Pas un rond pour les marchands de canons

Pas un rond pour les marchands de canons

En temps d’entre-deux guerres comme c’est le cas aujourd’hui, l’injustice sociale se développe et il ne peut en être autrement. Pendant toute la période préparatoire à une guerre, le budget militaire ne cesse de croître. La course aux armements augmente sans cesse le volume des dépenses destinées à la pseudo-défense nationale ou maintenant européenne. Pour trouver l’argent nécessaire à cet accroissement continu, l’Etat use de deux moyens. D’abord il augmente les impôts directs et indirects même si aujourd’hui Macron s’en est défendu dans son allocution aux Français le 5 Mars 2025. Mais ce n’est qu’une question de temps. Après avoir bien travaillé l’opinion publique, il viendra à cette augmentation. Les contribuables aux ressources faibles ou moyennes supporteront, proportionnellement, des impôts infiniment plus lourds que ceux des riches. C’est déjà le cas pour les impôts indirects qui sont les plus injustes dans leur forme actuelle.

Le second moyen, c’est de demander aux Français, au nom du patriotisme et de la grandeur de la France, de faire des efforts, c’est-à-dire d’accepter des coupes budgétaires supérieures à celles d’aujourd’hui. Il faut faire davantage d’économies. En clair, la misère actuelle des hôpitaux et des écoles publiques, par exemple, s’accroîtra. Les sommes indispensables aux services publics seront ponctionnées pour gonfler les milliards qui iront aux marchands de canons. L’Etat s’attaquera aux retraités et aux chômeurs en diminuant leur pouvoir d’achat. L’offre de soins pâtira des coupes budgétaires mais en revanche la France dispose d’une prestigieuse force de frappe !

Si les hôpitaux manquent de lits, de soignants, d’équipements…avec une saturation aux urgences, les riches pourront toujours se faire soigner dans des cliniques privées où ils ne risquent pas de côtoyer les prolétaires.

En temps de guerre, les différences sociales se creusent encore davantage. Les travailleurs et les pauvres gens supportent seuls la misère croissante, issue du conflit.

Alors oui, nous sommes pacifistes car nous sommes pour l’égalité économique et sociale. Nous sommes pacifistes par amour de la liberté ; nous détestons les dominations et l’exploitation de l’homme par l’homme. Nous sommes pour la justice sociale et fiscale. La guerre, c’est la dictature qui se met en place et les libertés qui s’évanouissent. La guerre, ce sont des meurtres prémédités et notre éthique libertaire réprouve l’assassinat qui est loin d’être un acte glorieux. On ne construit rien avec la mort. « Quelle connerie la guerre ! » (Prévert)

Ce sont toujours les travailleurs des deux camps belligérants qui se massacrent. Les planqués de l’arrière ne risquent pas grand-chose.

Contre la marche vers la guerre et la barbarie, le temps nous est compté. La plupart des gens condamnent la guerre dans son principe, mais l’acceptent néanmoins sous certaines conditions. A nous de leur déciller les yeux. Refusons ensemble l’armement généralisé et l’escalade militaire. Pas un rond pour les marchands de canon. Réhabilitons les devises ouvrières : « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » et « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous », formules qui semblent désuètes mais ô combien d’actualité pourtant. Revitalisons les idées internationalistes et antimilitaristes qui ont animé nos anciens mais qui ont quasiment disparu du champ des luttes alors qu’elles sont plus nécessaires que jamais.

Les complexes militaro-industriels sont une source de profits inimaginables pour certains hommes et certaines femmes, pour certaines multinationales, qui, avec les sommes colossales dont ils disposent, peuvent acheter nombre de politiciens. Louis Lecoin et Jean Gauchon avaient coutume de dire : « C’est cette racaille dorée qui dirige, d’une manière plus ou moins occulte, les fameuses conférences du désarmement ». Ils proclament tous la main sur le cœur, les yeux dans les yeux, leur haine de la guerre mais ils oeuvrent en coulisse dans les méandres et les ténébreuses intrigues diplomatiques, bien peu favorables en réalité à la paix du monde. Ces puissants bellicistes défendent les intérêts des munitionnaires. Hier Schneider en France et Krupp en Allemagne ; aujourd’hui il vous suffit de regarder quelles actions d’entreprises grimpent en flèche partout en Europe.

« Supprimez l’armée, vous supprimez la guerre ». Victor Hugo

Patoche (GLJD)