A contre-courant
Elections
D’éminents sociologues nous expliquent que la démocratie va mal car la représentation parlementaire ne correspond pas à celle des catégories socio-professionnelles des gens. Pour être plus précis, si les classes populaires représentent la moitié de la population française, celles-ci ne sont représentées que par un pour cent de députés. Ce qui dénote une Assemblée nationale des plus élitistes. En clair, pour être dans une vraie démocratie, il faudrait que les classes populaires soient représentées par 50% de députés issus du sérail populaire.
Rien n’est plus faux. Sur le papier, ça peut coller mais c’est méconnaître le système parlementaire. D’ailleurs, nous en avons la belle illustration avec ces députés macronistes qui ne sont que des faire-valoir du gouvernement, des godillots. Le gouvernement, de plus, peut facilement les bipasser, recourir aux ordonnances, au 49.3…
Pour nous autres libertaires, un député ouvrier, c’est un député de plus et un ouvrier de moins. Une assemblée nationale à majorité ouvrière ne changerait rien à la situation des travailleurs. L’égalité politique sans égalité économique est une fiction. D’autre part, ce que contestent surtout les anarchistes, c’est le système de délégation de pouvoir. Tant que les travailleurs ne s’occuperont pas eux-mêmes de leurs affaires, d’autres le feront à leur place et à leur bénéfice.
Black-Blocs et Révolution
Tout d’abord, le bloc noir recoupe des marxistes et des anarchistes, c’est pour cela que l’on voit se côtoyer des A cerclés et des faucilles/marteaux…Ce qui en d’autres temps aurait été incongru. Connaissant les marxistes, plus structurés, gageons qu’ils ne tarderont pas à prendre le pas sur le courant anarchiste qui sera absorbé ou n’aura d’autres choix que de créer autre chose. Ainsi va la vie.
Dans le Monde des 27 et 28 mai 2018, Nicolas Truong, dit ti truc, recueille les propos de Christophe Bourseiller : « Le rapport entre les autonomes et les organisations politiques s’avère ambivalent. Certains activistes sont en effet proches de groupes anarchistes structurés, telles la Confédération nationale du travail (CNT) de France, la Coordination des groupes anarchistes, l’Organisation anarchiste, voire Alternative libertaire. » Ce qui suggère que la CNT n’est plus un syndicat mais un ensemble de groupes anarchistes. A vouloir délaisser des cortèges spécifiquement CNT pour renforcer le cortège de tête, parce que c’est là que cela se passe, la CNT perd de fait son statut de syndicat. Il est vrai que les cénétistes qui voulaient effectuer un travail syndical sont partis à la CNT-Solidarité Ouvrière ne laissant que quelques bribes d’espaces réellement syndicalistes à la CNT (dite Vignole).
D’un autre côté, Bourseiller omet de parler de la Fédération Anarchiste, de la CNT-AIT, des groupes libertaires structurés comme le groupe libertaire Jules Durand (autour du journal Le libertaire), ou les individualistes regroupés autour du site L’En Dehors… A quel dessein ? Ce journaliste et essayiste entend-t-il que les militants précités ne font pas partie de la mouvance insurrectionnelle alors que les autres, comme Alternative libertaire, oui. Très étrange connaissance du milieu libertaire…
Dans le même numéro du Monde, Sylvain Boulouque écrit un article intéressant. Nous nous permettrons juste de le compléter brièvement. Pour comprendre la propagande par le fait, il faut considérer le choc de la répression systématique contre la presse anarchiste et ses militants, à partir de la censure du Droit Social de Lyon. De même l’impact sur les esprits de la fusillade de Fourmies en 1891. Certains militants ne voient d’autres solutions qu’un recours à la violence d’où une période d’attentats…
Parallèlement, Fernand Pelloutier, comprenant que les morts étaient toujours du côté ouvrier : 30 000 communards massacrés en 1871, manifestations ouvrières systématiquement réprimées dans le sang…, entend changer de stratégie et propose à la suite de Tortelier de militer pour la grève des bras croisés, pour la grève générale.
Pouget théorise le sabotage, la CGT s’empare de celui-ci et l’applique à grande échelle. Le label, le boycottage émergent aussi. Mais l’Etat et le système capitaliste cherchent la confrontation avec les syndicats afin de les réduire au silence ou à défaut de les cantonner dans une démarche purement corporative.
Sorel qui théorise la violence est marxiste et non anarchiste. Les anarchistes cherchent souvent à construire une contre société. Il faut revenir à la Charte d’Amiens car Mélenchon comme d’autres responsables syndicaux ne veulent voir dans cette Charte qu’une indépendance syndicale vis-à-vis de tout parti politique. C’est occulté l’essentiel et la volonté pour les anarchistes d’organiser la société sur la base des véritables producteurs de la richesse, les travailleurs. Le syndicalisme dit révolutionnaire est l’ennemi des partis.
De la même manière, aujourd’hui, l’ultragauche est marxiste. Le groupe Action directe n’était pas anarchiste, d’ailleurs Jean-Marc Rouillan était/est ( ?) adhérent au NPA. La fraction Armée rouge était d’obédience marxiste comme la plupart des groupes paramilitaires…On ne peut assimiler de manière récurrente violence et anarchisme. De nombreux anarchistes comprennent la violence des manifestants mais bien souvent ne prennent pas part aux dégradations ou violences orchestrées.
Retraites
Le gouvernement Macron est aussi cynique que ses prédécesseurs. Constatant un vieillissement de la population, il entend prendre pour modèle, celui de la Suède. Mais à y regarder de plus près, les salariés préfèrent partir plus tôt à la retraite que de continuer à travailler dans des conditions contraignantes et fatigantes. Pour avoir une retraite à taux plein, les Suédois doivent bosser jusqu’à 67 ans mais voilà ils s’arrêtent à 65 ans en moyenne. Du coup, les retraités bénéficient d’une retraite moindre équivalant à un peu plus de la moitié de leur salaire en fin de carrière. Ne parlons pas des femmes qui gagnent en moyenne 600 euros de moins que les hommes en moyenne. Ceux qui ont eu des carrières morcelés par le chômage sont de même pénalisés. En résumé, les retraités suédois ont des petites retraites et leur système est largement inégalitaire. Mais l’inégalité ne fait pas peur au président des riches, au monarque jupitérien. Du moins tant que le tsunami social ne le renverse pas.