Grève interprofessionnelle le 9 avril : marre de se laisser faire
Si la mobilisation d’un millier de manifestants hier à Rouen pour bloquer la ville s’est révélée en dessous des espoirs de la CGT pourtant bien présente dans la ville aux cents clochers, la mobilisation de solidarité avec les enseignants de Jules Guesde, au Havre, était au rendez-vous : 600 manifestants et de nombreuses écoles fermées.
Une manifestation d’une telle ampleur marque le profond malaise du corps enseignant du premier degré. Comme un effet miroir, les Professeurs des écoles, en grève hier, montrent au-delà de la seule école Jules Guesde, leur ras-le-bol d’être mal payé, mal considéré et montré du doigt par les médias.
Oui, la société est en crise et par ricochet son école aussi. Mais l’école ne peut absorber tous les chocs de cette crise : chômage des parents, ghettoïsation de certains quartiers, familles qui se délitent, violence, laïcité mise à mal…
Des textes officiels qui sortent et viennent se superposer à d’autres déjà obsolètes, textes qui pour la plupart mettent en difficulté les équipes enseignantes car peu applicables. Gouvernés par des technocrates qui pondent des textes sans voir leur faisabilité en l’état, les enseignants sont submergés de directives via une avalanche quotidienne de mails et de sollicitations diverses et variées.
L’écoeurement s’installe aussi parmi ces dizaines d’instits qui ont vu leurs écoles sortir de la Zone d’Education prioritaire : les écoles d’Harfleur, certaines de Gonfreville-l’Orcher ou du Havre…Car ce qu’on leur promet c’est bien une dégradation de leurs conditions de travail et de salaire !
Ajoutons à cela les divisions et les surenchères politiciennes dues aux élections départementales de fin mars 2015, et nous avons le cocktail réussi d’un mécontentement qui ne cesse de croître d’autant que les autorités académiques font preuve de mépris à l’encontre des enseignants mais aussi des parents qui ne reçoivent jamais de réponse aux courriers envoyés comme s’ils n’existaient pas.
Les dotations budgétaires de l’Etat aux communes viennent en rajouter une couche car les écoles vont subir le contrecoup de ces décisions d’austérité.
Il est temps de redonner des couleurs à l’école et surtout des moyens humains et financiers. En ce qui concerne la pédagogie et de possibles réflexions alternatives, nous ne pouvons qu’inciter les enseignants et éducateurs à consulter le site « Questions de classes ».
Quoiqu’il en soit la solidarité avec les enseignants de Jules Guesde a été remarquable et restera dans les mémoires.
Groupe syndicaliste libertaire du Havre