Retraites : encore une réforme pour moins payer les futurs retraités
Depuis une trentaine d’années, le pouvoir d’achat des retraités a diminué, c’est incontestable. Comme les retraites sont désindexées, celles-ci ne suivent plus le salaire moyen. Plus la pension est ancienne plus elle a perdu de pouvoir d’achat. C’est un constat. Le gouvernement Macron ne fait qu’accentuer cette tendance avec la hausse de la CSG et la sous-indexation des retraites prévue pour 2019 et 2020. La macronie occulte délibérément le fait que les retraités doivent régler les services d’aide à la personne, à la fin de leur vie, en fonction des prix réels d’aujourd’hui. D’où une dégradation supplémentaire du pouvoir d’achat de nos anciens et une paupérisation rampante de ces derniers que des technocrates peu scrupuleux essaient de faire passer pour des privilégiés.
Pourquoi une énième réforme des retraites alors que si la part des pensions représente de nos jours 15% de PIB, elle sera de 11,8% en 2070. Les comptes sont à l’équilibre depuis 2016. L’enjeu actuel est de reporter de facto l’âge de départ à la retraite pour toucher une retraite décente. Encore faut-il s’entendre sur le montant d’une retraite correcte. Quand on sait que la retraite moyenne aujourd’hui avoisine les 1300 euros, on se doute bien qu’avec ce montant, on ne fait pas des folies. Et pire pour ceux et celles qui touchent encore moins. Donc reculer l’âge de départ est l’un des objectifs de cette réforme et les libéraux n’oublient pas non plus leur vieille lubie de prendre des assurances privées pour améliorer l’ordinaire de retraites médiocres. La capitalisation qui spécule en Bourse ne profitera qu’aux winners mais risque de n’être qu’un leurre pour la plupart des gens. En clair, la future retraite à points baissera quand parallèlement l’espérance de vie augmentera, sauf à travailler plus longtemps. Le numéro d’équilibriste est au point. On ne touche pas l’âge légal pour partir en retraite mais en partant à 62 ans, la retraite sera tellement minorée que les travailleurs seront obligés de rester davantage de temps au boulot. Macron conçoit la retraite comme un coût qui contrarie la compétitivité des entreprises alors qu’elle est un salaire différé et pourquoi pas un droit enfin de profiter de la vie, sans avoir un réveil qui sonne tous les matins. Il est curieux que les dirigeants des grandes entreprises bénéficient de plans de retraite plutôt favorables sans qu’on leur fasse grief de grever cette fameuse compétitivité.
D’autre part, la retraite était jusqu’à maintenant le lien qui unissait les générations entre elles. Les actifs payant pour les retraités avant de profiter à leur tour d’un paiement de leur retraite quand l’âge du départ leur permet d’être radiés des cadres…En rompant ce lien, c’est la réaction qui revient au galop en nous promettant un retour au XIXème siècle.
Pendant des années, la préretraite a servi de variable d’ajustement et de traitement partiel du chômage : 705 000 préretraités en 1983. La réduction des déficits publics demandée par l’Union européenne a obligé les gouvernements successifs à modifier l’âge de départ en retraite et les règles de calcul des retraites. Et si l’on changeait son fusil d’épaule ? En égalisant les retraites des femmes et des hommes, par le haut ! Pas une retraite en dessous de 1500 euros par mois. Taxer la finance, taxer davantage les revenus du capital, majorer le taux d’impôt sur les sociétés…En attendant que les travailleurs se prennent en main en gérant directement les entreprises, les services, les communes…dans le cadre d’une société libertaire.
Leur société est cimentée sur la religion du profit et du pouvoir, la nôtre sur celle de l’égalité économique et sociale. De nombreux travailleurs sont résignés aujourd’hui ce qui induit un manque de détermination à la base pour lutter collectivement. Pour combien de temps ? Là est la question ! Une chose est sûre, ce ne sont pas les résultats des élections européennes qui changeront les choses en 2019.