Pour un Kurdistan fédéraliste libertaire

Achile blessé

Rappelons-nous. Au début des années 2000, Abdullah Öcalan et le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) firent le constat d’une double impasse : le marxismeléninisme
n’est pas une idéologie en mesure de répondre à la modernité capitaliste ;
la guerre de libération nationale pour fonder un État-nation kurde est sans issue.
S’inspirant des travaux d’un philosophe américain, Murray Bookchin, fondateur de
l’écologie sociale et théoricien du municipalisme libertaire, ils imaginent le
confédéralisme démocratique. À la faveur de la révolution syrienne de 2011, les
révolutionnaires du Kurdistan de Syrie avancent cette théorie et mettent en place de
nouvelles institutions civiles et politiques. Chaque communauté ethnique, culturelle,
économique, professionnelle, politique… a la possibilité de s’organiser en conseils
autonomes lesquels s’unissent au sein de la commune d’un village ou d’un quartier.
Les communes se fédèrent aux divers niveaux utiles à la gestion des affaires
collectives en observant une stricte parité entre les femmes et les hommes, en
garantissant la représentation des minorités. On ne crée pas un État nouveau, on
marginalise l’idée même d’État en étendant le champ des autonomies, en
s’appropriant ses missions de service public (santé, éducation, infrastructures,
transports, énergie, etc.) et en réduisant le plus possible ses fonctions régaliennes.
Par exemple, le maintien de l’ordre public et la justice de proximité sont assurés par
les citoyens eux-mêmes. Comme l’État est progressivement subverti par la
commune, le capitalisme le sera par une économie sociale, écologique et autogérée,
initiée par les coopératives de producteurs et de consommateurs. L’utopie prend vie
au Rojava (Kurdistan de l’Ouest). Elle s’étend aujourd’hui dans tout le Nord de la
Syrie et se présente comme une solution pour la paix au Proche-Orient.
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Tout Le Monde déteste le PKK – Pierre Bance – Pdf