Il leur faudrait une bonne guerre

C’est au nom de la Patrie, cette idole dont les pieds baignent dans la boue et le sang, ce « fantôme », comme dit Stirner, cette « nuée » pour employer l’épithète dont les nationalistes qualifient les abstractions qui ne répondent à rien de réel, mais qu’ils oublient d’appliquer à celle qu’ils exploitent, – c’est au nom de la Patrie, qu’on vient demander aux prolétaires, non seulement d’entretenir leur misère, mais de l’aggraver encore ! Le seul argument des bourgeois, la préparation à la guerre, doit donc les laisser indifférents, – mieux : hostiles. La guerre est, d’abord, ignoble. Et cela suffirait à la condamner. Mais elle pourrait être inéluctable ; or elle n’est pas telle par essence, c’est la stupidité des hommes qui l’engendre.

Ensuite, elle est faite au profit de la bourgeoisie capitaliste. Qu’y trouvent, par contre, les prolétaires, qui fournissent en somme, la chair à canon ? La servitude militaire, les charges de la paix armée et celles de la guerre, les infirmités, la mort.

Il est vrai que d’aucuns, parmi les survivants et les inaptes au combat (ceux-ci, souvent, farouches patriotes), y puisent la satisfaction du vœu contenu dans ces odieuses pensée populaires : « Il y a trop de monde, il faudrait une bonne guerre pour faire de la place » et à ceux et celles qui ne sont pas satisfaits de leur sort : « il leur faudrait une bonne guerre ».

Aux travailleurs de décider s’ils préfèrent trouver un mieux-être dans l’assassinat organisé – dont au surplus, chacun d’eux peut être victime – ou si, toute considération de moralité même écartée, il ne serait pas plus intelligent d’apporter quelque prévoyance dans leur activité sexuelle et de faire qu’une « bonne » guerre ne soit pas nécessaire pour que tous aient place au banquet de la vie.

La guerre peut se produire quand le prolétariat est sur le point de se soulever. Dans ce cas, l’Etat pour ne pas disparaître envoie le troupeau à l’abattoir. Pour les capitalistes, c’est encore faire des affaires : ils achètent ainsi la sécurité pour de longues années, comme moyennant finance, ils achèteraient des matières premières ou de la publicité.

Quant aux ruines, si l’aventure a mal tourné, ce sera encore le prolétariat qui les relèvera. N’est-il pas, en définitive, contraint à payer, en toute circonstance, les pots cassés ?

Alors plutôt l’insurrection que la guerre ! La propriété, c’est le vol. Les travailleurs ne veulent plus être volés. Le moment de rendre gorge est venu. Le capital doit être commun à tous les travailleurs et le travail est la seule valeur entraînant rémunération. Si tu veux vivre, travaille. Finis le parasitisme.

Si tu veux la paix, prépare la paix. Si tu veux la paix, supprime les causes de l’oppression et de la domination.

D’après M. D