La résistance passive

L’abolition de l’Etat ne peut être que le résultat d’une révolution sociale, mais la révolution sociale doit se faire par l’opposition d’une résistance passive à l’autorité.

La résistance passive est l’arme la plus puissante que l’homme ait jamais maniée dans la lutte contre la tyrannie. Elle est la seule résistance qui ait des chances de succès dans notre société à base de subordination militaire et bureaucratique…[…]

 Il ne faut employer la violence contre les représentants de l’autorité que si ceux-ci ont rendu impossible toute agitation pacifique. L’effusion du sang est un mal en elle-même ; cependant son emploi est justifié si toute agitation loyale et ouverte nous est rendue impossible. La résistance passive, la grève pacifique, le refus du paiement de l’impôt, le refus du service militaire, le mépris opiniâtre de toute loi et de toute sommation du pouvoir, tels sont nos moyens de propagande.

Benjamin Tucker

Les anarchistes ont toujours été à la pointe du combat antimilitariste. Plusieurs militants ont été insoumis et il fallait vraiment du courage pour entrer dans une certaine clandestinité. A l’heure où un vent mauvais souffle : montée de l’extrême-droite, réarmement de l’Europe…les anarchistes vont devoir redoubler d’imagination pour combattre les fléaux du fascisme et de la guerre qui pointent leur groin. Plusieurs Etats envisagent le retour au service militaire devant le danger que représente la Russie. Le gouvernement français envisage une économie de guerre qui servirait de levier de croissance à la France. Devrons-nous nous mobiliser encore pour exhorter notre jeunesse à ne pas effectuer le service militaire ? A ne pas succomber aux sirènes de l’esprit guerrier ? Il faut de même avoir à l’esprit que tout appel à la responsabilité se traduira par se serrer la ceinture.

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, et deux lois de programmation militaire (LPM) successives, la France s’est engouffrée dans une montée en puissance du réarmement. La LPM 2019-2025 prévoyait 295 milliards d’euros comme nous l’avions indiqué dans un précédent article du Libertaire et celle de 2024-2030 est en augmentation de 40 % par rapport à la précédente, ce qui se traduit par une somme faramineuse pour un pays comme la France de 413 milliards d’euros.

Notre pays se situe à la deuxième place comme exportateur mondial d’armement avec 9,6% du total des exportations, devant la Russie mais très loin après les Etats-Unis (43%). Ce titre sur le podium avec une médaille d’argent peut rendre fiers les va-t’en guerre mais les pacifistes sont loin de partager leur enthousiasme. Si la Russie a cédé à la France la deuxième place, c’est qu’elle s’est embarquée dans une aventure guerrière contre l’Ukraine depuis 2022 et qu’elle utilise ses armes sur les champs de bataille où de pauvres bougres se font massacrer pour la gloriole de quelques généraux et d’un autocrate qui aimerait bien récupérer les anciens pays de l’Est dans son orbite.

L’Italie produit de nombreux chars et véhicules blindés ; il en va de même pour la France et l’Allemagne. Mais la Corée du Sud et la Turquie entendent jouer aussi dans la cour des grands. La concurrence entre marchands de morts est de plus en plus importante d’autant de gros marchés comme ceux de l’Inde et du Qatar…s’ouvrent. Les Etats-Unis vendent des armes à 107 pays. Ce qui promet à terme un beau conflit mondial.

Pour continuer de renforcer les armées, Macron vise non plus les 2,1 % du PIB mais 3,5 % consacrés aux armées. Le ministre a dit qu’il fallait passer de 50 à 90 milliards d’euros par an. Mais à force de trop tirer sur la corde, elle risque de casser car en stimulant la croissance par les dépenses militaires, il est à parier que l’inflation ne vienne s’attaquer encore au pouvoir d’achat des Français ce qui avec des coûts supplémentaires pour nos importations se solderait de manière négative pour notre économie.

C’est curieux que l’on n’ait pas utilisé la transition écologique comme levier de croissance. Cela aurait été une position originale sur le plan de l’environnement, du dérèglement climatique, de la création de nouveaux emplois, d’une relocalisation industrielle…De surcroît, en renonçant à la violence collective, notre pays se tenait loin des intentions agressives de ceux qui bombent le torse d’autant plus fort qu’ils sont sûrs de ne pas aller au front.

Pour rappel, la France avait surarmé avant 1940, ce qui ne l’a pas empêché d’être battue. La course aux armements n’est jamais un gage de victoire car il y existe toujours un pays ou une coalition plus forte. Alors, pas un rond pour les marchands de canons.

Pas un seul des maux que l’on veut éviter par la guerre n’est un mal aussi grand que la guerre elle-même. Micka (GLJD)