Hier nous nous battions pour la semaine de travail de 35 heures. Certains anarcho-syndicalistes, dans l’entre-deux-guerres se battaient pour la semaine de 32 heures. Et voilà que le gouvernement Macron-Borne veut revenir sur les 35 H à l’hôpital par exemple et qu’il veut nous faire travailler plus longtemps avec sa réforme des retraites. Le couperet est tombé : départ à 64 ans et obligation de cotiser 43 années dès 2027 (Merci aussi aux socialistes et Madame Touraine). Notre conviction a toujours été de dire que la même production pourrait être obtenue en passant moins de temps au travail, compte tenu des avancées organisationnelles et techniques dans les entreprises (robotisation, intelligence artificielle, numérique…). Comment pourrions-nous ne pas prendre moins de temps pour faire notre travail si nous avons maintenant des ordinateurs et des machines qui rendent notre travail moins pénible et plus efficace ? C’était purement logique dans notre esprit que nous allions travailler de moins en moins et dans de meilleures conditions. Mais ce que nous n’avons pas pris en compte, dans notre optimisme, c’est le problème sous-jacent, c’est que le système capitaliste est basé sur l’exploitation de la classe ouvrière.
L’exploitation au travail ne se limite pas à une région ou à un État, mais s’est toujours produite à l’échelle mondiale. C’est pourquoi les libertaires ont toujours affiché une vision internationaliste de leur combat. De même pour l’écologie où la pollution ne s’arrête pas aux frontières. Avec l’A.I.T., la Jurassienne, nous avons toujours soutenu l’idée de l’organisation de la classe ouvrière unie du monde entier, puisque ouvrières et ouvriers auront toujours, quel que soit le pays d’où nous venons, le même problème commun : l’exploitation à laquelle le capital nous soumet. Dans le cadre de cette lutte mondiale, les anarcho-syndicalistes se fédèrent ; c’est ce que l’on appelle le fédéralisme libertaire.
Les patrons, tout comme les politiciens, appliquent le « diviser pour mieux régner ». Le pouvoir veut toujours que nous soyons divisés pour pouvoir nous vaincre. Il ne veut pas que nous marchions ensemble en luttant contre les inégalités et il place des frontières afin de séparer les travailleurs et les travailleuses, promouvant par là-même la xénophobie. Il est triste de voir des gens de la même classe d’un côté de la frontière mépriser ceux de l’autre côté, les considérant comme une menace pour leur emploi ou leur sécurité. Ces travailleurs et travailleuses croient que ceux et celles qui sont de l’autre côté vont leur enlever leur gagne-pain et ils ne voient pas d’alliance possible pour lutter contre ceux qui leur enlèvent leur emploi et leurs droits du travail : les capitalistes.
La solution n’est autre que l’application des principes de l’anarcho-syndicalisme : internationalisme, anticapitalisme, égalité économique et sociale, entraide et solidarité. Ce n’est qu’alors que nous sortirons de cette barbarie et réaliserons un monde plus humain dans lequel l’exploitation de la classe ouvrière ne sera plus qu’un souvenir du passé.
Pour sa part, le capital traverse volontiers les frontières à la recherche de main d’œuvre à exploiter et pour leurs investissements/affaires. Léo Ferré chantait déjà que les patrons français n’étaient pas chauvins : « Faut la Mercedes, buisness is buisness »…Ainsi pour certaines catégories de salariés, les conditions de travail sont de plus en plus misérables ; et c’est pourquoi nous devons comprendre notre lutte au sens large, ne pas nous limiter à notre environnement immédiat et nous devons penser globalement, puisque le capitalisme le fait dans sa tentative d’asservissement envers nous. On parle beaucoup des problèmes survenus à la frontière ukrainienne, une guerre clairement menée par la machine capitaliste (il est clair cependant que la Russie est le pays agresseur ; cqfd), mais on entend à peine parler de la frontière du Rojava. De même, les massacres et la guerre en Ethiopie ont fait plus de 500 000 morts sans compter les déplacés et ceux qui vont mourir de faim, et là encore, silence radio.
La répartition des richesses, que le système capitaliste nous arrache, devrait être l’objectif prioritaire d’une société socialement avancée, mais dans la société dans laquelle nous vivons, c’est l’inverse qui est encouragé. Selon le Rapport mondial sur les inégalités 2022, « les 10 % les plus riches de la population mondiale possèdent 52 % du revenu mondial, tandis que la moitié la plus pauvre de la population mondiale gagne 8,5 % ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes. David Graeber irait plus loin : nous sommes les 99%.
Nous tombons continuellement sur des slogans du système qui nous poussent à être compétitifs. Ils veulent que nous soyons compétitifs et concurrentiels, pour voir qui peut travailler davantage d’heures pour un salaire moindre. Mais il est plus raisonnable de coopérer entre nous et de voir comment travailler moins pour que nous puissions tous travailler, pour vivre mieux et pouvoir ainsi garantir une vie décente à tout le monde.
Bien que nous traversions une période très difficile dans laquelle le capitalisme nous emmène à toute vitesse vers la catastrophe notamment d’un point de vue écologique mais peut-être aussi dans une guerre mondiale qui se profile, nous avons encore une solution pour cela. Et la solution n’est autre que l’application des principes de l’anarcho-syndicalisme : l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. Ce n’est qu’alors que nous sortirons de cette barbarie et réaliserons un monde plus humain dans lequel l’exploitation de la classe ouvrière ne sera plus qu’un lointain souvenir.
Dans l’immédiat, la lutte pour la défense des retraites s’annonce importante. Nous avons perdu en 2003 et en 2010. Perdre en 2023 serait catastrophique pour la classe ouvrière. Des propositions doivent être faites. Par exemple, concernant la Fonction publique, nous connaissons les conditions de l’équilibre. Une augmentation du point d’indice, donc des salaires, renflouerait les cotisations retraites. Une embauche conséquente de fonctionnaires comblerait de même le déficit de la fonction publique hospitalière. Les hospitaliers demandent la création de 200 000 postes pour faire tourner correctement l’hôpital. Les solutions sont à portée de main. Chaque profession a ses contraintes. Il faut que toutes les propositions remontent et que la rue impose le bon sens. Sinon les femmes, les ouvriers et les précaires seront encore plus mal lotis dans le futur qu’aujourd’hui.
Patoche (GLJD)