1er Mai 2020: Plus que jamais, l’honneur des travailleurs

Covid 19

1er Mai 2020: Plus que jamais, l’honneur des travailleurs

Ce premier mai sera sans aucun doute un jour de demandes atypiques pour la classe ouvrière. Dans le contexte d’une crise mondiale due à la pandémie de COVID-19, cette année, nous, les travailleurs, sommes confrontés à une situation inédite. Ce n’est pas qu’avant c’était bien, mais maintenant notre capacité est mise à l’épreuve, non seulement pour résister à l’adversité, mais aussi pour la combattre, ce qui démontre à quel point l’activité militante (syndicale, spécifique, gilets jaunes…) que nous menons dans cette société est fondamentale.

Cette nouvelle crise a montré celle qui est la première à être directement touchée en cas de problème: la classe ouvrière. En particulier, les travailleurs en situation précaire, temporaire et extrêmement vulnérable. Apparemment contradictoire, ce sont ces mêmes personnes qui font front pour que la vie continue par leur activité essentielle. À l’heure actuelle, il est absolument nécessaire de reconnaître et de valoriser le travail des professionnels de la santé, traitant le virus en première ligne, mais il est également nécessaire de faire de même avec les travailleurs des secteurs qui sont généralement invisibles, tels que le transport, l’agroalimentaire, le nettoyage, les aides à domicile, les éboueurs, les employés de magasin, etc. Ces secteurs se sont avérés essentiels à la vie contrairement aux « traders » et autres nuisibles de la finance.

Ce nouveau scénario reconfirme l’existence d’une structure de classe sociale qui soutient le système économique lui-même, et confirme – encore plus si possible – que sans nous, sans la classe ouvrière, cette société ne pourrait pas avancer. Comme cela a toujours été affirmé par les libertaires, la nécessité de renforcer et de défendre les services publics est l’une des conclusions que nous devons tirer, avec un regard tourné vers l’avenir, car ils se sont révélés indispensables pour atténuer les effets de cette pandémie et protéger les personnes les plus touchées, qui, comme toujours, sont les plus humbles de la classe ouvrière. C’est ici que l’on peut apprécier les conséquences néfastes et meurtrières que les thèses néolibérales et la mondialisation ont provoquées.

Parallèlement au manque absolu de protection dans lequel la classe ouvrière s’est trouvée (masques, gants, gels…), il a également été possible de vérifier le rôle des syndicats de collaboration. Leurs principaux dirigeants ont accepté toutes les mesures sociales et économiques approuvées par le gouvernement sans la moindre critique, se mettant même d’accord sur les propositions avec les employeurs eux-mêmes. Une fois de plus, la classe ouvrière a été trahie par leur incapacité. Nous constatons par ailleurs que les cadres et dirigeants peuvent télétravailler mais que de nombreux ouvriers font tourner les usines même si la moitié des salariés sont en chômage partiel. Le déconfinement du 11 mai implique de fait que des centaines de milliers de travailleurs vont retourner à leurs emplois pour assurer les intérêts des employeurs des grandes industries et de la construction. Ceux qui étaient restés en poste continueront à risquer leur vie.

Les quelques mesures sociales et de travail adoptées par les gouvernements  ont été mises en œuvre tardivement et se sont révélées totalement insuffisantes. Les entreprises ont été autorisées à abandonner des milliers et des milliers de travailleurs en CDD au cours des premières semaines. Un revenu de base avec des garanties suffisantes n’a pas encore été mis en œuvre; le manque criant de protection des migrants et des sans-abris; la situation de ceux qui travaillent comme faux indépendants; etc. L’étendue de cette pandémie à l’échelle mondiale est inconnue, cependant les morts se comptent par dizaines de milliers dans bon nombre de pays et la récession ne manquera pas de faire des dommages collatéraux parmi le peuple.

Cette année, après le confinement, la lutte devra se poursuivre dans les rues et sur les lieux de travail, avec le plus d’arguments si possible en notre faveur, car une offensive sanglante des élites économiques et des employeurs sur la scène internationale est attendue, qui tentera d’attaquer les travailleurs. Cela se traduira par des licenciements et des coupes dans les droits fondamentaux qui ont pourtant été chèrement conquis. C’est une crise mondiale avec une classe ouvrière qui, quelle que soit son origine, en subit toujours les conséquences en premier lieu, bien qu’elle soit aussi le fondement sur lequel tout fonctionne grâce à sa main-d’œuvre et à sa capacité d’auto-organisation.  Nous avons pu constater à quel point les travailleurs sont les éléments fondamentaux qui permettent d’avancer, de tout donner, risquer même sa propre vie pour fournir tout le nécessaire: santé, soins, hygiène, nourriture, produits de base, médicaments, éducation et information… Nous avons vu comment la solidarité et le soutien mutuel ont cessé d’être de simples mots pour devenir des faits qui facilitent la vie dans de nombreux quartiers et communes du territoire, tissant des réseaux depuis la base pour aider et faire connaissance avec nos voisins. Des réseaux de solidarité qui, dans certains cas, dépassent même la capacité de l’État lui-même, compte tenu de son incapacité à faire face à la situation. Il a été démontré, une fois de plus, que seul le peuple est capable de se sauver.

Nous sommes confrontés à un Premier mai unique mais, bien que nous ne puissions pas nous réunir dans la rue, nous continuerons plus que jamais à répandre nos idées et œuvreront pour un monde plus juste et plus égalitaire. Car, plus que jamais, il faut retrouver le sentiment d’appartenance à la classe ouvrière, fière de ses propres réalisations et capacités. Nous sommes conscients que la classe ouvrière, unie et organisée, peut tout faire pour organiser un autre futur.

Ti wi  (Groupe libertaire Jules Durand- GLJD)