Apostasie

Charonne désobéir

Apostasie

On peut définir l’apostasie comme le reniement de la foi et des principes de la foi. Ce terme s’emploie tant pour les diverses confessions chrétiennes que pour le judaïsme et l’islam.

Rappelons que pendant des siècles, dans les États catholiques, l’absence de toute affiliation religieuse était pratiquement inconcevable, de même que l’idée d’un État qui aurait été neutre en matière religieuse. Dieu et l’Etat étaient intimement liés. Dans les pays musulmans, impossible de même d’échapper à la tyrannie religieuse. C’est toujours d’actualité.

Durant l’Inquisition, l’apostat encourait les mêmes peines que l’hérétique: la peine capitale, à moins qu’il ne fasse pénitence pour être réconcilié avec l’Eglise…Devant le spectre de la mort, on ne doute pas un instant que la sainte Inquisition sauva nombres d’âmes.

Chez les musulmans, l’apostasie ne consiste pas à renier seulement sa foi mais elle implique une trahison de la communauté qui se trouve alors en danger. Dans le coran, à notre connaissance, l’apostat est menacé d’aller en enfer mais les châtiments terrestres ne sont pas prévus pour lui. C’était sans compter les oulémas. S’il y a divergence dans les détails, le principe de la peine de mort est retenu. Dans la charia, tout musulman qui abandonne l’islam est passible de mort.

Dans la religion catholique aujourd’hui, la sanction de l’apostasie est l’excommunication (exclusion solennelle de l’Eglise), peine qui est destinée à inciter l’apostat à la pénitence, ce qui ne marche plus guère en 2020. L’Eglise s’est mise au diapason de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 1789 (art. 10) et de la Loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, 1905 (art. 1) : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » et  « La République assure la liberté de conscience ». En clair, on peut croire ou ne pas croire, ce qui était impossible auparavant, sous l’Ancien Régime par exemple. On se souvient du Chevalier de la Barre…

En 2020, les personnes qui ont été baptisées et souhaitent être radiées des registres baptismaux écrivent au diocèse où elles sont nées. Elles reçoivent avec plus ou moins de lenteur une lettre comme quoi elles sont apostats. Et cela n’a aucune incidence sur leur vie. C’est une liberté dont on peut jouir sans retour de bâton ni mesures coercitives à votre encontre. Ce qui est loin d’être le cas dans les pays musulmans peu reconnus pour leur démocratie ni pour la liberté religieuse.

La loi islamique, la charia, elle, punit de mort l’apostasie qui consiste à renoncer publiquement à une doctrine ou une religion. Mais, si les peines de flagellation ou d’emprisonnement sont souvent exécutées, la peine de mort l’est, elle, rarement. L’apostasie est encore passible de la peine de mort en Arabie saoudite et en Iran, cependant.

Aujourd’hui, les islamistes accusent d’apostasie ceux qu’ils considèrent s’être détournés de l’islam et de sa loi. C’est ainsi que l’on peut retenir le cas emblématique de Salman Rushdie, écrivain qui fut condamné à mort en 1989, par l’ayatollah Khomeini. Accusé du crime d’apostasie, Rushdie vit depuis sous protection policière. Le successeur de Khomeini, Ali Khameini, ne leva aucunement le processus enclenché par Khomeini, ce dernier qui profita de l’hospitalité française à Neauphle-le-Château pour préparer son retour en Iran en tant que guide de la révolution… Khomeini précisa que c’était désormais la responsabilité de tout musulman d’exécuter Rushdie et ses éditeurs. La tête de Rushdie fut mise à prix. Dans une interview publiée le 8 juin 2017 par Le Nouvel Observateur, Rushdie déclare : « Il faut arrêter l’aveuglement stupide face au djihadisme qui consiste à dire que cela n’a rien à voir avec l’islam. » Rushdie qui a essayé de faire amende honorable sait de quoi il parle. Nous pourrions recenser tous les morts dus à la Fatwa de Khomeini, c’est-à-dire au nom de l’islam chiite. L’islam est divisé en nombreuses branches comme l’est la religion chrétienne avec ses orthodoxes, catholiques, protestants…Ces branches sont elles-mêmes scindées en sous-groupes et en tendances. Chaque « chapelle » musulmane a sa propre spécificité doctrinale. Nous reviendrons sur les principales tendances de l’islam aujourd’hui, notamment l’islam sunnite, à la pointe du combat contre la liberté d’expression.

Les révolutions arabes, de l’Algérie à l’Egypte, en passant par la Tunisie, ne changeront réellement les systèmes en place, il faut le dire, que si le combat contre l’obscurantisme religieux est mené. A défaut, toute révolution sera vaine. Si la police des mœurs règne sur la vie et le quotidien des gens, point de liberté. Pour nous autres, libertaires, l’athéisme de Bakounine trouve lui aussi sa base dans la recherche de la liberté pour l’humanité : « Dieu est, donc l’homme est esclave. L’homme est libre, donc il n’y a point de Dieu. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle, et maintenant, choisissons». Les anarchistes ont choisi la liberté liée à l’égalité économique et sociale.

Patoche (GLJD)