Nous croyons que la révolution à venir sera éco-sociale, c’est-à-dire écologique, sociale et libertaire. A défaut d’une telle Révolution, nous nous embourberons à nouveau dans une révolution autoritaire avec un Etat fort, ce qui aura pour conséquence une perte de liberté. L’effondrement actuel ouvre la voie, par la décroissance, vers une société anarchiste, où l’autogestion, l’entraide et le fédéralisme peuvent servir de base à un monde où le sens de l’humanité est retrouvé, en harmonie avec la nature contre les valeurs du pouvoir, des dominations, de l’argent et du marché, qui nous ont amenés à l’ impasse où nous nous trouvons.
L’effondrement (changement climatique, pandémies, crise économique et sociale…) commence. Les propriétaires du pouvoir économique, militaire et politique en sont également conscients et savent que leur modèle va exploser. Pour protéger leurs privilèges et leurs intérêts, ils construisent déjà ce qu’on l’on peut appeler l’éco-fascisme, contre lequel il n’y aura pas d’autre solution qu’un affrontement, une révolution pour empêcher la perpétuation d’un système qui détruit la vie sur cette planète et qui court aux limites de la biosphère qui disparaît à vue d’œil. Les militants qui agissent pour la planète en dénonçant l’incurie des gouvernements et des grandes entreprises, risquent de lourdes peines de prison. L’Etat réprime à tour de bras à l’aide de sa police et de sa justice.
La transition vers un nouveau modèle social viendra. Ce sera lent et difficile car cela signifiera un changement radical des mentalités et il faudra se baser sur la décroissance, sur la fin du système patriarcal, sur l’abandon progressif des mégalopoles, sur la fin du gaspillage et de la consommation irrationnelle, à la recherche de vies plus simples mais plus riches socialement et de communautés plus soudées, moins communautaristes… Bref, cela signifiera une disparition programmée de la société de croissance qui nous forcera à abandonner notre mode de vie. La décroissance est une nécessité, pas un principe ou un idéal, c’est une phase dans laquelle l’objectif insensé de croissance pour la croissance prend fin. Pour ce faire, nous devons abandonner l’économie capitaliste. Une croissance infinie dans un monde fini est un non-sens. Cette croissance infinie ne sert que les spéculateurs et les profiteurs.
Il est vrai que de nombreuses personnes, individuellement, ont choisi une éthique personnelle différente et la pratiquent déjà au quotidien. Cependant, si leur exemple peut servir de modèle à d’autres, ils ne remettent pas radicalement en cause le système, et sans cette remise en cause structurelle, le changement équivaudra à un pansement sur une jambe de bois.
Dans notre idée, l’anarchisme reflète parfaitement le nouveau modèle qui dépassera le capitalisme et l’État-nation, basé sur une société auto-organisée et coopérative, où l’altruisme primera sur l’égoïsme, la coopération remplacera la concurrence effrénée…
Nous ne sommes pas obséder par le travail mais plutôt par le plaisir et le goût du travail bien fait et si possible en y accordant le moins de temps possible pour davantage de loisirs choisis. Avec cette approche initiale, nous voulons commencer à émettre des propositions qui façonneront à la fois l’analyse de ce processus vers la révolution éco-sociale et la décroissance ainsi que celle de la nouvelle société qui viendra parallèlement avec la transition éco-sociale libertaire.
Que nous dit, ou que confirme cette période particulièrement dense que nous vivons aujourd’hui après les mobilisations contre la réforme des retraites de Macron ?
Premièrement, que le capitalisme continuera à nous exploiter et nous pressuriser si nous n’arrivons pas à l’arrêter à temps. Il détruira la Terre, la vie et l’humanité dans sa poursuite insatiable du profit, c’est-à-dire dans sa logique insensée d’accumulation. Cela se traduit déjà depuis des décennies: inégalités croissantes, misère, privation de liberté, souffrance au travail, destruction de la planète, difficultés à se loger… La disparition massive des forêts suffit à diagnostiquer le fléau mortel qui nous ronge : le capitalisme est une pandémie, un virus mortel qui monopolise, transforme et détruit tout ce qui existe à la surface de la terre.
Une deuxième chose importante que nous montre clairement cette séquence historique est que le pouvoir ne cédera pas -sinon quelques miettes qu’il regagnera plus tard- si nous ne l’éliminons pas une fois pour toutes. Tout pouvoir repose avant tout sur une représentation symbolique soigneusement élaborée et sur le conditionnement ancestral de la servitude volontaire. Par conséquent, cette misère doit être comprise à la fois dans nos esprits -dans l’imaginaire social- et dans la façon dont nous nous organisons, ne permettant plus jamais à personne de nous gouverner, sauf nous-mêmes. Prendre le contrôle de nos vies est la clé du succès. Le marxisme n’est donc pas une option pour nous.
La troisième chose à retenir en ces temps difficiles, c’est que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir franchir ce cap pour passer à autre chose. Il nous reste à trouver la bonne démarche car nous avons été très nombreux dans la rue depuis le mois de janvier 2023. Jusqu’à deux à trois millions lors de certaines manifestations. Il conviendra d’étudier les raisons de notre échec collectif.
Il n’y a qu’une seule issue possible.
Le temps s’accélère. Le compte à rebours indique les menaces qui planent sur nous : misère croissante, l’épuisement des ressources, l’extinction des espèces, l’expansion de la guerre, l’anéantissement de nos poches d’utopies, le fascisme furtif, le totalitarisme omniscient en marche et la destruction de la planète.
Nous n’avons qu’une seule issue possible : nous libérer. Autour de nous, le monde entier est une prison. Non pas le monde en tant que planète sur laquelle nous vivons, mais en tant que modèle de société qui s’est répandu sur toute la planète. Une société basée sur l’organisation hiérarchique, la compétition et l’accumulation au détriment des autres. Une société complètement dépassée, ou plutôt une société qu’il faut dépasser.
Nous avons beaucoup à gagner en choisissant la concertation et l’entraide plutôt que la domination, le consensus plutôt que l’arbitraire des dirigeants, l’horizontalité plutôt que la verticalité… Et la première de ces réalisations sera l’intelligence collective. De même, nous avons tout à gagner à choisir la coopération plutôt que la compétition, l’entraide plutôt que l’exploitation, la joie de vivre plutôt que l’élan maladif de se croire supérieur aux autres. Tout d’abord, nous gagnerons l’harmonie, c’est-à-dire un bonheur paisible et partagé. Nous avons beaucoup à gagner à réfléchir et agir ensemble, le plus possible, motivés et inlassablement, scier les barreaux des prisons du vieux monde qui se meurt. Nous ne voulons plus être étouffés, dévastés et mutilés par cette société qui finalement nous ronge. Nous avons beaucoup à gagner si nous nous libérons et changeons d’ère.
Désespérer, c’est oublier trop vite ce dont nous sommes capables, chacun et chacune, ensemble. La fameuse créativité de l’humanité qui a déjà réalisé tant de choses magnifiques dans les arts et les techniques, le génie de la vie, la beauté du monde en dehors de cette société qui se nécrose.
Il reste donc à sortir de l’histoire politique préhistorique de l’humanité. En finir avec la hiérarchie et la course sans fin aux profits. Mettre fin à la servitude volontaire. Mettre fin à la société autoritaire et au capitalisme. Nous en sommes capables : l’histoire l’a montré, même si ceux qui veulent nous gouverner sont déterminés à faire disparaître toutes nos tentatives, passées et présentes. Nous savons que nous en sommes capables et surtout que nous n’avons pas d’autre choix : ce sera la liberté, l’utopie ou la mort, la subordination et l’aliénation.
TI WI (GLJD)