Elections présidentielles d’Avril 2022
Le match retour prévu entre Macron et Marine Le Pen depuis cinq ans semble se dérouler comme prévu. Ce qui est intéressant, pour les abstentionnistes que nous sommes, c’est la recomposition politique à l’œuvre et en même temps, cette vision de la jeunesse qui n’attend rien du résultat de ces élections. A part quelques identitaires.
La droite est représentée par Pécresse mais la droite a déjà son candidat naturel: Emmanuel Macron. Et ce dernier rassemble davantage le camp de la droite classique que Pécresse ainsi que celui des socialistes de droite : Rebsamen, Guigou, Valls, Marisol Touraine, Chevènement et consorts. Les rats quittent le navire et préfèrent être du côté du gagnant. C’est le girouettisme politique.
L’historien faussaire, Eric Zemmour, a tenu son rôle, celui de fracturer un peu plus la droite classique pour attirer à lui la droite identitaire. Son camp apportera une réserve de voix à Marine Le Pen pour le second tour mais cela ne servira à pas grand-chose car Macron est d’ores et déjà qualifié pour remporter la finale. L’attitude pro-Poutine de Z, le dirigeant du Kremlin qui ne devait pas envahir l’Ukraine…, l’a desservie et c’est tant mieux. Poutine est un criminel de guerre mais nous le savions déjà. Tout comme les Allemands avaient utilisé l’Espagne (Guernica…) comme terrain d’expérimentation en 1936-1939, les Russes se sont fait la main en Syrie. En tout cas, Zemmour a été bien utile à Marine Le Pen pour lisser son image. Cette collusion de facto, Le Pen- Zemmour, rend finalement les autres partis obsolètes sur le plan électoral mise à part LREM dont le tenant en titre caracole en tête des sondages. Sauf surprise de dernière minute, les jeux sont faits, en toute démocratie.
Dupont-Aignan, avec le boulet Philippot, tire sa dernière cartouche à la présidentielle. Arrogant et complotiste, il fait son dernier tour de piste.
Mélenchon qui appelle au vote utile à gauche n’obtiendra pas le score qu’il avait obtenu à la précédente présidentielle. Poutine, qui a réglé le problème en Syrie selon le ténor de l’union populaire, est un bien encombrant fardeau. Ses accointances en Amérique du Sud aussi.
L’extrême gauche trotskyste présente deux candidats « de témoignage ». On a échappé aux lambertos et au dissident du NPA, celui de Révolution permanente. Si certains compagnons estiment qu’il est nécessaire de travailler avec les partisans de la Quatrième Internationale dans le cadre d’une convergence des luttes, nous ne sommes pas dupes. Les trotskystes, c’est comme les religieux, tant qu’ils sont minoritaires, ils ne nous soumettent pas au joug. On fait un bout de chemin ensemble…Mais s’ils deviennent puissants, leurs vieux réflexes prendront le dessus. Ils nous imposeront leur vision de leur monde autoritaire.
Le candidat coco, cocorico, Roussel, joue sa partition en solo. Son but est d’empêcher Mélenchon d’accéder au second tour pour mieux faire couler la France insoumise lors des législatives. Le PC n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier puisque le député Jumel de Dieppe appelle à soutenir Mélenche. Avec ses casseroles d’emploi fictif, pas sûr que la promotion d’un bon claquos et un bon pinard suffise à le faire dépasser la barre des 5%. Pourtant les militants communistes, bien disciplinés, collent les affiches de leur candidat. Ils tiennent les murs comme on dit dans le jargon militant. Du moins dans la région havraise. En toute hypocrisie, Roussel appellera à voter Mélenchon s’il est au deuxième tour…Le jésuitisme de gauche, intemporel.
Le PS est acculé à une défaite historique mais il ne faudrait pas trop vite, après les résultats électoraux, enterrer la social-démocratie qui possède encore de nombreux relais sur les plans syndicaux, mutuellistes et associatifs, sans compter ses élus de grandes villes et de régions. La social-démocratie est trop utile au pouvoir pour la laisser dépérir complètement. L’extrême droite est bien utile présentement pour Macron mais le joker P.S. peut un jour être à nouveau s’avérer tout aussi utile.
Les écologistes, grâce aux mobilisations pour le climat, dépasseront sans doute la barre des 5% pour se faire rembourser les frais de campagne. Mais à force de tenir un discours dit responsable et lisse, les écologistes se coupent d’une partie de la jeunesse qui va préférer agir pour le climat ou des causes concrètes plutôt que de se vautrer dans la fange électoraliste. L’écologie sociale et libertaire se trace un avenir et c’est encourageant.
Peu reluisant cette tambouille électorale d’autant que Macron va pouvoir cette année s’enorgueillir d’être davantage représentatif qu’en 2017. Les électeurs de Macron vont donc lui servir de caution pour toutes les mesures antisociales à venir : contreparties pour le RSA, retraite à 65 ans…Le président de la République balise et laboure le terrain pour Edouard Philippe en 2027. Car les réactionnaires ont de la suite dans les idées et programment leurs actions dans le temps long contrairement parfois aux apparences.
En attendant, fidèles à nos engagements, nous nous abstiendrons, en toute conscience. Nous ne serons pas complices de la régression sociale orchestrée par les urnes.
Ti WI (GLJD)
« Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit ». Octave Mirbeau