
La fanfare militaire sonne la charge et nous nous trouvons pris en étau : des retraites et des salaires dignes ou des drones et des canons. Les atteintes aux droits des travailleurs et des chômeurs sont le signe d’une non-stratégie des syndicats et des associations de lutte. Sans combat d’ampleur, nous sommes acculés et certains politiciens en profitent pour s’indigner à bon compte sans pour autant proposer de solutions et surtout un rapport de force pour contrer l’avidité d’un patronat cynique et sans éthique.
Certes, çà et là, des luttes écologiques et sociales sporadiques ou non émergent. D’autres luttes contre l’homophobie, le sexisme, le fascisme, le nucléaire, le militarisme etc. se multiplient mais la convergence de ces luttes piétinent et continuent à être finalement isolées. Les bureaucraties ne sont pas seules à blâmer, le militantisme de délégation de pouvoir nous relègue au rang de spectateurs.
Le voeux pieux du syndiqué acteur de son syndicat, les vieilles rengaines aux slogans éculés, le chacun pour soi, signes des temps, permettent à l’extrême-droite de s’engouffrer dans cette délégation de pouvoir pour mieux étouffer toute velléité de remise en cause du système capitaliste. On a beau revendiquer la réappropriation de l’espace urbain, les luttes de quartier et quelques alternatives concrètes, on sent que la classe ouvrière est fatiguée. Les pratiques politiques d’action directe s’amenuisent, l’éducation populaire reflue et la contre-culture n’est plus que la pâle copie de ce qu’elle était après 1968. Pourtant l’antifascisme n’est pas une lutte du passé ; elle doit évoluer tout comme l’extrême-droite a évolué pour se fondre dans le paysage et se dédiaboliser. L’extrême-droite utilise le vote pour arriver au pouvoir mais nous pensons qu’utiliser l’arme électorale n’est pas la plus efficace contre elle, au contraire. Au jeu électoral, l’extrême-droite est bien plus forte aujourd’hui que les partis de gauche et de droite qui finalement recyclent les idées d’extrême-droite. Valls, Rétailleau, Zemmour ont joué la partition du RN et l’on sait que les électeurs de base préfèrent toujours l’original à la copie.
Rejeter les logiques de guerre, prôner l’internationalisme, retrouver la lutte des classes sur nos lieux de travail, défendre la biodiversité et la planète…sont des enjeux qui bien menés peuvent affaiblir le fascisme qu’il soit radical ou non.
La jeunesse dorée sabre le champagne dans les salons tandis que les jeunes travailleurs et étudiants se serrent la ceinture. Penser un instant quand on est du mauvais côté financier de la barrière que la situation économique va s’améliorer est une erreur d’analyse. La bourgeoisie choisira toujours sa classe contre le camp des travailleurs.
Les anarchistes ne sont pas des pacifistes bêlants mais nous sommes des réfractaires aux ordres, aux dominations de toutes sortes. Notre solidarité va à notre classe et nous pensons que les plus démunis ont le plus intérêt à vouloir changer l’ordre des choses. Même si cela ne se traduit pas malheureusement dans les faits, c’est un objectif auquel nous devons souscrire. Nous sommes d’indécrottables antimilitaristes qui dénonçons et condamnons la multitude des guerres et des conflits armés qui ensanglantent la Terre, sous toutes les latitudes. Les escarmouches entre l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires, valident nos propos mais ne nous rassurent pas pour autant. Depuis 1948 et en 1965, 1971, puis 1999, quatre guerres ont éclaté entre ces deux pays nationalistes. Une cinquième guerre n’est pas à exclure d’autant que les Etats-Unis ont quitté l’Afghanistan et n’ont donc plus besoin du gouvernement pakistanais.
Israël continue ses exactions à Gaza et entend occuper militairement l’enclave palestinienne. Combien de milliers de morts palestiniens faudra-t-il encore pour que la communauté internationale ne prenne des dispositions contre l’Etat hébreu assassin ?
Au Soudan, ce sont 150 000 morts depuis deux ans de guerre civile et plus de 13 millions de Soudanais qui ont été déplacés. Plus de 20 millions d’entre eux sont au bord de la famine.
En Ukraine, Poutine avance ses pions et continue à massacrer des civils. En attendant peut-être d’envahir un autre pays de l’ancien bloc de l’Est ou les Pays scandinaves.
Ainsi va le monde d’aujourd’hui.
Lutter pour une France démilitarisée, contre la production et le commerce de l’industrie de la mort est un but libertaire. Gageons que les politiciens de droite comme de gauche ne nous rejoignent pas car ils restent dans la logique d’un système qui existe depuis des siècles. Les libertaires le disent depuis des décennies, le surarmement n’empêche pas la guerre, il l’anticipe et en accroît les risques car toute production est utilisée sinon cela crèverait les yeux des peuples qu’une production d’armement non utilisée serait donc inutile à fabriquer et spolierait ainsi les oeuvres d’utilité sociale.
Dans le jeu électoral, les sondages nous prédisent un duel RN contre Edouard Philippe pour 2027, ce que nous avions prédit de longue date. Les anarchistes « pragmatiques » vont avoir bien du mal à choisir entre l’extrême-droite et un Philippe qui demandait de passer à la retraite à 67 ans quand il était premier ministre. A ce jeu-là, les travailleurs sont tous et toutes perdantes. Et nous le rappelons, ce ne sont pas les anarchistes qui sont responsables du délabrement de la gauche ni de ses divisions. Qu’on ne compte pas sur nous pour voter Edouard Philippe qui ne sera, s’il est élu, qu’un autre marchepied pour le RN qui croîtra inexorablement sur les dégâts de la casse des services publics, sur les inégalités sociales croissantes, sur un pouvoir d’achat en berne et dont l’étranger sera encore et toujours le bouc-émissaire.…
Ty Wi (GLJD)