Le politicien est le cousin germain du réformiste. « Votons une nouvelle loi, dit le réformiste, et obligeons les hommes à être bons ». Laisse-moi voter cette loi, dit le politicien, et les choses iront mieux. »
Le politicien se reconnaît à son langage. Dans la plupart des cas, il n’est qu’un homme corrompu qui veut grimper sur tes épaules pour accéder au pouvoir. Une fois qu’il y est parvenu, il oublie tout ce qu’il t’avait solennellement promis, pour ne penser qu’à ses propres ambitions et à ses intérêts personnels.
Si le politicien se trouve être un honnête homme, cela ne veut pas dire pour autant qu’il te trompera moins que le politicien corrompu. Il te trompera peut-être même plus, parce que tu lui auras fait confiance et que tu n’en seras que plus déçu qu’il échoue à améliorer quoi que ce soit pour toi.
Le réformiste et le politicien sont tous deux sur la mauvaise voie. Essayer de changer les hommes par la loi revient à essayer de changer d’apparence en s’achetant un nouveau miroir. Car ce sont les hommes qui font les lois et pas l’inverse. Les lois se contentent de refléter la nature des hommes, tout comme le miroir reflète les traits de ton visage.[…]
Les lois sont là pour maintenir en place le système existant, pour préserver « l’ordre public ». On fabrique en permanence de nouvelles lois, dans le seul but de défendre et de soutenir l’actuel ordre des choses. « Afin de remettre les hommes dans le droit chemin », comme le dit le réformiste, « afin d’améliorer le système » comme l’assure le politicien.
Mais les nouvelles lois laissent les hommes inchangés, et le système, dans son ensemble, ne change pas non plus. Des millions de lois ont été votées depuis la naissance du capitalisme et de l’esclavage salarié et ces derniers existent toujours. Les lois ne servent en vérité qu’à renforcer le capitalisme et à perpétuer l’asservissement des travailleurs. C’est la tâche du politicien, « l’expert ès sciences politiques » que de te faire croire que la loi te protège toi et tes intérêts, alors qu’elle sert seulement à maintenir le système qui te vole, te trope et t’asservir corps et âme. Toutes les institutions sociales n’ont que ce seul objet pour visée : instiller en toi le respect de la loi et du gouvernement, te faire craindre son autorité et sa sacralité et soutenir ainsi la structure sociale qui repose sur ton ignorance et ton obéissance. Tout le secret réside dans le fait que tes maîtres veulent conserver ce qu’ils ont volé. La loi et le gouvernement sont les moyens qu’ils utilisent pour cela.
Je veux te parler de l’anarchisme.
« Je veux t’en parler, parce que je crois que l’anarchisme est la chose la plus noble et la plus puissante à laquelle l’homme ait jamais pensé, la seule chose qui puisse te procurer la liberté et le bien- être et apporter au monde paix et félicité. » A. B.