Gilets jaunes et Bakounine

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Relire Bakounine

https://blogs.mediapart.fr/vingtras/blog/030319/relire-bakounine

En 1882, Carlo Cafiero et Elisée Reclus publiaient un petit livre posthume de Michel Bakounine, intitulé « Dieu et l’état ». Il me semble opportun de relire aujourd’hui cet ouvrage qui est le plus actuel des messages que nous adresse le chaudron révolutionnaire du XIXe siècle…

 …car il est la plus belle des leçons qu’un « penseur agissant » puisse tirer de toute une vie consacrée à l’émancipation humaine, le vibrant témoignage d’un vaincu qui peut revendiquer sa qualité de porte-parole des exploités, des laissés pour compte, des humiliés !

C’est le bréviaire de la canaille.

« Aucun homme, quelque puissant qu’il se croie, n’aura jamais la force de supporter le mépris unanime de la société, aucun ne saurait vivre sans se sentir soutenu par l’assentiment et par l’estime au moins d’une partie quelconque de cette société. Il faut qu’un homme soit poussé par une immense et bien sincère conviction pour qu’il trouve en lui le courage d’opiner et de marcher contre tous, et jamais un homme égoïste, dépravé et lâche n’aura ce courage-là.

Rien ne prouve mieux la solidarité naturelle et fatale, cette loi de sociabilité qui relie tous les hommes, que ce fait, que chacun de nous peut constater, chaque jour, et sur lui-même et sur tous les hommes qu’il connaît. Mais si cette puissance sociale existe, pourquoi n’a-t-elle pas suffi, jusqu’à l’heure où il est, à moraliser, à humaniser les hommes ? A cette question, la réponse est très simple : parce que, jusqu’à l’heure qu’il est, elle n’a point été humanisée elle-même, et elle n’a point été humanisée jusqu’ici parce que la vie sociale dont elle est toujours la fidèle expression est fondée, comme on le sait, sur le culte divin, non sur le respect humain, sur l’autorité, non sur la liberté, sur le privilège, non sur l’égalité, sur l’exploitation, non sur la fraternité des hommes, sur l’iniquité et le mensonge, non sur la justice et la vérité. Par conséquent son action réelle, toujours en contradiction avec les théories humanitaires qu’elle professe, a exercé constamment une influence funeste et dépravante, non morale. Elle ne comprime pas les vices et les crimes, elle les crée. Son autorité est par conséquent une autorité antihumaine, son influence est malfaisante et funeste. Voulez-vous les rendre bienfaisantes et humaines ? Faites la révolution sociale. Faites que tous les besoins deviennent réellement solidaires, que les intérêts matériels et sociaux de chacun deviennent conformes aux devoirs humain de chacun. Et pour cela, il n’est qu’un seul moyen : détruisez toutes les institutions de l’inégalité, fondez l’égalité économique et sociale de tous, et sur cette base s’élèvera la liberté, la moralité, l’humanité solidaire de tout le monde. »

Nous ne sommes pas loin de la révolte des ronds-points ni de la fraternité jaune !

« Traversons la rue » pour gagner le socialisme libertaire.

* Dieu et l’État, éditions mille et une nuits (Fayard)

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2019-03-11_lettre_ouverte_1_