Révolution: égalité économique et sociale

Hier, Macron demandait aux riches de ne pas oublier les pauvres restés au bord du chemin. Intention louable si elle ne restait pas lettre morte comme ce fut le cas depuis des temps immémoriaux. Il désirait tout comme l’ancien prétendant au trône, Dominique Strauss- Khan, s’attaquer aux inégalités ou plutôt à leurs racines. Chirac voulait s’attaquer à la fracture sociale. On sait ce qu’il est advenu de cette belle promesse. Et le président Macron court toujours sur le terrain de la justice sociale…en fustigeant la « logique de guichet ». Il convoque même l’émancipation. Et Gabriel Attal, aux ordres, entend s’en prendre aux ultrariches, aux plus puissants…En réalité, le gouvernement cherche à se redorer le blason et faire oublier sa réforme des retraites qui ne passe toujours pas. Et tous ces hypocrites essaient de nous faire croire qu’ils ont entendu le sentiment d’injustice qui règne en France. Ce sont des politiciens qui en fins stratèges jouent avec le feu. Utilisant une loi antiterroriste, ils ont voulu interdire toutes les casserolades mais ont autorisé un défilé néo-nazi samedi 6 mai 2023, en plein Paris. Belle propagande pour les néo-nazis. Deux poids deux mesures.

Les anarchistes répondent au gouvernement que nous  sommes partisans de la révolution économique, et que l’heure arrive. L’égalité politique est une fiction sans égalité économique et sociale. Voyons le point de vue de Proudhon:

« Les Révolutions : manifestations successives de la Justice

Les révolutions sont les manifestations successives de la Justice dans l’humanité. C’est pour cela que toute révolution a son point de départ dans une révolution antérieure.

Qui dit donc révolution, dit nécessairement progrès, dit par cela même conservation. D’où il suit que la révolution est en permanence dans l’histoire, et qu’à proprement parler il n’y a pas eu plusieurs révolutions, il n’y a eu qu’une seule et même révolution.

La révolution déclare tous les hommes égaux en droit. Cette justice égalitaire est la loi de la révolution.

La révolution d’il y a dix-huit siècles s’appelait l’Evangile. L’égalité de tous devant Dieu. Le Christianisme créa le droit des gens, la fraternité des nations. Tel fut le caractère de la première et la plus grande des révolutions. Elle renouvela le monde, et en la renouvelant, elle le conserva. Mais cette révolution ne suffisait pas à l’émancipation de l’homme, elle appelait une autre révolution.

Vers le XVIème siècle, la révolution éclata. La révolution, à cette époque, sans se renier elle-même, prit un autre nom, elle s’appela la philosophie. Elle eut pour dogme la liberté de la raison, pour devise, l’égalité de tous devant la raison.

Voilà quelle fut la seconde révolution, la deuxième grande manifestation de la justice. Elle aussi rajeunit le monde, elle le sauva.

Vers le milieu du siècle dernier commença une nouvelle élaboration ; et comme la première évolution avait été religieuse, et la seconde philosophique, la troisième révolution fut politique. Elle s’appela le contrat social. Elle prit pour dogme la souveraineté du peuple. Sa devise fut l’égalité devant la loi.

Ainsi, à chaque révolution, la liberté nous apparaît toujours comme l’instrument de la justice, et l’égalité son critérium.

La justice a sonné sa quatrième heure ; sa devise : l’égalité devant la fortune.

La révolution après avoir été tour à tour, religieuse, philosophique, politique, est devenue économique, et comme toutes ses devancières, ce n’est rien de moins qu’une contradiction au passé, une sorte de renversement de l’ordre établi qu’elle nous apporte. Sans ce revirement complet des principes et des croyances, il n’y a pas de révolution. »

Proudhon