Montée de l'extrême droite: merci Macron

Dracula

Macron : hypocrite et démagogue

La macronie est en train de nous la jouer à l’envers en se présentant comme l’ultime rempart contre les populismes en Europe et ailleurs. Hier, c’était Nathalie Loiseau, ministre des affaires européennes, qui assénait « On est en train de jouer « 50 nuances de brun » en Europe ». S’inquiétant de la montée des populismes, des valeurs de liberté en danger et d’un Etat de droit en péril, elle appelle à se battre pour défendre la démocratie. Macron lui emboîte le pas en faisant le parallèle entre la situation politique actuelle et celle de l’entre-deux guerres. La préparation des élections européennes est en cours.

Face à une opinion publique défavorable, le gouvernement Macron continue pourtant à vanter et mettre en application un programme économique mortifère. La montée des populismes est due à ces réformes qui débouchent sur des reculs sociaux importants. Mais là, pas question d’autocritique ni de changement de cap. Privilégier le capital est le crédo des libéraux macroniens. Nous constatons, nous, que la montée de l’extrême droite en France comme ailleurs est corrélative aux mesures anti-sociales prises par les gouvernements et celui de Monsieur Macron n’échappe pas à la règle.

En dehors du mécontentement des retraités avec un pouvoir d’achat rogné d’année en année, des automobilistes qui râlent après la hausse des carburants, des consommateurs qui subissent une augmentation des prix du gaz (20% depuis janvier 2018 !) et de certains produits alimentaires…de nombreux indicateurs passent au rouge. Les promesses électorales de Macron sur le pouvoir d’achat sont contredites par la réalité des faits et la lutte contre le chômage est loin de porter ses fruits puisque la France perd toujours plus d’emplois industriels. Malgré les réformes du code du travail…  « les experts » à la solde du patronat continuent à prétendre que le pays n’est pas assez compétitifs. Sans doute le sera-t-il quand les salariés n’auront plus aucun droit et qu’ils seront réduits en esclavage. Le chômage de longue durée a augmenté de 6,4% en un an. Donc clairement, les mesures imposées par le gouvernement, non seulement n’éradiquent nullement la désindustrialisation et le chômage mais en plus elles diminuent la protection des salariés, dangereusement. Et si la croissance ne reprend pas, la situation de l’emploi n’est pas prête de s’améliorer. Encore une promesse de Macron non tenue, à savoir ramener le chômage à 7% de la population active.

Les inégalités scolaires sont criantes et les gouvernements successifs en sont encore aux constats, aux audits…laissant les enseignants face à une violence qu’ils ne peuvent plus gérer dans certains quartiers ghettoïsés. Et le gouvernement va encore accentuer les clivages en recrutant davantage de contractuels, souvent non formés, pour pallier aux difficultés de recrutement. Sans compter que de nombreux enseignants délaissent ces écoles et collèges difficiles dès qu’ils ont suffisamment de points au barême pour effectuer « le mouvement », d’où un turnover classique : les plus jeunes, les moins formés sont mis en situation devant les élèves les plus démunis. Pendant ce temps-là, les enfants de la bourgeoisie fréquent les écoles privées ou les écoles publiques réputées. Le mélange social n’existe pas.

La réforme de l’Etat n’est pas plus alléchante pour les fonctionnaires : dématérialisation des services publics à 100% afin de réduire le nombre de fonctionnaires (50 000) et effectuer des économies substantielles. Le lien social se délitera entre usagers et employés de l’Etat ; de nombreuses personnes n’ayant pas accès à internet ou étant rétifs à l’usage des technologies numériques feront partie des exclus du système, notamment les personnes âgées. Dans la continuité des attaques contre le code du travail, les tâches des inspecteurs du travail seront revues, ce qui équivaudra à une baisse de la défense des droits des travailleurs.

Quant aux retraites, le gouvernement entend changer la donne et remplacer le régime actuel « par annuité » par celui de « comptes notionnels ». Ce qui conduira les retraités à devenir la variable d’ajustement budgétaire du gouvernement. L’histoire d’un euro cotisé corrélé à des points, c’est de la couillonnade pour les futurs retraités qui verront de fait leur retraite baisser de manière drastique. D’après le collectif Léa Guessier : « Aujourd’hui équivalent à celui des actifs, le niveau de vie des retraités pourrait s’établir à 77% de celui de l’ensemble de la population en 2070 ». D’où pour maintenir un niveau de retraite correct, un glissement vers un système par capitalisation, c’est-à-dire un système encore plus inégalitaire. Le sujet essentiel pour les travailleurs est par conséquent d’obtenir un autre partage des richesses, donc une augmentation des richesses consacrées aux retraites, d’autant que le vieillissement de la population est inexorable, alors anticipons pour que tous et toutes puissent bénéficier d’une retraite égale à au moins 1500 euros d’aujourd’hui. N’oublions pas que la cotisation sociale fait partie intégrante du salaire. Réduire la cotisation sociale, sous prétexte de soulager les « charges » de l’entreprise, c’est réduire le salaire ! Elle n’est pas un prélèvement ou une charge, ni un impôt, ni une taxe, ni une épargne, ni une assurance mais du salaire ! C’est là-dessus que jouent le patronat et l’Etat à son service. Ils lorgnent sur les milliards d’une capitalisation souhaitée pour injecter ceux-ci dans la spéculation financière.

Alors, sérieusement, la politique du gouvernement nous mène droit dans les bras de l’extrême droite. Ce ne sont pas les abstentionnistes qui favorisent les populismes, ce sont les pratiques libérales qui visent toujours le moins-disant sur le plan social. Que chacun prenne ses responsabilités. Nous prendrons les nôtres au moment venu car nous tenons à nos libertés et nos droits mais que les petits marquis de la macronie n’essaient pas de se dédouaner à trop beau compte. Nous serons leur mauvaise conscience et leur rappellerons leurs erreurs et leurs responsabilités dans la poussée des extrêmes droites.

Les politiciens à force de mensonges, d’incompétences ou de corruption, sont décrédibilisés et ce n’est pas l’apanage de l’Europe. Les votards Brésiliens ont préféré un fascho, Bolsonaro, à des escrocs du Parti des Travailleurs. La dictature, c’est ferme ta gueule, la démocratie c’est cause toujours. La démocratie, c’est le système qui permet aux élites de se reproduire et aux financiers de faire leur beurre, sous couvert d’alternance. La dictature, c’est le droit de l’armée, du plus fort, de ceux qui plébiscitent la torture et la manière forte et qui entend bien garder le pouvoir en supprimant tout Etat de droit.

Entre la dictature et la démocratie, il existe la voie libertaire, une alternative autogestionnaire (gestion directe des entreprises, services publics…) organisée de la base au sommet.

L’erreur des socialistes, des anarchistes, des francs-maçons… fin XIXème, début XXème siècle a été de croire que l’éducation, la science et le savoir étaient les conditions de l’émancipation humaine. Si  ce sont des conditions nécessaires, elles ne sont pas suffisantes. L’empathie ou l’intelligence doivent accompagner en même temps ces conditions. Et nous entendons l’intelligence comme de la sensibilité cristallisée (Georges Palante- Combat pour l’individu). Des gens cultivés, mélomanes… et d’une certaine intelligence reconnue par les diplômes ou la bonne société peuvent très bien envoyer des millions de gens à la guerre, gérer des camps de concentration, affamer des millions d’enfants, réduire en esclavage des peuples entiers, en excommunier d’autres, utiliser des femmes et des enfants comme objets sexuels, mettre en péril l’humanité (pollutions…)…Les libertaires ont donc une lourde responsabilité dans ces combats pour l’empathie, la sensibilité…et la morale anarchiste. A nous d’ancrer ces thématiques sur nos lieux de travail, les quartiers et partout où c’est encore possible de discuter et de nous faire entendre.