Vote = délégation de pouvoir et symbole de la répression de l’expression politique de la société
Les élections sont le symbole de régimes qui empêchent de fait la société de prendre ses propres décisions. Depuis des temps immémoriaux, les processus électoraux ont été un instrument par lequel les structures de pouvoir qui gouvernent la société ont créé le consensus correspondant qui a facilité « la coopération » entre gouvernants et gouvernés, et grâce auquel elles se sont dotées de leur légitimité si nécessaire. Les urnes ont été présentes d’une manière ou d’une autre, mais toujours pour maintenir la domination d’une minorité dirigeante sur le reste de la population.
Les référendums sont un autre exemple paradigmatique de l’utilisation des urnes pour confirmer la volonté des élites chargées de formuler la question et d’établir les réponses possibles. En ce sens, les élections sont aussi une autre manière de réprimer l’expression de la volonté de l’individu, et par extension de la société dans son ensemble. L’acte de voter consiste à déposer un bulletin dans une urne avec lequel l’électeur exprime son soutien à un certain parti politique, mais en aucun cas il ne sert à exprimer ce qu’il veut ou attend réellement de ladite organisation et de ses principaux dirigeants.
Dès lors, les processus électoraux, contrairement à ce qu’affirment les discours hégémoniques, fonctionnent du haut vers le bas, et non du bas vers le haut, dans la mesure où l’expression politique de l’individu est réprimée en la circonscrivant par des lois et des institutions à une série d’options préétablies, au point de le réduire à la condition de numéro statistique dans les résultats électoraux. Cela démontre que les urnes sont un mécanisme dont le but est d’imposer la volonté d’une minorité dirigeante à l’individu, et non d’exprimer l’opinion et le point de vue de la société, en plus d’avoir une conséquence délibérément déshumanisante en réduisant l’individu à la condition d’un nombre. En fait, aujourd’hui, nous voyons comment les processus électoraux sont un instrument par lequel les élites dirigeantes résolvent leurs conflits internes en transférant leurs problèmes à la population, et les impliquent ainsi dans ces luttes pour qu’elles prennent parti pour l’un des prétendants.
Après le processus électoral, les joutes électorales vont bon train. A l’Assemblée comme dans les médias. Mais, de plus en plus de gens ont pris conscience de cette mascarade. Les politiciens sont dorénavant considérés comme des bonimenteurs. Qu’on se souvienne par exemple des props de Macron en avril 2020 lors du premier confinement : « Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. » Il aurait pu ajouter que de mauvaises paies induisent de plus faibles cotisations, donc de plus faibles retraites et comme leur travail est pénible, ils ne vont pas au bout, jusqu’à 62 ans et partent souvent avec une décote. En ces temps de « réforme des retraites », les propos des politiciens ne manquent pas de sel. Mais les promesses n’engagent que ceux et celles qui y croient. Pourtant des personnalités avaient été missionnées à l’époque, toute récente, pour étudier la revalorisation de ces métiers de la deuxième ligne : manutentionnaires, ouvriers du BTP, aide à domicile, femmes de ménage… La mission Erhel-Moreau-Follenfant accoucha d’une souris et n’eut pas de suivi. D’autant que les maigres revalorisations ont vite été grignotées par l’inflation. Les travailleurs de la deuxième ligne sont deux fois plus nombreux à être en invalidité que les autres travailleurs de 50 à 64 ans. Cela est bien révélateur de la dureté de certains emplois. Les politiciens le savent, bien que bon nombre soient perchés, d’où leur cynisme. En attendant, la réforme des retraites prévoit un recul de l’âge de départ de deux années supplémentaires pour tous et toutes, y compris pour les travailleurs de la deuxième ligne. Tant qu’au personnel soignant, leurs conditions de travail malgré le Ségur de la santé se dégradent. La gestion technocratique met l’hôpital à l’os et les personnels en burn out. Moralité, ne jamais faire confiance aux politiciens qui sont prêts à trahir leur programme à la moindre occasion.
Le système électoral sert aussi à vérifier que la contradiction centrale qui régit la société est celle entre les gouvernants et les gouvernés, tandis que celle entre la droite/extrême droite/centre libéral et la gauche est celle qui domine les luttes partisanes au sein de l’élite dirigeante. Or, cette contradiction « droite/ extrême droite-gauche » qui régit le spectre politique des élites se transfère à l’ensemble de la société et, ainsi, commence à dominer l’arène du débat public, et avec elle à imprégner les conflits sociaux de la logique du pouvoir. Ainsi, le conflit entre gouvernants et gouvernés est réorienté, ordonné et gouverné grâce à sa canalisation par les élections, ce qui implique une réorganisation du débat politique autour de l’axe « gauche-droite/extrême droite », et cela tourne par conséquent autour des controverses internes de l’élite dirigeante. Grâce à cela, c’est ainsi que ce conflit entre gouvernants et gouvernés peut être canalisé vers les institutions pour créer un consensus et faciliter la coopération entre les classes : « on est tous dans la même galère ». Mais certains rament et galèrent plus que d’autres.
Ainsi, l’urne est le symbole de la répression de l’expression politique de la société, et avec elle le symbole de l’imposition mise en place par les élites pour forcer l’acceptation de leur volonté et de l’ordre établi avec ses lois et ses mécanismes de domination. Ils sont le symbole de l’esclavage salarié en réduisant la population à une masse amorphe de chiffres dans les statistiques, d’atomes dépourvus d’entité propre et convenablement manipulés, tant par l’appareil médiatique que par la dynamique électorale instaurée par la loi. Les urnes sont, en fin de compte, l’instrument par lequel un ordre politique dans lequel une minorité exerce le pouvoir est rendu acceptable et légitime, et les autres sont contraints de se conformer à ces décisions ainsi qu’aux structures qui les exécutent. De cette façon, les élections sont utilisées pour que la population obéisse à ce que dicte le pouvoir, et si les résultats ne conviennent pas, les élections sont répétées jusqu’à ce que le résultat souhaité soit obtenu, comme on l’a vu pour le référendum sur l’Europe. C’est ainsi que se construisent le consensus et la légitimité sur lesquels s’articule la coopération entre gouvernants et gouvernés, et qui fournit au système de domination la base sociale sur laquelle il s’appuie pour se perpétuer et étendre son pouvoir de façon illimitée.
Les sondages, eux, sont, en plus d’un outil de répression de l’expression de la volonté populaire, un instrument idéal pour empêcher la participation du petit peuple à la politique en étant relégué à la condition de simple spectateur de la compétition politique une fois le processus électoral terminé , ne pouvant intervenir dans les décisions fondamentales qui affectent leurs intérêts et leur avenir. La politique est ainsi transformée en une affaire de spécialistes professionnels, les politiciens, chargés de supplanter la population par de fausses promesses. À cet égard, l’urne sert à matérialiser en termes politiques la délégation de pouvoir sur laquelle repose le système parlementaire sous une façade de liberté apparente…Sans compter les manipulations d’organismes extérieurs qui pèsent sur les élections. En effet des sociétés spécialisées dans la manipulation de l’opinion et les fake news agissent dans l’ombre en utilisant des milliers de faux comptes sur les réseaux sociaux. Et ce n’est que la face émergée de l’iceberg. Le groupe « Team Jorge », basé en Israël, vient d’être épinglé à ce sujet par « Le Monde » et le collectif Forbidden Stories. Opérations d’influence, cyberespionnage, sociétés écrans, services illégaux…sont les ingrédients d’un bon polar mais malheureusement, elles interagissent pour nous manipuler en complément de la manipulation étatique.
Cependant, il ne faut pas négliger un fait fondamental qui n’est généralement pas pris en compte, et ce n’est autre que de constater que les politiciens sont des fonctionnaires. S’il est vrai qu’ils sont un type particulier de fonctionnaires dans la mesure où ce sont des élus, mais à part cela ce sont des fonctionnaires qui sont dus à la structure de pouvoir dont ils font partie, c’est-à-dire à l’État. Pour cette raison, les hommes politiques, loin de représenter la population, représentent l’État, qu’ils servent et dont ils font partie, en même temps qu’il les entretient financièrement en tant qu’employés. Ainsi, les hommes politiques sont soumis à leurs lois et institutions, et par conséquent aussi aux dynamiques de domination qui leur sont inhérentes. De ce fait, les hommes politiques n’interviennent pas dans le fonctionnement interne de l’Etat, Ils en font plutôt partie en leur qualité de fonctionnaires ; leur tâche principale étant la fonction de légitimation de cet appareil de pouvoir qui constitue l’État. De tout cela, on peut déduire que les décisions importantes sont prises par d’autres niveaux de pouvoir établi, et non par les politiciens. Il s’agit des hauts commandants militaires, des hauts fonctionnaires des ministères, du patronat, etc.
Cela dit, avant les élections, il est seulement possible d’adopter une position de rejet, de boycottage et de sabotage contre un processus dont le but est de maintenir le joug de l’État et de son élite dirigeante. L’urne n’est qu’un instrument avec lequel les gouvernants imposent leur volonté et contraignent le public, et pour cette raison même leur destin ne peut être que leur destruction avec le système de domination qu’ils soutiennent. Ils sont le symbole de la servitude en dépouillant les gens de leur dignité, et pour cette raison ils sont un symbole d’oppression car leur but est d’imposer l’obéissance de la société à une minorité dirigeante. Pour autant, l’auto-organisation par les assemblées, l’action directe et l’entraide sont les instruments dont dispose le peuple pour se libérer du joug qui l’étreint. L’abstention active est plus nécessaire que jamais. Agir au lieu d’élire car donner sa voix, c’est perdre la parole.
Le capitalisme n’est pas un système viable sans soubresauts récurrents, c’est pourquoi il doit pirater et voler ce que nous produisons collectivement. Et il peut le faire car il a des alliés qui collaborent de différentes manières dans cette configuration: les lois et les urnes. Les deux passent par des partis politiques.
Lois : Celles qui sont votées par les membres de l’actuel gouvernement et celle sur les retraites que Macron essaie de faire passer par tous les moyens. Avec son cortège de désinformation, là aussi.
Sondages : ceux qui prétendent que le peuple a intégré sa défaite dans sa lutte contre les 64 ans.
On dit : Lois, urnes, partis, unions de pouvoir,… Souvenez-vous de la trajectoire de ceux qui vous demandent votre vote. Si vous avez dans le programme, comme celui de Macron, la réforme des retraites, vous pouvez ne pas vous y conformer car l’agenda social est indépendant de l’agenda politicien.
La légitimité des politiciens qui s’empaillent à l’Assemblée nationale comme de vulgaires Hanouna sur un plateau télé ne tient pas aux yeux de ceux et celles qui descendent dans la rue de manière massive pour défendre leurs conquis.
Stéf et Pat (GLJD)