Contrairement à la Commune de Paris, la révolution de 1848 n’a pas marqué durablement l’imaginaire – et encore moins la mythologie – du mouvement ouvrier. Si les massacres du 22 au 26 juin sont bien connus, les journées de février – du 22 au 25 – et les épisodes qui se déroulèrent entre ces deux dates bénéficient rarement d’une attention digne de leurs caractères fondateurs. Tout au plus, et jamais sans trop s’attarder, évoque-t-on le communisme d’inspiration chrétienne d’Étienne Cabet (1788-1856), les fantaisies saint-simoniennes ou les utopies fouriéristes, plus rarement le socialisme républicain de Pierre-Henri Leroux (1797-1871) ; et encore plus rare-ment, ce peuple de Paris, ouvriers, journaliers, portefaix, compagnons, domestiques, artisans et petits boutiquiers tenant échoppe, cette sans culotte-rie en somme qui, en 1830 déjà s’insurgeait, armes à la main et au nom d’idéaux hérités de leurs pères : l’esprit de liberté, l’égalité entre tous – qu’elle soit sociale, économique, juridique ou politique – et, ne l’oublions pas, la fraternité dans les moeurs sans laquelle rien de tout cela ne serait possible, avec en toile de fond, de manière explicite, l’idée que le principe de libre association devait constituer l’assise de toute démocratie (directe).
le_printemps_du_peuple_ouvrier_debry_