Les libertaires : une force politique novatrice
On nous rebat les oreilles avec le tripartisme qui s’ancre dans le paysage politique français, tout cela est faux. En réalité, nous sommes en plein bipartisme avec d’un côté le parti des abstentionnistes et de l’autre celui des votants. Le tripartisme ne vise que ce dernier parti, c’est-à-dire à peine 50% de la population compte tenu des votes blancs, nuls…
Ce tripartisme est très instable car il promeut bien peu de perspectives enthousiasmantes.
Un tiers des 50% d’électeurs vote pour le FN qui se découvre depuis peu le représentant du peuple après avoir eu un programme des plus libéraux: contre les grèves, contre les syndicats, pour l’allongement du temps de travail et le recul de l’âge de départ en retraite…
Un autre tiers, de plus en plus droitier, est le chantre du patronat et de l’économisme.
Le dernier tiers, dit de gauche, entremêle maintenant ceux qui aiment l’entreprise (les partisans de Valls, Macron…) et les bobos, moralisateurs de la vie publique mais qui ne vivent et ne travaillent ni dans les quartiers ghettos, ni chez les négriers des temps modernes. Autant dire que ces appointés du militantisme sont bien déconnectés des réalités que vivent les travailleurs par exemple.
Autant dire aussi que la représentation nationale n’offre guère d’alternative à ses électeurs. Mais finalement que représente un tiers d’une moitié de votants : pas grand-chose à vrai dire.
Chacun s’ingénie aujourd’hui à essayer de redonner du sens à la vie politique. Certains entrevoient des perspectives d’avenir avec Podemos en Espagne et Syriza en Grèce. Même si ces mouvements semblent plus sympathiques, ils n’en demeurent pas moins prisonniers du vide intellectuel qui préside à nos destinées.
Nous avons besoin d’un new deal politique et les libertaires ne sont pas démunis de propositions.
Les libertaires ne participent pas à la lutte des places mais la lutte des classes. Ce point est important car il dénote chez nous une non-volonté de parvenir à des fins personnelles. Les terrains d’interventions sont multiples et à notre avis complémentaires à condition d’être fédérés en toute autonomie. Les anarcho-syndicalistes ont leur utilité dans la défense quotidienne des travailleurs et comme rempart aux idées nauséabondes des extrémistes de droite sur les lieux de travail. Les Zadistes ont vocation à empêcher des projets inutiles, coûteux, dangereux écologiquement et ne profitant qu’à une minorité toujours prompte à vouloir se faire du fric sur le dos de la population locale et des contribuables. Ils instaurent des pratiques autogestionnaires qui seront réinvesties dans d’autres luttes. Des libertaires mettent en application des pratiques alternatives dans les quartiers ou chez les intermittents du spectacle : tournées dans les villages, chapiteaux, jeux pour enfants, soirées festives et conviviales…Et nous pourrions citer de multiples autres exemples.
Les libertaires se doivent de gagner par ailleurs la bataille culturelle que nous mène les médias traditionnels : journaux, télé, radio,web…C’est pourquoi, il est de notre devoir d’investir davantage dans la création de nouveaux médias : monter des radios libres, une chaîne de télévision, des journaux (papier et sur le net…) à vocation subversive, le cinéma, des maisons d’édition…Et surtout la chanson qui permet aux jeunes de s’identifier à de nobles causes. Cette bataille culturelle dans tous ces champs entrecroisés est indispensable pour faire contrepoids au décervelage en cours organisé par le pouvoir.
Il ne suffit pas de s’indigner, il faut créer et changer les choses, à son niveau puis à une échelle de plus en plus importante.
La politique est en panne, il faut la réinventer et chasser les mauvaises manières incrustées depuis les origines du suffrage dit universel. Le combat pour construire une société égalitaire, libertaire et fraternelle reste plus que jamais à l’ordre du jour.
Le pire serait de s’abstenir de bouger pour changer de vie et de vision politique et de se retrouver avec pour seul horizon un duel Hollande-Sarkozy ou Sarkozy-Marine Le Pen à la présidentielle de 2017 car finalement les deux premiers ne sont que les deux faces d’une même pièce et les deux derniers le terreau d’une droite dure anti-ouvrière et antisociale.