L’humain est un animal social, il ne peut vivre seul. Les anarchistes ayant comme but une société sans Etat, dans laquelle l’épanouissement maximum est assuré à chaque individu, il est logique que les libertaires s’organisent. L’absence d’organisation, c’est la loi du plus fort. Ce n’est en rien anarchiste. Nous ne sommes pas contre la société mais contre certaines formes de société, celles où une minorité (ou une majorité d’ailleurs) exploite une autre. C’est aussi pour cela que nous ne voulons pas marcher au pas.
Nous ne critiquons pas pour le plaisir de critiquer mais parce que nous aspirons à mieux. Nous sommes ainsi contre l’armée parce que nous voulons la paix, parce que l’armée défend les privilèges des dirigeants (Etat et bourgeoisie), parce qu’elle est un gaspillage d’argent et de cerveaux voués à la préparation de la guerre. Elle est socialement inutile, même nuisible.
A chaque époque, elle représente un détournement de fonds au détriment de l’Education, de la santé…Aujourd’hui, la généralisation du SNU : « Ça représente 50 000 postes d’enseignants et un million d’heures de cours perdues », s’indigne Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs d’établissements, au lendemain du discours de politique générale de Gabriel Attal. Le SNPDEN-Unsa n’est pas du tout révolutionnaire mais plutôt représentatif de la gauche molle dans l’Education Nationale. Pour autant son constat est juste.
La généralisation du Service national universel, souhaitée par le Premier ministre pour la rentrée 2026, représente « 2,5 ou 3 millions d’euros, soit 50 000 postes d’enseignants ». Cette généralisation du SNU en classe de seconde représente aussi un million d’heures de cours perdues. Quelle gabegie à l’heure où l’Education Nationale souffre.
Heureusement qu’il n’y a pas que les anarchistes pour s’opposer au SNU. Le port de l’uniforme à l’école participe à la même logique de préparation des jeunes à la guerre sous couvert de civisme. Déjà des collectifs s’opposent à cette mise en place expérimentale.
Le maire macroniste de Plouisy (Bretagne) avait déclaré au ministère que sa commune était volontaire pour tester l’uniforme à l’école. Comme les candidatures étaient peu nombreuses, Plouisy avait été retenue et annoncée sur la carte des communes concernées le 16 janvier 2024. C’était sans compter les parents d’élèves et les enseignants.
Ainsi la semaine suivante, la mobilisation des opposants à l’uniforme à l’école s’est organisée. Un comité de parents d’élèves s’est constitué avec le soutien des syndicats CGT, FO, FSU et Sud Éducation. Un rassemblement d’une centaine de personnes dénonça la «pétainisation de la France» : «L’école publique, c’est l’école de la liberté», pouvait-on lire sur une banderole. Face à la fronde, le maire a rétropédale…
Sérieusement, l’école française est l’une des plus inégalitaires en Europe. Les récents événements avec A.O.C. viennent corroborer ce que l’on dit depuis des dizaines d’années. La France est un pays qui brille par son communautarisme social et sa ségrégation scolaire avec des écoles privées qui mettent à plat l’école publique de par ses subventions, sa non-mixité sociale et des effectifs moins denses.
Qui peut penser un seul instant que l’uniforme à l’école va réduire la fracture sociale, la ghettoïsation des quartiers et le contournement de la carte scolaire ? A part les politiciens, les hypocrites et les menteurs.
A l’heure où Macron et ses petits soldats aux ordres du gouvernement veulent réarmer la France d’un point de vue démographique mais aussi dans le sens premier du terme, nous ne pouvons que dénoncer cette préparation aux esprits d’une guerre qui vient à bas bruit. La guerre est souvent une alternative à la crise capitaliste.
Les stratèges militaires qui reviennent à la guerre de tranchées comme en Ukraine aujourd’hui ne font que nous conforter dans notre peur d’une nouvelle guerre. « La guerre, il faut en avoir peur mais il faut aussi en avoir honte » (Maurice Laisant).
Les anarchistes crient depuis des décennies que le capitalisme est basé sur la compétition, le profit donc l’exploitation ; c’est donc une impasse sur le plan éthique et sur le plan de l’organisation sociale avec son cortège de travailleurs précaires, la misère et le non-partage des richesses.
L’anarchie, ce n’est pas le désordre, bien au contraire. Ce sera une société sans classe ni Etat. Ce sera l’abolition des privilèges, ce sera la fin de l’autorité : politique, économique, morale, et religieuse.
Ce sera plus que l’égalité de droit, ce sera l’égalité économique et sociale. Ce sera le développement de la personnalité, l’autonomie de l’individu.
L’anarchisme, c’est la libre association, c’est permettre à chacun d’être acteur de sa vie sociale. Ce n’est pas le meilleur des mondes, c’est un monde meilleur.
Stéphane et Ty Wi