De quel Etat de droit parlons-nous ?
Les militants écologistes se sont mobilisés contre la mégabassine de Sainte-Soline. Et les camarades qui se sont déplacés dans les Deux-Sèvres ont bien eu raison. D’autant que les scientifiques ont eu beau expliqué que les mégabassines sont des non-sens car elles ont un impact négatif sur les écosystèmes terrestres et côtiers, l’hydrographie, l’humidité des sols…les agro-industriels aidés des pouvoirs publics continuent de s’accaparer l’eau, un bien commun. Un racket de l’eau est ainsi organisé par une minorité. Les systèmes agricoles d’aujourd’hui ne sont plus viables à long terme ; il est temps de repenser l’agriculture et d’écouter les savants, les militants, les paysans de la Confédération paysanne… et la population.
France Nature Environnement possède un dossier très complet sur le « LAC DE CAUSSADE : HISTOIRE D’UN BARRAGE CONSTRUIT EN TOUTE ILLÉGALITÉ ».
Inadapté, dangereux et profondément injuste : le barrage illégal de Caussade, dans le Lot-et-Garonne, est un véritable cas d’école des tensions qui règnent autour de l’eau.
Selon les exploitants du barrage, il suffirait de stocker l’eau l’hiver pour faire face aux sécheresses l’été. Simple ? Imparable ? Non : dangereusement faux.
Les retenues d’eau assèchent durablement le territoire. En effet, l’eau s’inscrit dans un cycle. La stocker, c’est priver les sols et les milieux aquatiques et humides de l’eau dont ils ont besoin pour se régénérer.
C’est aussi favoriser l’évaporation de l’eau qui se réchauffe en stagnant. Une longue analyse des sécheresses entre 1945 et 2005 en Espagne montre ainsi que les bassins versants comportant le plus de barrages sont également ceux qui connaissent le plus de sécheresses. C’est aussi sur ces bassins que les épisodes secs sont les plus sévères et les plus longs.
Voilà pour l’argumentaire de bon sens. Mais le dossier comporte tous les éléments juridiques qui ont permis à la justice de rendre le barrage illégal. Mais ceux à l’origine du projet ont menacé, pour certains, des membres des associations de défense de l’environnement et finalement ont construit le barrage en dépit de la loi.
Donc, le respect de la loi, ce n’est pas pour les porteurs de projets qui ont du fric et des soutiens politiciens. C’est pour les autres.
Les cinq mégabassines de Charente-Maritime suivent la même logique : jugées illégales au regard de la loi mais elles sont construites et exploitées.
A partir du moment où les recours juridiques ne servent à rien si ce n’est à dénoncer des situations injustes et aberrantes, nous comprenons que les manifestations sont le dernier recours à la gabegie de l’eau en cours. L’Etat est responsable des violences, de toutes les violences car il déploie des forces disproportionnées à l’encontre des écologistes. Des forces qui relèvent de l’antiterrorisme comme à Tarnac en traitant les manifestants d’écoterroristes ! Les manifestations violentes des tenants de l’agro-industrie ne sont pas traitées à parité. Ceux qui ont des moyens financiers ne sont pas violents. La violence, c’est comme la délinquance en col blanc, elle est mieux tolérée pour ceux qui ont le pognon.
Les mégabassines, tout comme la réforme des retraites, représentent l’arrogance d’une coterie financière qui s’étonne des jacqueries. La seule réponse que Macron et ses séides nous donne, c’est celle du bâton, de la crosse, des lacrymos et des tirs de LBD.
Mais la Nuit du Quatre août pourrait bien être en avance sur le calendrier cette année.
Patoche (GLJD) le Libertaire Mars 2023