La rue est à nous,
Comme à une fête, à une manifestation, une déambulation.
Vive la rue, avec le vertige de se cacher sous un porche, dans un café,
Au milieu d’un flot de passants.
Marcher dans la rue
Comme une écluse qui canalise les bateaux.
Trouvez ces chemins de halage qui vous font cheminer et briller
Comme autant d’années de constellations et d’étincelles
Qui espèrent guider
Quelquefois perdues, décalées
Comme les drapeaux qui nous révèlent.
Rester dans la rue
Comme les engrenages d’une volonté commune
Qui révolutionnent nos tripes
Pour la justice.
Profiter de la rue
Avec le vent qui soulève nos slogans,
Avec des bateleurs, des cracheurs de feu.
La foule fait la chanson,
Avec ses poings engagés, enragés.
Squatter la rue, en prendre possession
Avec plein de foulards et de banderoles
Et suivre leurs traces en marchant
Que vont-ils chercher ?
Où vont-ils ?
Ni serviles ni vils.
Être dans la rue
Comme une dénonciation
Des mensonges d’un pays,
Comme un pavé qu’on jette
Contre l’animosité d’un casque,
Comme une liberté qui souffle dans l’air
Contre les gaz, les lacrymos, les LBD
Avec un bandana, un cache-nez qui enveloppe le visage
En Palestine, en Grèce, en Birmanie et sur toutes les places des martyrs
y compris ceux de Chicago.
Sentir la révolte, la gorge serrée,
Le cœur gros, endolori, les doigts noués
Et cette douleur aux pieds, aux yeux, aux mains.
Marcher dans la rue en chuchotant.
Mais qu’est-ce qu’ils disent ?
Insupportable de ne pas savoir.
Bats-toi et reviens encore
Tout le monde y va
Maintenant et toujours,
Nous n’avons pas peur d’eux.
Et à chaque fois qu’il y aura une injustice
On se retrouvera dans les rues du monde
Sans nous résigner à la soumission
Sans mettre un genou à terre
Jamais
Cela suffira-t-il ?
Ils s’en fichent de tout ce sang
Qu’ils continuent à répandre.
Mais jusqu’à quand ?
Patoche (GLJD)