Pas de planète, pas de retraite
En ces temps de mobilisation sociale pour éviter de sacrifier deux ans de sa vie pour le patronat et l’Etat, les pancartes « Pas de planète, pas de retraite » peuvent sembler un brin provocatrices mais à y regarder de plus près, ce n’est pas le cas. La disparition des populations d’insectes, d’environ 80% depuis une trentaine d’années a de quoi inquiéter. Et le phénomène de la crise de la biodiversité continue sans relâche. L’entomofaune disparaît sous le regard hagard de certains agriculteurs. Ces derniers dont nombre meurent du cancer après avoir utilisé des pesticides toute leur vie, feraient bien de faire attention à ne pas tuer la poule aux œufs d’or. Les écosystèmes ne peuvent être détruits sous peine de casser toute la chaîne alimentaire. Car des insectes, dépendent les oiseaux et toutes formes de vie : chauve-souris, reptiles, poissons d’eau douce…
Les responsables politiques dont le but est de perdurer dans leur fonction sont plutôt du genre lâches quand il s’agit de s’attaquer aux problèmes de fond. C’est pourtant l’usage persistant des pesticides qui nous a conduits à cet état de délabrement de la biodiversité. Pendant des années, les néonicotinoïdes ont été utilisés par les betteraviers et ont largement participé à l’effondrement des populations d’insectes. Les insectes sont pourtant bien utiles pour la pollinisation des cultures, la régulation des ravageurs…Nous sommes dans une crise écologique majeure. Ce qui a et aura des répercussions sur le prix des fruits et des légumes d’autant que les nappes phréatiques sont polluées à cause aussi d’insecticides. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) vient d’interdire le S-métolachlore. Les métabolites de ce pesticide se retrouvent dans les eaux souterraines dépassant les normes européennes. Cet herbicide est principalement utilisé pour les cultures du maïs et le tournesol. Deux mille tonnes de ce produit sont épandus en France chaque année. C’est l’agrochimiste Syngenta qui commercialise ce produit. Des études en cours évaluent la possibilité que l’eau distribuée au robinet puisse être aussi contaminée et que cet herbicide puisse être de même un perturbateur endocrinien.
La détérioration des sols diminue parallèlement la recharge des nappes. D’où des restrictions d’usages de l’eau qui mettent en tension les agriculteurs et les citoyens. Voir aussi l’aberration de la construction de bassines.
Cela fait des années déjà que l’on se préoccupe (pas suffisamment il est vrai) du trou de la couche d’ozone, du dérèglement climatique, des pluies acides…mais la disparition des insectes se fait à bas bruit. Ce sont les activités humaines qui impactent le monde naturel. Les algues vertes en Bretagne, ce n’est pas une vue de l’esprit. La disparition des abeilles non plus.
Les contrôles étatiques du développement industriel, de l’aménagement du territoire, de l’utilisation des pesticides…se font sous la pression de lobbys qui ont des intérêts financiers dans l’artificialisation des terres, dans l’utilisation des pesticides, dans la création d’usines Seveso…Mais quand arrive un accident (Lubrizol…), on s’aperçoit au final que les contrôles n’empêchent aucunement les dégâts sanitaires et environnementaux. Tout au plus, ils les diffèrent, ce qui est inquiétant pour le futur des populations voisines.
Mais le capitalisme s’organise pour faire des profits. Il peut même ne rien créer et engranger des milliards en spéculant. C’est le cas pour les multinationales du secteur pétrolier qui ont surfé en 2022 sur la crise énergétique pour encaisser 200 milliards d’euros de profits. Et cerise sur le gâteau, ce secteur pétrolier a racheté ses titres pour en diminuer le nombre (en les annulant) ce qui induit une augmentation du bénéfice par titre. Tout cela est légal et permet de doper les cours de la Bourse. Pour se donner bonne conscience, les Chevron, ExxonMobil, Total…verseront leur obole pour la transition énergétique et la décarbonation. Mais les actionnaires n’ont aucun intérêt à sortir de la rente pétrolière, c’est trop juteux. C’est pour cela, entre autres, que les libertaires remettent en cause le capitalisme et les politiciens. Ces derniers nous envoient droit dans le mur. En toute connaissance de cause, ce qui montre leur cynisme.
Pour en revenir aux populations d’insectes qui régressent de manière drastique, le phénomène est européen et certainement mondial. Ce sont les activités humaines et l’agriculture intensive qui sont mises en cause. Les études récentes mettent en corrélation l’utilisation de pesticides et engrais de synthèse et la réduction du nombre d’insectes dans des proportions de 70 à 80%.
Jusqu’où peut-on laisser faire ? Alors, oui, il faut d’abord gagner sur les retraites si l’on veut obtenir d’autres victoires ultérieurement. Au niveau social mais aussi pour la sauvegarde de la planète. Engageons-nous pour une écologie sociale et libertaire.
Goulago (GLJD)