Le comité scientifique et l’ordre des médecins s’étaient opposés à la réouverture des écoles avant septembre dans les conditions actuelles de pandémie.En autorisant l’ouverture des écoles à compter du 12 mai, un voile d’incertitude anxiogène a ainsi été jeté sur une situation et des enseignants qui n’avaient pas besoin de ça. Les parents non plus.
Contraint et forcé, le comité scientifique a alors listé des mesures à mettre en œuvre. Mesures sur lesquelles le ministère s’est appuyé pour élaborer son protocole sanitaire (à télécharger ci-dessous). Ces mesures et recommandations ne sont, de toute évidence, pas applicables dans une école, surtout au niveau des plus petits.
Rouvrir les écoles ne sert qu’à permettre le retour rapide sur leur lieu de travail des salarié-e-s qui n’y ont pas encore été contraints. La question des inégalités scolaires mise en avant par le ministre de l’E.N., J.M. Blanquer, et rappelée par le 1er Ministre est bien sûr importante, mais le Ministre ne s’en préoccupait pas mi-mars quand il s’agissait de mettre la pression sur les enseignant-e-s pour qu’elles/ils assurent une continuité pédagogique, là où il était déjà compliqué de maintenir un lien avec l’école. Et J.M. Blanquer, en refusant tout moratoire sur les suppressions de postes, sait qu’il va mécaniquement augmenter encore les difficultés scolaires, notamment dans les quartiers les plus populaires. Double discours que tout cela et les difficultés scolaires servent d’alibi au gouvernement Macron.
Les parents d’élèves doivent dénoncer les décisions relatives à l’ouverture des écoles le 12 mai 2020: une reprise pour toutes les classes, à marche forcée, sans fixer de temps de préparation pour les équipes éducatives et les mairies dont certaines ont déjà annoncé qu’elles ne rouvriraient pas les écoles de leur commune ; une reprise qui pose des échéances intenables et impose l’urgence aux écoles en faisant peser la responsabilité et l’organisation sur les directeurs, les enseignants et les municipalités.
Le président de la Fédération des parents d’élèves FCPE ne mâchait pas non plus ses mots : Comment fait-on, en si peu de temps, pour mettre en place la progressivité de l’accueil, les classes à effectifs réduits, le respect des gestes barrières, l’approvisionnement en savon, en masques, en gel hydro-alcoolique ? (…) Tout cela me semble improbable, pour ne pas dire plus (…) Au final, on va demander aux parents de choisir entre la scolarisation et la santé de leurs gamins. C’est une forme de chantage insupportable. Et Blanquer indique que ce n’est pas l’école qui est obligatoire en France mais l’instruction.
Les observateurs chevronnés constatent que les objectifs réels du gouvernement ne sont pas assumés. L’argument de la lutte contre le décrochage est un écran de fumée, puisque la priorité concerne avant tout les enfants des couples d’actifs et que la reprise se fera sur la base du volontariat des familles. Le choix d’une reprise par palier décidée pour le collège ne s’inscrit pas davantage dans une logique sociale.
En tout état de cause, le minimum sera d’établir un plan de suivi sanitaire rapproché des personnels et des élèves, et à court terme la constitution d’une médecine de prévention en mesure d’assurer ses missions. Et oui, l’Etat fait obligation au secteur privé d’avoir une médecine du travail mais s’exempte à bon compte pour ses salariés.
Les transporteurs dont la RATP commencent à ruer dans les brancards car le gouvernement les a aussi mis au pied du mur d’assurer une mission quasiment impossible à mener. Ils ont peur à des ruées, mouvements de foule…et des tensions sociales.
Concernant les écoles, les réactionnaires de l’Education Nationale trouveront leur compte dans la distanciation des enfants en classe. Les pédagogues libertaires qui prônent l’entraide et les méthodes actives, un peu moins.
Patoche (Groupe libertaire Jules Durand- GLJD)
Protocole-sanitaire-pour-la-réouverture-des-écoles-maternelles-et-élémentaires-MENJ-3-mai-2020