La révolution ne doit pas être considérée comme un événement lointain

Sieste sur plage

Nous, anarchistes, sommes révolutionnaires car nous sommes contre le capitalisme et l’État. Positivement, nous sommes favorables à l’extension de la démocratie directe et participative dans tous les domaines de la société, ce qui induit  la destruction de l’Etat, car ce qui fait d’un Etat un Etat, c’est qu’il est un appareil de pouvoir hiérarchique et bureaucratique séparé et au-dessus du peuple qu’il gouverne.

La création de la démocratie directe va de pair avec la destruction du capitalisme, qui est la relation hiérarchique et bureaucratique dans laquelle nous, les travailleurs, sommes soumis aux patrons et aux actionnaires qui dirigent et exploitent notre travail pour leurs profits.

La démocratie directe, ce n’est pas voter pour les dirigeants pour qu’ils décident à notre place ; une oligarchie choisie par le vote reste une oligarchie. Non, la démocratie directe est la création et le changement de situations afin que nous puissions nous réunir sur un pied d’égalité pour discuter et décider directement sur toutes les questions qui nous concernent en commun. Mais pour que l’égalité politique fonctionne, il faut impérativement que l’égalité économique et sociale soit effective.

L’objectif des anarchistes est de faire avancer et de défendre les intérêts des travailleurs contre les classes capitalistes et rentières d’aujourd’hui, tout en construisant une organisation sociale capable de mener à bien la révolution sociale et libertaire de demain. Nous pourrions parler de communisme libertaire dans le cadre d’un projet d’autonomie collective et individuelle.

L’autonomie collective et individuelle représente les deux faces d’une même médaille. Vous ne pouvez développer pleinement votre autonomie individuelle que si vous croyez activement et participez aux institutions sociales qui réalisent et pratiquent l’autonomie collective, c’est-à-dire la « démocratie directe » dans son sens direct et participatif. Etre acteur des enjeux et des moyens de les mettre en œuvre.

Alors que le but ultime pour lequel tous les anarchistes travaillent est la révolution sociale, nous affirmons notre autonomie ici et maintenant en essayant de construire des organisations, des alternatives avec ce caractère.

Chaque réunion, chaque grève, chaque projet alternatif représente un événement dans lequel le pouvoir du capitalisme et le pouvoir de l’État rencontrent une résistance et sont repoussés et diminués. Même si c’est pour l’instant à un niveau minime.

Chaque tentative d’organisation et de sensibilisation  démontre davantage le fait que nous pensons et agissons pour nous-mêmes, en tant qu’individus et en tant que membres de la classe ouvrière.

La révolution ne doit pas être considérée comme un événement lointain, du tout ou rien. La révolution est l’ensemble des étapes sur le chemin vers, à travers et au-delà de tout point culminant de la lutte. Et rien de ce que nous faisons pour nous soutenir mutuellement à travers l’organisation et le militantisme d’une organisation anarcho-syndicaliste, d’une association… n’est inutile. C’est ce qui la rend réaliste en tant que stratégie révolutionnaire à long terme. Les avantages de la participation sont directs et gratifiants malgré la distance qui nous sépare de notre objectif ultime.

Les valeurs, actions et formes de relations (égalité, autonomie, solidarité, entraide, démocratie directe, action directe, fédéralisme…) que nous mettons en pratique aujourd’hui dans nos organisations sont les mêmes valeurs, actions et formes de relations qui caractériseront un avenir de société anarchiste et socialiste libertaire.

Et rien ne renforce plus la confiance en soi et une véritable amitié avec les autres que de s’engager dans une lutte pour de meilleurs salaires et conditions de travail ou pour obtenir la réintégration ou l’indemnisation de travailleurs licenciés. Nous n’avons pas besoin que les bureaucrates syndicaux traditionnels, bien souvent des politiciens, nous disent comment faire ces choses. Nous sommes plus créatifs et obtenons de meilleurs résultats lorsque nous le faisons pour nous-mêmes et par nous-mêmes.

Nous pouvons nous passer des patrons, des bureaucrates et des politiciens, mais eux ne peuvent pas se passer de nous. C’est notre force et notre pouvoir. Nous sommes le nombre.

Il suffit de réfléchir, de s’organiser et de se serrer les coudes pour agir. Nous avons les outils pour le faire. Reste à les utiliser à bon escient en sachant que le but fixé conditionne les moyens pour y arriver.

Faites appel à l’impulsion naturelle des gens contre le pouvoir. Faites confiance à l’idée que l’entraide construit des communautés d’anarchistes et qu’elle est bien supérieure à toute autre méthode. Pensez le fait que l’anarchie n’exclut pas les relations interpersonnelles et les activités comme un élément clé de l’organisation, mais l’embrasse et l’inclut activement dans une dimension universelle.

Nous ne devrions jamais oublier que les anarchistes ont l’argument biologique le plus clair et le plus solide pour notre vision d’une nouvelle société. Tenons notre camarade Pierre Kropotkine en haute estime. Maintes et maintes fois, il a été démontré que les organismes qui s’organisent en sociétés de modèles coopératifs et socialement interdépendants sont ceux qui « réussissent » le mieux à s’adapter à leurs pressions de sélection environnementales.

La raison pour laquelle l’anarchie reste une entreprise vivante vient d’un cadre souple et affinitaire de camarades qui se sont regroupés autour d’idées, voire d’une pratique collective. C’est notre pratique interpersonnelle, notre compréhension interdépendante et intersubjective de la tradition qui nous permet d’être forts. Si l’anarchie n’avait pas commencé avec le concept de libre association, nous serions loin d’être aussi profondément et fermement engagés un peu partout que nous le sommes. Nous serions des feuilles rabougries et battues au vent. Au contraire, la sève libertaire continue d’irriguer nos aspirations.

Le précepte d’entraide dévoile le projet anarchiste de l’abolition du Capital et de l’État. Non seulement l’anarchie exige que la consommation soit éthique, c’est-à-dire libre de toute relation de pouvoir et de  domination, mais il insiste également sur le fait que la production et la distribution se transforment également en processus sans hiérarchie. La manière libertaire s’effectue de bas en haut.

Gwen (56) pour le libertaire