La précarité et la pauvreté en hausse

La précarité s’est installée dans notre société, nous rendant moins optimistes quant à notre avenir individuel et collectif. L’éco-anxiété ajoute au pessimisme ambiant. Alors que l’écart entre les pauvres et les riches se creuse de plus en plus, l’opportunité d’une vie décente génère de nombreux doutes qui nous invitent à regarder ailleurs, à maintenir un minimum de bonheur pendant que nous développons notre fragile projet de vie. Un projet de plus en plus conditionné par un égoïsme exogène qui affecte de plus en plus nos vies : tel est le panorama dont souffre la grande majorité des travailleurs dont la mobilisation peine à se construire dans la durée. La mobilisation du vendredi 13 octobre en témoigne.

Le présent est sombre, qu’en est-il du futur ? Sombre car la guerre est à notre porte en Europe. Sombre car le conflit israélo-palestinien s’éternise et le processus de paix enterré semble s’éloigner encore davantage. Sombre car avec les réformes gouvernementales (RSA, chômage, minima sociaux…) et l’inflation des dizaines de milliers de personnes vont basculer dans la pauvreté en France. Par ailleurs de nombreux travailleurs, poussés par la propagande du système capitaliste, sont de plus en plus convaincus que lorsqu’ils atteindront l’âge de la retraite – en 2027, ce sera 67 ans – le montant de leur pension sera insuffisant pour survivre. Faut-il le tolérer ? Non, les générations passées de travailleurs ont tiré « profit » du capitalisme, quels que soient les salaires, pour améliorer leur vie et celle de la majorité des travailleurs: c’est un héritage que – au minimum – nous sommes obligés de préserver. Préserver les acquis ou plutôt les conquis.

Aujourd’hui, alors que le rapport de forces mondial semble faussement pencher vers le capitalisme, celui-ci croit avoir le droit de nous priver de nos acquis de classe antérieurs, en imposant – depuis les années 90 – une bataille subtile pour convertir les droits de protection sociale acquis – au cours de tant d’années de lutte – dans une entreprise pour accumuler encore plus de capital. Progressivement, en utilisant tout l’appareil d’État, il nous dirige, nous, travailleurs, en matière de retraites, vers la dépossession des ressources de subsistance dans la dernière étape de notre vie. C’est pourquoi, nous devons réfléchir au pourquoi de notre échec lors du dernier conflit sur les retraites qui a pourtant mobilisé grandement.

A chaque réforme menée, à chaque commission parlementaire ou avec le 49.3, fondée sur la peur et la coercition, ils entendent nous pousser à terme sur la voie de la privatisation des retraites – privées ou d’entreprise – , avec le tartufisme inestimable des syndicats réformistes. Nous ne devons pas le permettre.

Notre retraire – fruit d’une vie de travail et d’exploitation – est l’un des objectifs que le capitalisme – sous différents visages – tente de nous retirer ou, du moins, de modifier considérablement à son profit égoïste. Oui, ce sont ces mêmes pensions qui, à un moment de l’histoire, ont servi aux capitalistes et à leurs complices pour contenir l’avancée de la classe ouvrière et de ses organisations, dans un cadre de reconstruction du monde qu’ils avaient eux-mêmes détruit, tentant ainsi de mettre fin à des affrontements interclassistes.

Jour après jour, les travailleurs n’oublient pas la lutte quotidienne sur le lieu de travail et au sein de la société pour une subsistance digne et de qualité dans le cadre économique et social imposé et guidé par l’appétit insatiable de domination d’une minorité.

Nous comprenons que notre lutte pour les retraites doit désormais se concentrer sur les travailleurs actifs actuels et futurs. Nous n’oublions pas la contribution des retraités actuels, ni leur combat exemplaire pour des retraites par répartition. Parallèlement, les mobilisations pour de meilleurs salaires doivent s’accentuer car les fins de mois sont de plus en plus difficiles.

Nous n’oublions pas que de nombreux retraités sont menacés de pauvreté, c’est pourquoi nous exigeons une pension minimale décente à 1800 euros, net. Nous n’oublions pas les femmes retraitées avec lesquelles nous luttons et lutterons en faveur de l’élimination de l’écart de salaires et de retraites entre les sexes, tout comme nous le faisons avec les actifs, pour que disparaissent, une fois pour toutes, les différences économiques, sociales et culturelles. À notre avis, nous devons aussi agir pour des soins de santé de qualité et un plan public de solutions d’hébergement, dotés des ressources nécessaires, pour les personnes âgées où elles seraient traitées avec dignité et respect, en fonction de leurs besoins psychophysiques.

Nous accordons la priorité à la lutte des travailleurs actifs pour les futures retraites, sachant que ce sont eux qui doivent, en premier lieu, prendre le contrôle et l’initiative pour empêcher le capitalisme et ses complices de mettre fin au système de retraite par répartition et de le privatiser, et de l’intégrer activement en capital financier spéculatif, ce qui provoquerait une forte déstabilisation du monde du travail, de fortes fluctuations à la baisse des salaires et un niveau élevé de délocalisations des entreprises vers des pays où le niveau de protection du travail est plus faible.

Il faut à tout prix éviter que le taux de remplacement des nouvelles pensions ne descende en dessous de 90% du dernier salaire. Burno (GLJD)