Errico Malatesta – Le programme anarchiste
Notre programme
1) Abolition de la propriété privée de la terre, des matières premières et des instruments de travail – pour que personnes n’ait le moyen de vivre en exploitant le travail d’autrui, – et que tous, assurés des moyens de produire et de vivre, soient véritablement indépendants et puissent s’associer librement les uns les autres, dans l’intérêt commun et conformément à leurs affinités personnelles.
2) Abolition du gouvernement et de tout pourvoir qui fasse la loi pour l’imposer aux autres : donc, abolition des monarchies, républiques, parlements, armées, polices, magistratures et de toute institution ayant des moyens coercitifs.
3) Organisation de la vie sociale au moyen des associations libres, et des fédérations de producteurs et consommateurs, créées et modifiées selon la volonté des membres, guidées par la science et l’expérience, et dégagées de toute obligation qui ne dériverait pas des nécessités naturelles, auxquelles chacun se soumet volontiers, lorsqu’il en a reconnu le caractère inéluctable.
4) Garantie des moyens de vie, de développement, de bien-être aux enfants et à tous ceux qui sont incapables de pourvoir à leur existence.
5) Guerre aux religions, et à tous les mensonges, même s’ils se cachent sous le manteau de la science. Instruction scientifique pour tous, jusqu’aux degrés les plus élevés.
6) Guerre au patriotisme. Abolition des frontières, fraternité entre tous les peuples.
7) Reconstruction de la famille, de telle manière qu’elle résulte de la pratique de l’amour, libre de toute chaîne légale, de toute oppression économique ou physique, de tout préjugé religieux.
Tel est notre idéal.
Le texte de Malatesta reste d’actualité. Pour le compléter, nous pourrions dire que de nombreux soubresauts révolutionnaires se sont déroulés depuis la grande Révolution française de 1789. Ce processus révolutionnaire par à-coups (évolution et révolution/Reclus) ne prendra fin que lorsqu’un réel équilibre sera trouvé entre les aspirations personnelles de l’individu et les conditions générales de la vie en société, une sorte de synthèse de liberté personnelle et de justice sociale grâce à l’action commune de tous, qui redonnera à la société un contenu et établira les bases d’une communauté nouvelle ; une communauté qui n’aura plus besoin de contraintes extérieures car elle aura trouvé son propre équilibre dans la sauvegarde des intérêts de tous, et n’aura plus de place pour les luttes visant au pouvoir politique et économique.