1ER MAI 2023 : LA FÊTE DU R.N. aura lieu au HAVRE !

Banquise

1ER MAI 2023 : LA FÊTE DU R.N. AURA LIEU AU HAVRE !

Marine Le Pen et Jordan Bardella  donnent rendez-vous à leurs militants, le 1er mai prochain, au Havre, pour leur Fête de la Nation.

Le Rassemblement national organisera donc une « fête de la nation » le 1er mai 2023 ; un banquet militant qui doit se conclure par des discours de Jordan Bardella et de Marine Le Pen, le chef du parti et celle qui postule à l’élection présidentielle.

Le parti d’extrême droite attend plus d’un millier de militants et entend renouer avec son grand raout du 1er mai, date à laquelle Jean-Marie Le Pen, en très mauvaise santé aujourd’hui (qui a dit chouette ?), a réuni pendant 25 ans ses troupes à Paris sous la statue de Jeanne-d’Arc.

Pourquoi le choix du Havre alors que cette ville est une terre de mission pour l’extrême droite : le R.N., seulement troisième au Havre à la dernière présidentielle lors du premier tour en 2022 avec 20,67 %. Elle n’y avait recueilli que 36,55 % des suffrages au second tour, près de 5 points de moins que son score national. Alors, ou elle escompte bien récupérer les voix ouvrières de la ville portuaire suite au fort mécontentement contre Macron qui vient de faire passer sa réforme des retraites, ou elle désire porter le fer contre Edouard Philippe qui sera certainement le candidat le mieux placé pour représenter le centre droit et la droite aux prochaines élections présidentielles, l’actuel président des riches ne pouvant postuler une troisième fois.

On nous prépare donc au duel Marine Le Pen-Edouard Philippe. Programme pas très réjouissant. Ou l’extrême-droite ou un ancien premier ministre de Macron favorable à la retraite à 67 ans.

Les politiciens vont donc nous refaire le coup du vote pour le moins pire, du vote utile en se pinçant le nez… Puis de dire, il ne fallait pas nous porter en tête car vous étiez au courant de notre programme libéralo-capitaliste ; c’est ce qu’a proféré Macron récemment. Et si l’extrême-droite passait, on accuserait les abstentionnistes, ce qui permettrait aux différents politiciens de se dédouaner à bon compte de leurs responsabilités.

Car sérieusement qui est responsable de la montée du Rassemblement National, certainement pas les anarchistes qui rappelons-le ne votent pas car ils sont contre la délégation de pouvoir.

La montée de l’extrême droite, c’est :

Macron, qui vient de pondre une réforme des retraites dont personne ne veut. Un fort ressentiment et c’est un euphémisme, se fait jour. Une répercussion électorale suivra certainement, même si on ne peut prévoir dans quelle proportion. Les macronistes ont leur part de responsabilité dans les choix de leur patron. Dans les faits, ils font tout pour que le R.N. monte.

La droite de Ciotti, le président des LR, qui chasse sur les terres du RN et utilise la même rhétorique identitaire. Pourtant les gens préfèrent l’original à la copie. Sans compter que le sénat de droite qui s’attaque aujourd’hui à l’école publique. Le RN n’aura plus qu’à porter l’estocade s’il arrive au sommet de l’Etat.

Le Parti socialiste, qui a joué avec le feu sous Mitterrand, en mettant en selle le Front National de l’époque pour casser la droite. Aussi en appliquant l’austérité sous Mauroy. En mettant en place une politique de droite. Regardez ce qu’est devenu Laurent Fabius, ancien premier ministre, ancien premier secrétaire du PS, ancien ministre de l’économie et des finances…En 2016, il quitte le ministère des Affaires étrangères pour devenir président du Conseil constitutionnel, ayant été nommé par François Hollande en remplacement de Jean-Louis Debré. Encore une personnalité politique recyclée. C’est une bonne béquille de Macron aujourd’hui, nous venons de le constater pour la réforme des retraites, même si nous ne nous faisions aucune illusion. La crédibilité du Conseil constitutionnel vient cependant, comme bon nombre d’institutions, d’en prendre un coup.

Le Parti communiste, qui autrefois sortait des affiches « Produisons Français » et qui aujourd’hui affirme par la voix de Roussel que les frontières sont des passoires. Affiches reprises par le FN en son temps, ajoutant « avec des travailleurs français ».

 

Certains écologistes qui aiment opposer les boomers aux jeunes, les gens instruits à ceux qui ne connaissent rien…Qui font l’impasse sur l’égalité économique et sociale ; qui oublient que si nous en sommes là, c’est à cause du capitalisme…

Et peut-être un peu tous les autres dont nous autres libertaires. Dénoncer l’extrême droite comme nous le faisons depuis 40 ans, ne suffit pas. La preuve, elle continue de grimper d’année en année. A l’époque, des compagnons militaient à Ras-le-Front et nous indiquaient que Jean-Marie Le Pen leur envoyait régulièrement ses dates de meetings, banquets…Il voyait les contre-manifestations comme une publicité supplémentaire. Comme pour tout militant, il vaut mieux qu’on parle de vous, même en mal, plutôt que d’être occultés.

Nous connaissons tous les ressorts de la montée de l’extrême-droite : le choix d’un bouc émissaire (le Juif, l’Arabe, le Rom, le migrant…) comme ennemi commun, ce qui évite d’appréhender les vrais responsables des crises ;  le chômage et la précarité avec des personnes qui sont ou se sentent déclassées ; la mise en concurrence des territoires avec des services publics qui se dégradent puis disparaissent petit à petit, ce qui accentue les inégalités et la relégation ; l’absence de réponse au dumping social généré par le capitalisme et par les impasses des politiques libérales et d’austérité menées en France et en Europe depuis longtemps sous la gauche comme sous la droite. Mais aussi le racisme car on le constate aucun groupe social n’est immunisé contre la peste brune. Ses idées ont contaminé une grande partie non seulement de la petite bourgeoisie et des chômeurs, mais aussi de la classe ouvrière et de la jeunesse.

Tous ces ingrédients favorisent le repli nationaliste et « la préférence nationale ». Ce qui est en cause, ce sont les promesses non-tenues des politiciens : changer la vie en 1981, améliorer le marché de l’emploi et le pouvoir d’achat plus tard ; et la démission du politique face aux marchés, les politiciens suivant ou assurant le lobbying de puissances financières (agro-industries, industries pharmaceutiques…) au détriment des plus démunis. De plus la fuite en avant dans la dérive sécuritaire est une impasse qui conduit à normaliser le discours de l’extrême-droite.

Tout le monde s’accorde à dire que le Rassemblement National n’est pas un parti comme les autres et constitue une grave menace pour la démocratie et le monde du travail. Son approche est fondée sur l’inégalité, en fonction des nationalités, des origines, des religions, des couleurs ou des sexes. Même si certains de leurs militants empruntent les discours et les habits neufs d’enjeux sociétaux plus modernes. Mais ses fondamentaux sont toujours bien présents. Le R.N. porte en lui  un projet de régression sociale, et notamment l’austérité avec la suppression de fonctionnaires sauf dans les forces répressives de l’Etat. Il aggravera la mise en concurrence des écoles privées et publiques. En faveur du privé, bien sûr. Le RN divise et met en opposition le monde du travail et fait ainsi le jeu du patronat. Dans le cadre de l’attaque de Macron contre les retraites, dans les territoires où le R.N. est bien implanté électoralement, les mouvements de protestation, les manifestations n’ont pas été à la hauteur contrairement aux régions de l’Ouest à la pointe dans la défense des retraites. C’est dire qu’à chaque fois que nos droits seront bafoués, les militants d’extrême droite feront le dos rond pour ne pas déplaire au patronat. Au pouvoir, le RN s’attaquera à la culture, aux associations et aux droits des femmes. Il remettra en cause notre système de solidarité en portant la diminution voire la suppression des cotisations sociales. Il favorisera la retraite par capitalisation. Il menacera les libertés durement conquises par les travailleurs, la liberté d’expression au travail comme dans la société, la liberté de la presse ou encore la liberté de mobilisation et d’organisation. D’ailleurs, c’est Macron qui leur déblaie aujourd’hui le terrain. Il lamine les libertés, il s’attaque aux acquis des travailleurs…

L’extrême-droite, c’est un mélange d’islamophobie, d’anticommunisme, d’antisémitisme, d’homophobie, de misogynie, d’autoritarisme, de mépris de la démocratie directe, d’europhobie… On l’a vue pro-Poutine, pro-Orban… Ce serait une erreur de croire que le fascisme et l’antifascisme sont des phénomènes du passé. De nombreux députés R.N. siègent à l’Assemblée Nationale ; certains disent qu’ils ont changé, qu’ils acceptent la démocratie parlementaire ainsi que la voie électorale pour arriver au pouvoir. C’est bien le problème du système électoral démocratique. Si on ne peut comparer aujourd’hui, Marine Le Pen à Hitler, on n’oublie pas que ce dernier est arrivé à la chancellerie par un vote légal du Reichstag, et que le maréchal Pétain a été élu chef de l’État par le Parlement français. Les élections ne sont donc pas garantes de la liberté. Il faut parfois faire quelques rappels historiques.

Nous avons tous sous-estimé le danger de l’extrême-droite qui est aux portes du pouvoir. Il est nécessaire de prendre l’initiative d’une mobilisation antifasciste mais pas pour servir de marchepied à quelques politiciens d’opérettes. Pour certains, l’extrême droite n’est qu’un sous-produit de la crise et du chômage, c’est à ses causes qu’il faut s’attaquer, et non au phénomène fasciste lui-même. C’est en partie vrai mais pas totalement. S’attaquer aux seules causes « économicistes » nous désarme face à l’offensive idéologique de l’extrême-droite qui entend gagner la bataille des idées : racistes, xénophobes, nationalistes, antiféministes…Sans compter l’indigence de la réflexion écologique de l’extrême-droite et c’est sans doute par ce biais que nous pourrons la combattre efficacement.

Nous n’avons pas de recette magique pour combattre l’extrême droite mais l’attaquer sous l’angle de l’utopie pour la survie au niveau planétaire ne nous semble pas inapproprié. On peut s’inspirer, avec une distance critique, des traditions antifascistes du passé, mais il faut surtout savoir innover pour répondre aux nouvelles formes du phénomène.

L’unité peut se faire ponctuellement avec tout le monde mais nous devrions la concrétiser dans un premier temps au niveau du mouvement libertaire dans son ensemble. Un mouvement antifasciste organisé ne sera efficace et crédible que s’il est impulsé par des forces qui se situent hors du consensus capitaliste ambiant et dominant. Avec nos compagnons libertaires implantés à l’échelle de toute l’Europe notre combat contre la xénophobie et pour l’entraide et la solidarité  pourrait être une des composantes essentielles de la résistance à l’extrême-droite.

Patoche (GLJD)