L’Etat providence

« L’État-providence trouve ses origines dans l’Allemagne bismarckienne (dernier tiers du XIXe siècle). Il s’agissait de contenir les antagonismes sociaux par la création de la « sécurité sociale ».

Consolidé de 1930 à 1940, après la Grande Dépression (Roosevelt’s New Deal)

Sa période de plus grande expansion a été de 1940 à 1960, coïncidant avec la reconstruction des pays détruits par la Seconde Guerre mondiale. En Grande-Bretagne, à partir de 1942, sont posés les fondements du Welfare State (État-providence) prôné par le gouvernement travailliste après la Seconde Guerre mondiale : tous les citoyens en âge de travailler doivent payer les charges des impôts sociaux afin de pouvoir établir un ensemble de prestations en cas de maladie, de chômage, de retraite et autres. Cette prise en charge des fonctions par l’État permettra des retombées industrielles telles que l’augmentation de la productivité et, par conséquent, la compétitivité.

Plus tard, l’économiste Keynes a justifié l’intervention publique pour relancer la demande et donc l’économie.

En Grèce, en Italie, en Espagne et au Portugal, l’État-providence s’est développé dans les années 1970-1980. Les syndicats y ont une présence importante assurée par l’extension des accords conclus dans les négociations collectives.

Dans le modèle keynésien sur lequel repose l’État-providence, l’État a un rôle d’intervention qui se précise dans deux domaines :

1) L’État devient un élément dynamique du système économique, dont les objectifs sont de maintenir l’activité, de stimuler la production, d’orienter la politique de dépenses et d’investissements et de corriger les déséquilibres. L’État réactive l’économie, surtout lorsque la croissance n’est pas assurée, en raison des fluctuations auxquelles l’État est soumis.

2) Distribuer les revenus, financer des services sociaux à caractère d’assistance et un système de sécurité sociale, articulés autour de la distribution.

Promotion du plein emploi, politiques de coordination sociale qui garantissent des salaires élevés.

Fournir des ressources suffisantes pour favoriser la consommation interne et contribuer au maintien de la productivité.

Une politique fiscale basée sur un système progressif et personnalisé.

Les États des sociétés occidentales avancées ont développé une politique économique basée sur l’investissement public et les remboursements d’impôts, garantissant avant tout les bénéfices des entreprises, permettant les processus d’accumulation du capital et, avec eux, la réactivation de l’économie.

Promouvoir l’emploi, par le biais d’exonérations fiscales et de subventions, éviter la destruction massive d’emplois, issus des ajustements et des reconversions industrielles et permettre des niveaux de revenus qui permettent le maintien de la consommation intérieure, contribuer à dynamiser le marché et réactiver l’économie surtout dans les moments récessifs du cycle de production. Développer une politique sociale et d’assistance pour faire face à l’inégalité et à la marginalisation que crée le marché. Une politique sociale dans laquelle se développent les droits citoyens inscrits dans les constitutions, qui touchent les domaines sociaux générateurs de bien-être et de sécurité tels que l’éducation, la santé, les retraites, le logement » (Résumé d’une page web consacrée à l’État-providence)

-L’État-providence est un modèle de développement pour la survie du capitalisme, achetant socialement le consentement de la population avec certains avantages sociaux.

L’établissement du consensus et la mise en œuvre de la paix sociale étouffante se réalisent avec la fusion des intérêts de l’État et du capital, représentés par le gouvernement et les soi-disant agents sociaux -hommes d’affaires et syndicats-. Pour garder les apparences de la diversité là où il n’y a qu’homogénéité, les médias de masse recourent à une exposition constante de la lutte folklorique entre syndicats et patronat – où certains font semblant d’exiger et d’autres font semblant de céder, échangeant les rôles selon les besoins – dans laquelle le gouvernement intervient en optant pour l’un ou l’autre selon sa ligne de propagande politique.

L’État-providence est déterminé par l’exigence d’un consensus social, dans lequel toute trace de critique est rejetée comme marginale ou comme le produit du néolibéralisme. Cette discipline de tous les secteurs sociaux conduit à un dévouement à l’État et à ses institutions et va à tel point que sa présence écrasante dans le discours public institutionnel n’est contestée ni par la droite ni par la gauche radicale. L’État-providence est assumé comme intouchable – à tort – par la droite et revendiqué- en vérité – par la gauche. Mais que le modèle soit l’État-providence ou le néolibéralisme, ce qui reste indemne est la structure hiérarchique de la société.

Ses origines autoritaires dans l’Allemagne de Bismarck, unificatrice de la nation allemande et créatrice de la sécurité sociale, avec la précieuse collaboration du leader socialiste Ferdinand Lasalle, ils révèlent que démobiliser la population avec des concessions de l’État est un vieux stratagème. Ces concessions sont soumises au bénéfice de l’autorité étatique elle-même et aux vicissitudes du régime capitaliste. Ce sont des conquêtes sociales dans la mesure où c’est la pression révolutionnaire qui a contribué à leur réalisation et des conquêtes de l’Etat-Capital dans la mesure où elles entravent ou ralentissent l’agitation sociale. Résoudre ce complot bihélicoïdal est la mission des ennemis du système, violant ce discours unanime qui fonctionne de facto comme une dictature. S’il doit y avoir éducation, santé ou pensions publiques et universelles – un autre point à discuter sur lequel nous n’allons pas nous étendre maintenant est que l’anarchisme comprend la santé, l’éducation et les soins aux personnes âgées, handicapés et invalides. Je signale que Kropotkine, avec la technologie de son temps, il y a plus d’un siècle, calculait qu’il suffisait de maintenir la société sans capital d’État, en travaillant quatre heures par jour de vingt-cinq à cinquante-cinq ans et qu’avec cela ils couvriraient tous les besoins sociaux, en éliminant la plus-value et les impôts. Puisque ce sont les gens qui paient tout, laissez les gens gérer. L’État -Capital dans une entité économiquement vide- et la politique consistent précisément à couvrir ce vide – il ne génère rien par lui-même. Elle se borne à mal répartir, et à en réclamer la reconnaissance, les richesses générées par les producteurs et à taxer leur consommation.

A bas l’État-providence et le bien-être de l’État. A bas le capital.