l’activité primordiale d’un gouvernement. Les conséquences économiques de ce nouveau militarisme apparaîtront rapidement dans l’industrie des armes ». (à suivre)

Louis Dorlet Mai 1980

Il est toujours intéressant de se référer au passé pour constater que pas grand-chose finalement n’a changé dans le fond. Aujourd’hui, par exemple, les entreprises américaines du nucléaire dépensent un milliard de dollars pour acheter de l’uranium aux Russes. Une situation de dépendance alors que les Etats-Unis sont censés être les meilleurs alliés de l’Ukraine. Et que théoriquement il y a des sanctions prises à l’encontre de la Russie, belligérante et ayant envahi une partie du territoire ukrainien. Les Américains passent par Rosatom, entreprise publique russe du secteur nucléaire, pour se procurer le combustible grâce auquel ils produisent plus de la moitié de leur électricité décarbonée.

 Ils paient l’uranium enrichi par le biais de filiales de Rosatom, une compagnie d’État étroitement liée à l’appareil militaire russe.

Voilà un exemple en 2023 de relations coupables et de petits arrangements entre ennemis.

Bruno (GLJD)