CARNET DE LECTURE

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CARNET DE LECTURE

 

Ni Est ni Ouest (Neither East nor West) est un recueil d’articles écrits par Marie-Louise Berneri de 1939 à 1947 et que les éditeurs de Freedom, l’hebdomadaire anarchiste anglais ont réunis en volume. Trois parties principales : Défenseurs de la démocratie (avant et pendant la guerre), le prix de la guerre et de la libération (la fin de la guerre), les Nations Unies (après la guerre).

Couvrant une époque où tant de « bons » esprits ont sombré dans un fanatisme ou dans l’autre, Marie-Louise Berneri s’y révèle, à ceux qui ne la connaissaient pas déjà, une ferme internationaliste. En septembre 45, c’est au dur hiver qui attend le peuple allemand qu’elle pense ; dans l’euphorie de la victoire, à la misère des peuples. Et quand elle parle de la farce de San Francisco qui pourrait prétendre, aujourd’hui qu’elle a montré un scepticisme exagéré à l’égard de l’O.N.U. ?

Le dernier article, qui donne son titre au recueil, répond à des critiques qui jugeaient trop sévères les condamnations, par Freedom, du totalitarisme stalinien. En voici la conclusion :

« Nous refusons aussi la déclaration selon laquelle les procès qui s’ouvrent en Europe ne nous regarderaient pas. Il se peut que nos protestations ne changent pas le  cours des événements, mais nous les clamerons quand même. Tous les travailleurs qui, de par le monde, rallièrent la défense de Sacco et Vanzetti n’étaient pas capables de les sauver de la chaise électrique, pourtant qui peut dire que leurs protestations furent inutiles ? » Nous devons dénoncer les procès politiques où qu’ils soient ouverts, à Washington ou à Varsovie. Quand un gouvernement jette un homme en prison pour ses opinions politiques, nous ne demandons pas la nationalité de ce gouvernement. Nous sommes toujours au côté de la victime de la tyrannie de l’Etat.

« Nous haïssons la guerre et nous avons lutté contre elle avec logique et, pour cette raison, nous combattons l’oppression de l’Etat partout où elle se montre. »

Que l’on approuve ou non, on doit reconnaitre la netteté du propos. Tout le livre est imprégné de la même maturité qui étonne chez une femme encore si jeune et qui fait amèrement regretter sa disparition si prématurée. – G.W.