Notre deuxième appel s’adresse à tous les gilets jaunes, à toutes celles et ceux qui ne portent pas encore le gilet mais qui ont quand même la rage au ventre. Cela fait désormais plus de six semaines que nous occupons les ronds-points, les cabanes, les places publiques, les routes et que nous sommes présents dans tous les esprits et toutes les conversations. Nous tenons bon. Cela faisait bien longtemps qu’une lutte n’avait pas été aussi suivie, aussi soutenue, ni aussi encourageante.
Encourageante, car nos gouvernants ont tremblé et tremblent encore sur leur piédestal. Encourageante, car ils commencent à concéder quelques miettes. Encourageante, car nous ne nous laissons désormais plus avoir par quelques os à ronger. Encourageante, car nous apprenons toutes et tous ensemble à nous respecter, à nous comprendre, à nous apprécier par et dans notre diversité : des liens sont tissés, des modes de fonctionnement sont essayés et ça, ils ne peuvent plus nous l’enlever.
Encourageante aussi, car nous autres nous avons compris qu’il ne faut plus nous diviser face à l’adversité. Nous avons compris que nos véritables ennemis ce sont les quelques détenteurs d’une richesse immense qu’ils ne partagent pas : les 500 personnes les plus riches de France ont multiplié par trois leurs fortunes depuis la crise financière de 2008 pour atteindre 600 milliards d’euros. Les cadeaux fiscaux et sociaux faits aux plus grandes sociétés s’élèvent également à plusieurs centaines de milliards d’euros par an. C’est intolérable. Encourageante, enfin, car nous avons compris que nous étions capables de nous représenter nous-mêmes, sans tampon entre les puissants et le peuple, sans partis qui canalisent les idées à leur seul profit, sans corps intermédiaires davantage destinés à amortir les chocs, à huiler le système plutôt qu’à nous défendre.
Nous sommes aujourd’hui les victimes de la répression : plusieurs morts et des dizaines de blessés graves. Maudits soient ceux qui ont permis cela. Mais sachant que notre détermination est intacte, bien au contraire. Nous sommes fiers de ce chemin accompli et de toutes ces prises de conscience qui sont autant de victoires sur le système écrasant, et nous sentons très bien que cette fierté est partagée par énormément de gens. Comment pourrait-il en être autrement alors que ce système et ce gouvernement qui le représente n’ont de cesse de détruire les acquis sociaux, les liens entre les gens et notre chère planète ? Il nous faut donc continuer, c’est vital. Il nous faut amplifier ces premiers résultats sans hâte, sans nous épuiser mais sans nous décourager non plus. Prenons le temps, réfléchissons autant que nous agissons.
Nous appelons donc toutes celles et ceux qui partagent cette rage et ce besoin de changement, soit à continuer à porter fièrement le gilet jaune, soit à l’enfiler sans crainte. Il faut désormais nous rassembler partout, former des assemblées citoyennes populaires à taille humaine où la parole et l’écoute sont reines. Des assemblées dans lesquelles, comme à Commercy, chaque décision est prise collectivement, où des délégués sont désignés pour appliquer et mettre en musique les décisions, pas l’inverse, pas comme dans le système actuel. Ces assemblées porteront nos revendications populaires égalitaires sociales et écologiques.
Certains s’autoproclament représentants nationaux ou préparent des listes pour les futures élections. Nous pensons que ce n’est pas le bon procédé. Tout le monde le sent bien : la parole, notre parole, va se perdre dans ce dédale ou être détournée comme dans le système actuel. Nous réaffirmons ici, une fois de plus, l’absolue nécessité de ne nous laisser confisquer notre parole par personne. Une fois ces assemblées démocratiques créées dans un maximum d’endroits, elles ouvriront des cahiers de revendications.
Le gouvernement a demandé aux maires de mettre en place des cahiers de doléances dans les mairies. Nous craignons qu’en faisant ainsi nos revendications soient récupérées et arrangées à leur sauce et qu’à la fin elles ne reflètent plus notre diversité. Nous devons impérativement garder la main sur ces moyens d’expression du peuple. Pour cela nous appelons donc à ce qu’ils soient ouverts et tenus par les assemblées populaires. Qu’ils soient établis par le peuple et pour le peuple.
C’est pourquoi de Commercy nous appelons maintenant à une grande réunion nationale des comités populaires locaux. Fort du succès de notre premier appel, nous vous proposons de l’organiser démocratiquement en janvier, ici, à Commercy, avec des délégués de toute la France pour rassembler les cahiers de revendications et les mettre en commun. Nous vous proposons également d’y débattre tous ensemble des suites de notre mouvement. Nous vous proposons enfin de décider d’un mode d’organisation collectif des gilets jaunes, authentiquement démocratique, issu du peuple et respectant les étapes de la délégation.
Ensemble créons l’assemblée des assemblées, la commune des communes, c’est le sens de l’histoire, c’est notre proposition.
Vive le pouvoir au peuple, par le peuple et pour le peuple !
Les Gilets jaunes de Commercy, le 29 décembre 2018.
Nous proposons que l’assemblée des assemblées se tienne le samedi 26 janvier à 14h à Commercy ou environs.
Ordre du jour et modalités pratiques à venir sur notre page Facebook » Les Gilets Jaunes de Commercy » (https://www.facebook.com/Les-Gilets-Jaunes-de-Commercy-440617629803047/?ref=br_rs)
Inscription et remarques à adresser sur giletsjaunescommercy@gmail.com
Hébergement possible sur demande.
N’hésitez pas à nous contacter si possible avant le 13 janvier 2018