
Les anarchistes le disent, comme d’autres d’ailleurs, l’écologie n’est pas un sujet mais le sujet ; encore faut-il que l’écologie critique l’Etat et ses institutions politiques de reproduction et de domination. Tout le monde s’accorde à dire que les plus riches qui consomment énormément sont responsables en grande partie du réchauffement climatique. L’économiste Lucas Chancel a publié ses recherches et montré que les 10% les plus fortunés ont émis 48% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2019 alors que les 50% les plus pauvres n’étaient responsables que de 12% de ces émissions. On entre ainsi dans un cercle vicieux où les plus pauvres qui ont le moins de responsabilité dans le changement climatique sont les plus impactés par ce dernier. Certaines régions comme l’Amazonie, le Sud-Est asiatique…possèdent peu de ressources pour s’adapter au réchauffement. Elles sont frappées de plein fouet par les inondations, les incendies etc, alors qu’elles ne sont que peu responsables du réchauffement. Il n’y a pas de justice climatique. Le réchauffement n’a pas de frontière. Les émissions de G.E.S. sont liées aux investissements d’entreprises comme Total Energies et à leurs actionnaires…Nous le constatons, ce sont les riches qui polluent le plus : alors ils devraient être taxés en conséquence et surtout ils devraient actionner les leviers dont ils disposent pour ne pas envoyer la planète dans le mur. Si nous n’obligeons pas les riches à le faire, ceux-ci retarderont au maximum leurs actions en ce sens. D’où l’intérêt pour les libertaires de dénoncer l’Etat et d’agir en conséquence : « Le capitalisme ne peut être aboli uniquement par des moyens économiques ou par des révoltes spontanées : il faut démanteler ses formes politiques concrètes, notamment l’État, qui en est l’architecte et le gardien. » (Murray Bookchin)
Les dernières études de fin 2023 indiquent que la taxation des émissions liées aux actifs financiers est plus équitable qu’une taxe carbone touchant toute la population notamment la France d’en bas. On se souvient de l’action des Gilets jaunes quand les prix à la pompe ont flambé. Les politiciens auront beau décréter que les gens doivent rouler en voiture électrique, isoler leur logement, installer des pompes à chaleur, ce sont des vœux pieux pour Bobos et rupins. Le travailleur qui gagne moins de 2000 euros ou le retraité moyen à 1500 euros ne peuvent se payer ces voitures, ces pompes à chaleur etc. Et les politiques publiques ne suivent pas, donc la transition non plus. Mais cela n’est pas étonnant car : « L’État ne peut jamais être l’instrument d’un changement émancipateur. Sa structure hiérarchique, bureaucratique et centralisée est fondamentalement antagoniste à toute forme de démocratie véritablement populaire. » (Bookchin)
De la même manière, on s’aperçoit que le premier plan Ecophyto de 2008 qui prétendait diviser par deux l’utilisation des pesticides en dix ans n’a pas tenu ses promesses. Pire, actuellement, en changeant un indicateur et le mode de calcul, le gouvernement se pare d’une diminution des pesticides. On se demande bien alors pourquoi la biodiversité baisse à la vitesse grand V. Par ailleurs la pollution des nappes phréatiques rend le captage d’eau potable difficile et de plus en plus de ces captages sont interdits à cause de la pollution due aux pesticides. De la même manière, on sait depuis des décennies que les algues vertes en Bretagne sont dues au nitrate et à l’agriculture intensive. Et il est très compliqué de faire bouger les choses quand des histoires de gros sous sont en jeu. Alors les politiciens gagnent du temps et proposent des adaptations au système productiviste mais ne rompent pas avec. On nous gratifie de planification écologique, fiscalité verte…d’accompagnement des agriculteurs pour réduire leur dépendance aux pesticides…Parallèlement, l’Etat repeint tout en vert et « cherche » à démontrer l’impact potentiel sur la santé publique de l’exposition aux pesticides. Ce que l’on sait tous. L’Etat prolonge ainsi la logique de croissance sous des habits durables. On se retrouve honteusement avec un problème similaire à celui de l’amiante. Il faudra de longs combats dans la rue, dans les campagnes, dans les tribunaux pour faire plier l’Etat et ses larbins.
Goulago (GLJD)