Gilets jaunes et répression

Charlot

Répression à tout-va

La répression est un rapport social qui fait partie du quotidien. Car, qu’il s’agisse tous azimuts d’assassinats policiers, d’expulsions de squat d’exilés, d’expulsions locatives et de contrôles multiples (CAF, Pôle emploi, services “sociaux”…), c’est la même chasse aux indésirables, teintée de racisme et de mépris de classe ouverts, qui anime le pouvoir et ses larbins visibles en uniforme bleu ou en robe de magistrat. Dans cet esprit, il faut maintenir l’ordre social et le pouvoir sait resserrer l’étau et revaloriser l’espace ici et là en expulsant, en remplaçant celles et ceux qui font tâche au tableau. Etant entendu que les quartiers comme les friches industrielles, entre autres, deviennent des réservoirs à placements capitalistes, lissés et verdis à l’occasion, autant de futurs lieux aseptisés pour un public intégré, friqué et rentable.

Mais le système répressif ne s’arrête pas aux limites des quartiers, des villes et des luttes sociales. Il connaît de multiples raffinements. Outre la vidéo-surveillance qui fleurit partout, le panoptique (c’est-à-dire la possibilité de surveiller tout le monde à partir d’un point donné) s’impose notamment, par la construction de nouvelles prisons high tech…

Récemment encore, l’augmentation de salaires accordée aux flics pendant les mouvements des gilets jaunes, des lycéens et des lycéennes, sans que d’ailleurs presque personne ne pipe mot, nous rappelle que l’ordre n’oublie pas ses représentants zélés. Ceux et celles qui tabassent, blessent et mutilent sont récompensés. Ceux et celles encore qui reconduisent les exilés au-delà des frontières en passant par les centres de rétention sont loués. Cela n’est pas étonnant que ce soit pour défendre la sacro-sainte propriété, le monopole de la violence, les valeurs et les normes dominantes érigées en lois, l’état se donne toujours les moyens de contrôler, de menacer et de punir.

Le contexte actuel, les luttes qui ont cours démontrent à bien des égards qu’il est possible de déjouer l’écrasement que nous subissons tous les jours en reprenant confiance en notre force face à la domination et l’exploitation. On ne peut que s’en réjouir ! Il semble que le goût pour l’initiative, l’action directe et la liberté aient été retrouvés de bien des manières et en bien des endroits en dehors des médiations institutionnelles et sans hiérarchie. Mais tenter de porter des coups au système nous expose aussi à ses foudres. Toujours plus de blessés, d’interpellations et de peines qui s’accumulent. Malgré cela, il est possible de maintenir le conflit en luttant contre la répression et ce qui la sous-tend, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux. Aussi, l’anti-répression ne doit pas devenir un temps mort ou une activité séparée mais bien l’occasion de porter encore des coups au pouvoir et ses détenteurs et détentrices.

Celles et ceux qui tentent de contenir nos révoltes, en leur offrant une porte de sortie citoyenne, politicarde, référendaire au nom d’un peuple ou d’une patrie imaginaire et autres, ne doivent pas nous illusionner. Il s’agit  d’un racket politique qui vise à maintenir ce monde tel qu’il est dans les cadres définis par le pouvoir. Seules nos luttes paient. De même, il n’y pas lieu d’opposer tel cas de répression contre un autre, car c’est là aussi se conformer aux critères du pouvoir. Face à ces constats le temps est venu de tisser des liens pour en finir avec les différents murs de la prison sociale en prenant le maximum de libertés possibles dans une perspective révolutionnaire. Nous sommes le nombre et ensemble nous sommes puissants.

Maintenant, Il s’agit très concrètement d’arracher une possibilité d’existence, d’affirmer nos besoins et nos aspirations.

Le mouvement des gilets jaunes est un moyen qui nous inspire s’il permet de tisser des complicités, des solidarités, des complicités subversives. Parce qu’il est toujours d’actualité de déjouer les séparations sociales qui nous enferment et contribuent à nous rendre étrangers/étrangères les uns aux autres afin de retrouver une capacité d’intervention autonome contre la répression et le monde qui l’a produite.

Jojo le gilet jaune (merci aux camarades de Caen)