Chômage et capitalisme

Il faut faire preuve d’ingénuité pour essayer d’apporter une solution au problème du chômage tant que subsistera la société capitaliste ; c’est elle et ses tenants qui en ont besoin comme arme favorable à leurs intérêts, et par là l’alimentent et l’encouragent.

C’est une calomnie de nous rendre responsables de toutes les imperfections, quand ce sont eux les seuls responsables ; avec la décapitalisation des entreprises, l’évasion des capitaux, l’absence de modernisation des systèmes de production pour nous permettre d’être compétitifs avec les autres marchés, etc. Et ils prétendent chercher des solutions, en bloquant nos salaires, en exigeant davantage de production et rien en échange, des expédients frauduleux à la crise, une régulation de l’emploi, une coupe sombre dans les libertés syndicales et, comme si ce n’était pas suffisant, un licenciement libre et sans indemnités.

Le capitalisme, mise à part la couverture que lui offrent les médias contrôlés, dirigés et imposés par lui, compte sur une armée de réserve – les chômeurs – comme arme de pression contre la classe ouvrière elle-même. Cette situation débouche au niveau individuel, puis au niveau social, sur une peur collective qui conduit à l’individualisme et à la passivité suicidaire si des mesures ne sont pas prises.

La stratégie de la peur développée par le capitalisme espagnol, aidée par la tactique des palliatifs inefficaces développée par les centrales syndicales réformistes, tend à contenir l’ardeur combative des travailleurs et détermine un recul du mouvement ouvrier. Ainsi, il apparaît une aggravation du désespoir et de la démoralisation de la classe ouvrière, générateurs de non solidarité en son sein, dont se servent les employeurs pour obtenir une main-d’œuvre docile et à bon marché. Cela n’est pas en contradiction avec le fait que qu’à certains moments le capital puisse simuler une politique de plein emploi, en dirigeant l’excédent de main-d’œuvre vers des travaux stériles et improductifs. Nous ne pouvons que rappeler les nombreuses manifestations faites par les travailleurs des industries chimiques, électroniques et d’armement en Amérique du Nord en faveur de la guerre du Vietnam puisqu’elle leur procurait du travail, tandis que la Paix, donc, n’aurait conduit qu’à la fermeture d’une partie importante de ces entreprises.

Cependant, ces périodes de « stabilité » s’intercalent avec d’autres comme la période présente où le chômage apparaît depuis peu comme une menace contre la classe ouvrière.

Il est clair que le chômage est une conséquence directe de la profonde désorganisation sociale que le système engendre ; ainsi par exemple, les cinq principales industries aux USA ne représentent que 7,3% de l’emploi du pays. Aujourd’hui, les industries de base du capitalisme (nucléaire, industries de l’armement) sont précisément celles qui occupent le moins de postes de travail, absorbent le plus d’énergie et impliquent un coût social très élevé. Alors que les secteurs les plus humains et écologiques (agriculture, technologies alternatives, etc.) sont ceux qui utilisent le moins d’énergie, ceux qui occupent le plus de travailleurs, et ceux qui impliquent un travail plus agréable et plus créatif.

Nous sommes conscients de la nécessité d’une automatisation du travail s’accompagnent d’une augmentation de la productivité libératrice de l’homme. Mais puisque l’automatisation est le résultat du travail de toute l’humanité, elle ne devrait pas créer des situations qui accroissent les contradictions de la société capitaliste.

L’illusion du plein emploi est un leurre pour la classe ouvrière. La solution du chômage réside dans la répartition du travail entre tous les membres de la société ; c’est une des finalités de la CNT qui se retrouve dans le Communisme libertaire. (à suivre dans le libertaire de novembre 2023)

V° Congrès de la CNTE. (Point n°9 : le chômage)